À chaque fois que j’écoute Meryl Streep chanter « Sleeping through my fingers », je verse ma petite larme. Elle y parle du temps qui file trop vite et qui emporte avec lui la fraîcheur de l’enfance.
Une fois qu’on a des enfants, le temps passe encore plus vite.
Non seulement parce que tout va à 100 km/h mais aussi parce qu’ils grandissent si vite et qu’à chacun de leurs progrès, je prends conscience du temps qui passe et de ce qui ne sera jamais plus…
Mère de deux et bientôt trois jeunes enfants, je croule souvent sous les piles de linge, la fatigue, je n’en peux plus des coups de gueule du soir parce que leur chambre est, une fois de plus, sans dessus-dessous – à croire que leur objectif est de jouer avec le plus de jouets possible en même temps. Quand je les laisse devant la porte de l’école, je me sens plus légère, enfin tranquille. Et en même temps… en même temps, je suis parfois triste.
Triste de voir ces journées passer si vite, triste de voir le peu de temps qu’on passe ensemble.
Le 16h-20h que je leur consacre chaque jour me semble parfois dérisoire et la journée se termine bien souvent avant que j’aie pu vraiment passer du temps avec eux. J’ai par moment conscience que ces années sont incroyables et que, malgré leur lot d’épuisement, elles portent aussi un fabuleux trésor. Mais le temps file toujours, impitoyable, et la liste des devoirs à faire, des activités, du linge à laver, sont autant de choses qui nous empêchent de vivre ensemble maintenant.
Le philosophe Blaise Pascal parle admirablement bien de ce paradoxe du temps :
le seul temps qui existe est le présent,
car le futur n’existe pas encore, et le passé n’existe plus.
Mais nous gaspillons ce précieux temps présent dans la planification ou l’attente ou encore dans le souvenir du passé. Autrement dit, nous ne vivons jamais au temps présent.
« Que chacun examine ses pensées, nous dit Pascal, il les trouvera toutes occupées au passé ou à l’avenir. Nous ne pensons presque pas au présent ».
Le problème, c’est qu’en ne vivant pas au temps présent, nous laissons filer notre vie.
« Ainsi, conclut Pascal, nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais »
Alors certes, je ne peux pas arrêter le temps. Mais si je n’apprends pas à vivre au présent, à cueillir la rose de chaque jour, alors ma vie passe sans que je l’aie vraiment vécue, toute occupée que j’étais à organiser, planifier…
Mais comment vivre ce temps présent ?
Un sourire à mes enfants, un câlin, tant qu’ils ne le refusent pas, une soirée passée à danser sur la musique mise à fond en mangeant des pop corn, des glissades avec eux sur le toboggan, une soirée à lire des livres ensemble…
À chacune de trouver comment saisir ce temps présent avant qu’il n’appartienne irrémédiablement au passé !