Moi au milieu d’une conversation musclée avec mon conjoint, tandis que les enfants s’arrachent littéralement les cheveux pour le choix du dessin animé :
“J’en peux plus de ces prises de tête.”
“La vie serait tellement plus simple si je n’avais que moi à gérer.”
“Si seulement je pouvais être SEULE.”
Moi en tournée de conférences ou bien quand mon fabuleux est en déplacement professionnel :
“Sans eux, c’est trop dur.”
“J’en peux plus de m’entendre penser.”
“Je me sens tellement SEULE.”
Un jour je donnerais tout pour aller Into the wild…
…le lendemain je suffoque à cause de cette solitude qui m’enserre.
“L’enfer c’est les autres”, dit Sartre, à quoi Soeur Emmanuelle répond : “Le paradis, c’est les autres.”
Les relations, d’autant plus avec nos proches, sont le cadre de nos plus grandes souffrances et de nos plus belles expériences. L’absence d’amour tue, sa présence est bien plus que notre oxygène. Les relations, c’est l’enfer et le paradis sur Terre.
Qu’est-ce qui nous rend vraiment heureux ?
L’étude scientifique la plus longue de l’histoire, démarrée en 1938 et rapportée 75 ans plus tard par son 4ème directeur, Robert Waldinger, montre que :
Le bonheur ne dépend ni de la richesse, ni de la célébrité, ni des accomplissements.
Cette étude fascinante a observé les évolutions de 724 hommes, tout au long de leur vie familiale et professionnelle. Parmi eux, certains ont réussi, d’autres non. Certains ont vécu des drames, d’autres des ascensions sociales, d’autres ont gagné et/ou perdu beaucoup d’argent. Mais sur 75 années d’étude, une seule constante s’est dégagée : le niveau de bonheur dépend de la qualité des relations.
Globalement, ceux qui ont des relations épanouissantes, qui se sentent bien dans leur vie de famille et entretiennent des amitiés durables sont plus heureux, en meilleure santé et vivent plus longtemps.
En revanche, ceux qui se sentent déconnectés de leurs proches et isolés sont moins heureux, en moins bonne santé et ils meurent plus jeunes.
À voir pour aller plus loin : le passionnant TedX de Robert Waldinger
“Le premier indicateur du potentiel de bonheur de quelqu’un est une relation proche et intime. Des instants de qualité avec ceux qu’on aime sont le carburant le plus durable qui soit” a résumé Florence Servan Schreiber à propos de cette étude.
Donc, les relations humaines de qualité, voilà ce qui rend heureux.
Et qu’est-ce qui rend vraiment malheureux ?
- les portes qui claquent,
- les gorges qui se serrent,
- les insultes qui fusent,
- les cris qui déchirent les coeurs et les tympans,
- les petites racines de colère qui deviennent des autoroutes d’amertume,
- les nausées à force de se sentir incompris(e) et pas respecté(e).
Bref, qu’est-ce qui rend vraiment malheureux ? Toutes ces expériences banales de notre vraie vie, une fois refermée la porte de nos foyers.
Dans Into the wild, Christopher McCandless choisit de fuir la souffrance engendrée par les relations familiales. Comme j’aimerais pouvoir le faire, chaque fois que les disputes sont trop lourdes, trop nombreuses, trop fréquentes, trop pesantes.
McCandless comprend trop tard que :
« Happiness is only real when shared »
(« Le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé »)
Le problème, c’est que nous, fabuleuses de la vraie vie, ce que nous partageons avec nos proches, c’est un peu de bonheur certes, mais c’est aussi notre cuvette de WC, le stress des factures à payer, la fatigue des nuits trop souvent interrompues, la frustration qui vient du manque de reconnaissance, ce sentiment de ne pas être compris(e) lorsque l’on ose être soi, la colère qui prend le dessus pour tout dévaster…
- Alors comment vivre ce bonheur dans les relations, quand la vraie vie et ses frustrations viennent sans arrêt jeter leurs ombres sur notre quotidien ?
- Quand communication rime avec noeud dans l’estomac, peut-on encore goûter à la joie d’aimer et d’être aimé(e) ?
- Certaines d’entre nous, au moment où elles me lisent, sont sclérosées par la déception, la peur, la maladie qui vient des relations lorsqu’elles sont vécues dans la douleur. Lorsque ça fait trop mal, on fait comment ?
- C’est vrai que parfois, l’enfer c’est les autres… Mais il faut bien avouer aussi que souvent, l’enfer c’est ces pensées qui tournent à l’intérieur de ma propre tête et dont j’aimerais bien m’échapper ! Comment je fais pour m’en libérer ?
- L’amour, n’est-ce pas justement l’ingrédient secret qui donne du sens à la souffrance ? Aimer à en dépasser la frustration, et tout à coup goûter à un instant de bonheur…
Et si tu veux plonger à fond dans la vague, en voyant dans cette situation inédite une magnifique occasion d’apprendre, de progresser, de grandir : sache que les portes du Village sont ouvertes, et que toutes les infos sont par là !