Les gens qu’on aime ne sont pas les brillants, les parfaits, les élégants.
Les gens qu’on aime sont proches ou loin, beaux ou moches, peu importe, riches ou pauvres, on s’en fout, super intelligents ou un peu moins, qu’à cela ne tienne.
Les gens qu’on aime sont vrais, sont là, ont du relief, des larmes au bord des yeux, des rires à pleines dents, des rides, de la cellulite, se plantent parfois allègrement, mais au fond quelle importance ?
Les gens qu’on aime nous blessent aussi, ça leur arrive, on leur pardonne, rapidement ou pas, on s’accroche à eux, on les console, on se dispute, on se retrouve, on se laisse un peu d’air, on ne tient pas de listes de « ratés » et autres erreurs qu’on leur rappellerait constamment.
Les gens qu’on aime ont des vies imparfaites, des slips à laver, des chagrins et des soucis et des émissions télé préférées qu’on peut trouver trop nulles.
Et nous les aimons avec tout cela, nous les aimons en vrai.
Et quand besoin est, nous les consolons, nous les aidons à se remettre debout, nous les encourageons.
Les gens qu’on aime nous laissent voir toutes leurs facettes, les lumières et les ombres.
Lorsqu’ils nous invitent à entrer « dans les coulisses » de ce qu’ils sont, nous accueillons avec respect tout ce qu’ils nous montrent d’eux.
Dans leur jardin parfois fouillis, nous célébrons les petites pousses nouvelles qui font surface, même s’il en a fallu du temps, même si les progrès sont minimes, même si le doute les entoure. Et ces petites pousses que nous voyons et nous célébrons tant chez les autres, sont souvent les pousses que nous dénigrons chez nous.
Toute cette humanité vulnérable que nous aimons chez l’autre…
…est si souvent la cible, chez nous, de nos froncements de sourcils et de nos reproches.
Et tout ce qui chez l’autre nous semble si peu grave qu’on l’accueille à bras grand ouverts, parce que ce sont les particularités des gens qu’on aime, devient chez nous la pierre sur laquelle on trébuche sans arrêt en se lamentant d’être si mal construits.
Et tous ces mots de consolation qui nous sont si faciles à offrir aux autres semblent à mille lieues de ce que nous oserions un jour nous dire à nous-mêmes.
Et tout cet amour que nous offrons généreusement,
en abondance, si tendrement, devient peau de chagrin lorsqu’il s’agit de nous… nous nous réservons la dureté et les remarques cinglantes.
Quelle injustice !
Et si…
Et si nous devenions enfin, pour nous-mêmes
Ces gens qu’on aime tant, qu’on encourage,
Qu’on accompagne avec tendresse,
Qu’on encourage à grandir,
Dont on n’arrache pas les petites, toutes petites pousses qui sortent enfin de terre,
Et si nous devenions enfin, pour nous-mêmes
Ces gens qu’on aime et qu’on respecte,
Dans leur parcours de vie, dans leurs détours et leurs particularités
À qui l’on donne une tape sur l’épaule en disant « purée, mais quel courage ! Regarde autour de toi, tout le beau que tu as créé ! ».
Quand deviendrons-nous enfin,
Les meilleurs amis de nos âmes, de nos recoins les plus cachés, de nos désirs les plus enfouis, de nos essais ratés, de nos plus belles réussites ?
Quand notre voix deviendra-t-elle enfin celle du meilleur ami dont nous avons tant besoin, qu’il nous paraît si facile d’être pour l’autre et si compliqué d’être pour nous ?
Quand deviendrons-nous enfin,
Un havre de paix au milieu de nos vies si souvent bousculées ?
Un lieu de repos pour nos corps et nos esprits fatigués,
Un jardin sauvage, verdoyant, où non seulement les abeilles et les insectes trouveraient tout ce dont ils ont besoin pour vaquer à leur tâche, si petite, mais si importante ?
Quand ?
Quand deviendras-tu enfin cette amie dont tu as tant besoin,
cette voix tendre qui console au lieu de faire pleuvoir les reproches sur ton âme débordée, fatiguée, qui rame tant bien que mal ?
Quand auras-tu le courage d’envoyer bouler tes « je devrais, oui, mais, je voulais… », ta liste de pensées automatiques qui n’ont besoin que d’un millième de seconde pour t’accabler des pires reproches et qui envahissent ton joli jardin de doutes, de peurs et de culpabilité ?
Quand enfin te lâcheras-tu un peu la grappe ? Tout comme tu le ferais avec tous ces gens que tu aimes.
Cette bienveillance aimante, tu en as autant besoin que les autres, et si tu sais le faire pour les autres, alors n’attends pas : ose-la pour toi aussi ! Tu verras, elle ne te tirera pas vers le bas, elle ne fera pas de toi une personne incompétente, faible, qui choisit les chemins les plus faciles. Car cette attitude de bienveillance aimante envers soi n’est ni facile ni confortable. C’est se choisir à long terme, c’est se donner ce dont on a tellement besoin, ce à quoi notre être le plus profond aspire. Une acceptation, un accueil, une célébration de ce que nous sommes et de ce que nous faisons :