Lectures d’automne : les conseils de l’équipe des Fabuleuses - Fabuleuses Au Foyer
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Lectures d’automne : les conseils de l’équipe des Fabuleuses

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La Rédaction 31 octobre 2022
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Les Choses humaines, Karine Tuil, Gallimard, 352 p., 21€

Conseil lecture de Anna Latron

Les Farel sont un couple de pouvoir. Lui est un journaliste politique de renom qui occupe le petit écran depuis trente ans. Elle, une intellectuelle connue pour ses prises de position féministes. Alors que leur couple se sépare, leur fils unique, étudiant brillant promis à une carrière toute tracée aux Etats-Unis, se retrouve accusé de viol. C’est toute leur image qui se trouve menacée par le scandale. Et voilà que les opinions de la mère, contredits par la réalité des faits reprochés à son fils, se voient fragilisées par son instinct de protection envers cet enfant qu’elle a pourtant si peu choyé.

On retrouve dans ce roman de Karine Tuil, lauréat du prix Goncourt des lycéens 2019, cette volonté de brasser l’esprit de l’époque, ce qui relève de la pensée commune, de l’air du temps, ici le consentement, la notion de “zone grise” mais aussi l’emballement médiatico-judiciaire à l’heure de la vague #MeToo. La façon dont l’auteure s’empare des sujets est passionnante, elle avance avec beaucoup de conviction et de talent. Sa parole sur les errements du féminisme, sur la dégradation du métier de journaliste, sur la confusion des esprits, la montée des communautarismes, m’a beaucoup intéressée. Un livre prenant qui fait aussi énormément réfléchir sur la puissance de nos convictions intimes face au scandale.

Toucher la terre ferme, Julia Kerninon, L’Iconoclaste, 87 p., 15€

Conseil lecture de Agathe Portail

Julia Kerninon a “rencontré son public” (comme on dit) avec la parution de Liv Maria en 2020, l’histoire d’une femme qui expérimente sa liberté à travers la fuite perpétuelle, même s’il lui faut pour cela laisser derrière elle mari et enfants. Le roman Toucher la terre ferme raconte l’envers de cette même pièce : l’étrange et douce aliénation qui nous saisit lorsque nous choisissons de devenir mère.

Julia Kerninon se raconte en utilisant le point de bascule de la naissance de son fils. L’avant, et l’après. Elle tente de relier ces deux parts d’elle-même dont aucune ne connaît l’autre. La mère et la femme. Ou plutôt, la femme d’avant et la femme d’après. Est-il encore permis d’investir le territoire de la première alors que la bascule a eu lieu ? Quels fils ténus lient la première et la seconde version, qu’est ce qui matérialise l’unité de la personne passée et de celle qui se construit dans la maternité ? Est-ce que tout ne tient qu’au coup de téléphone régulier d’un ancien amour ? Les amies de toujours occupent la position délicate et fragile de témoins, les seules à connaître les deux rives de ce grand fleuve qu’est la maternité, et que Julia Kerninon traverse dans son corps, dans son épuisement, dans ses incertitudes, jusqu’à toucher de nouveau “la terre ferme”. 

Je dois reconnaître que je n’avais jamais lu d’aussi juste description du vertige qui nous saisit une fois mère, lorsque la personne que nous avons été commence à nous être étrangère. Comment “faire un” avec soi-même ? Quelle étrange cohérence existe-t-il entre nous avant, et nous après ? Lire ici l’interview de Julia Kerninon pour les Fabuleuses.

Les pantoufles, Luc-Michel Fouassier, L’Arbre vengeur, 120 p., 13€

Conseil lecture de Myriam Oliviéro

Le titre est bien choisi pour ce roman paru en 2020 et qui a reçu de belles critiques du public. En effet, il y est question… d’une paire de pantoufles, du début à la fin ! C’est l’histoire d’un homme qui sort de chez lui pour aller travailler et qui s’aperçoit – trop tard – qu’il a laissé ses clés dans son appartement et gardé ses charentaises aux pieds. Tout le récit accompagne ce personnage durant les quelques jours où il décide de rester chaussé ainsi, suscitant toutes sortes de réactions sur son passage, allant de la simple surprise, à l’incrédulité, mais aussi l’admiration. Cette prise de position spontanée l’amène à vivre des situations qui le font sortir de son ordinaire et l’amènent à porter un regard neuf sur lui-même et sur ce qui fait sa vie. 

Aussi drôle et décalé que tendre et plein de finesse, ce livre se lit comme on déguste une friandise et le goût qui reste en bouche est celui, légèrement poivré et acidulé, d’une remise en question légère et bienvenue des codes de la vie en société. 

Et si on ajoutait dans nos quotidiens, parfois trop huilés et routiniers, une touche d’anticonformisme ? Et si on ajoutait à nos journées un brin d’originalité, sans remettre en cause nos essentiels ?

Chez les Fabuleuses, un des piliers, c’est la gratitude : ouvrir les yeux et réaliser que l’extraordinaire est déjà là, sous notre nez. Ça peut être des pantoufles, ou une collection de coquillages de ton enfant, ou un écureuil qui passe sous ta fenêtre, un matin. Des yeux pour voir, c’est tout ce qu’il nous faut, après tout.

Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin, Le Livre de poche, 672 pages, 9,20€

Conseil lecture de Margaux Leguern

Changer l’eau des fleurs fait partie de ces livres restés dans ma PAL — Pile à lire — pendant plus d’un an. Sûrement la faute à sa couverture et au sujet qui me semblaient peu prometteurs : l’histoire de Violette Toussaint, gare-cimetière dans un petit village de Bourgogne… D’ailleurs, c’est presque un comble quand on s’appelle “Toussaint”.

Eh bien, chères Fabuleuses, figurez-vous que j’ai eu bien tort de laisser cette pépite si longtemps dans son coin. Violette Toussaint — la fameuse garde-cimetière — m’a bouleversée, m’a fait rire autant que pleurer, m’a touchée. Comment une petite femme qui “ne paie pas de mine” peut avoir tant de choses à nous apprendre, tant de secrets à nous révéler, tant d’émotions à nous faire vivre et tant d’histoires à nous raconter ?

C’est la magie de la plume de Valérie Perrin qui nous embarque dans la petite maison de Violette qui sent bon le thé et qui est ouverte à tous ceux qui passent le portail du cimetière. Son métier insolite, loin d’être inspiré par un attrait pour le macabre, est un prétexte à la confidence autour d’un verre. Il lui permet de consoler les proches endeuillés qui défilent chaque semaine sur les tombes. Qu’est-ce que tous ces gens peuvent bien échanger avec cette petite dame si discrète ? Et qu’est-ce que son histoire de femme et de mère a à nous révéler ? Il est grand temps de découvrir Violette Toussaint et ses secrets…  



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