L’angoisse de la rentrée - Fabuleuses Au Foyer
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L’angoisse de la rentrée

fournitures scolaires
Une Fabuleuse Maman 29 août 2024
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Le soleil commençait à peine à nous réchauffer de ses tardifs rayons, les vacances en Dordogne étaient tout juste réservées (mais pas payées), les cartables pas encore remisés, que la rentrée s’invitait déjà dans les conversations, les porte-monnaie et les esprits (des mamans). Les groupes WhatsApp des activités des enfants dégueulaient de messages pour s’assurer que la grande rempilait pour l’athlétisme — oui, d’accord, mais combien de fois par semaine, quels jours à quelle heure et en compétition ou pas ? Et le cours de formation musicale pour la deuxième, quel créneau pour l’an prochain ? À quel moment de la semaine serait-il le moins pénible pour elle et pour nous ? Casse-tête. Suée. Vertige… 

L’angoisse de la rentrée, dès le début juillet, un peu comme l’euphorie de Noël qui débute en octobre (en moins fun, avouons-le).

Y’a plus d’saisons, chère Fabuleuse. Cela faisait déjà trois semaines que mon petit dernier répétait à l’envi qu’il ne voulait pas aller en grande section. Ça tombait drôlement bien, c’était en moyenne section qu’il passait et quelques jours avant la délivrance (entendez le début des vacances avec Maman) il est rentré heureux, impatient de me raconter qu’il avait fait la connaissance de sa future maîtresse et qu’il avait joué aux Lego © dans sa nouvelle classe. Chouette. Extra. 

Mais ce sera qui sa nouvelle maîtresse, d’ailleurs ? Non, je n’ai absolument aucune préférence, ce sont toutes des saintes à mes yeux, car le véritable cauchemar de la rentrée, ce sont ces vingt-cinq gamins qui refusent de descendre des bras de maman, qui tentent de s’échapper de la cour de récré pour rattraper papa, qui vrillent les tympans de leurs institutrices et essuient leur nez dégoulinant de chagrin sur leurs épaules, après qu’elles ont intimé aux parents-chewing-gum l’ordre de déserter le tarmac et de laisser leur progéniture se calmer. 

Pour une maman, ce moment-là fait partie des vrais écueils du début d’année.

Réussir à poser l’enfant hurlant, tourner les talons (hauts ou non), traverser la cour en trottinant, pour disparaître le plus vite possible du champ de vision de l’enfant (qui, vu le volume sonore qu’atteignent ses pleurs ne doit plus voir grand-chose) et s’enfermer dans la voiture. J’ai beau avoir vécu cela plusieurs fois, savoir pertinemment que la crise s’estompe assez rapidement et que la journée se passe ensuite sans trop de heurts, cet instant où j’ai la sensation d’abandonner mon enfant en pleine détresse me remplit d’un désarroi et d’une culpabilité immenses. Jusqu’au moment où, avant d’atteindre la portière de ma voiture, je croise une ou deux copines aussi perturbées que moi, et que l’on réunisse notre désespoir autour du traditionnel café de rentrée proposé par l’établissement. On ne va pas faire les fines bouches, on préférerait toutes débriefer nos vacances et combattre nos angoisses à grandes lampées de mojito en terrasse, mais un peu de caféine dans le réfectoire cafard fera l’affaire. Faute de grives…

Pour les aînées, la question du maître ou des professeurs ne revêt plus cette importance capitale.

Au matin de la rentrée, leur unique préoccupation est de s’assurer qu’elles retrouvent les meilleurs copains et copines. Et je croise les doigts pour que leur vœu soit exaucé parce que je répugne d’avance à entendre leurs lamentations au soir de la rentrée, des trémolos dans la voix, pointant la dureté et l’injustice de leur petit monde. Je sais déjà que ma grande me demandera si je peux passer un coup de fil (ou plutôt si je peux harceler le proviseur) pour obtenir un changement de classe. Bah oui, bien sûr ma chérie… Moi, la prof, je vais être la connasse qui se joue des règles et use de passe-droits pour te maintenir dans l’illusion que la vie c’est du velours et que c’est toujours tout droit… Je serai Madame L, la mère de famille chiante et un chouïa culottée qui les aura brisées menu-menu aux responsables, et cela pour zéro résultat. On oublie l’idée, je préfère endurer tout le premier trimestre les reproches muets de ma fille quant à mon ignoble indifférence. Chaque soir, à la question « Alors, cette journée ? », j’obtiendrai la même réponse lourde de rancœur : « Bah, ça va. Mais j’aurais voulu être dans la classe de M. et de R. ». Oui, eh bien moi j’aurais voulu pouvoir mettre un maillot deux pièces cet été, mais mes abdos chamallow ont fait capoter le projet. C’est ça, la vie ! 

L’angoisse de la rentrée, c’est aussi cette liasse administrative indigeste à remplir, année après année.

La fiche de renseignements médicaux (évidemment que vous pouvez transférer mon enfant à l’hôpital en cas de besoin et me prévenir !), la fiche de cantine, l’autorisation parentale pour les sorties scolaires, la fiche de droit à l’image (tous les ans, la même hésitation coupable, je laisse l’école afficher mes enfants sur les réseaux ou pas ? Oui, ils sont beaux. Non, parce que moi-même je ne publie jamais rien qui les concerne. J’ai coché quoi l’an dernier déjà ? Mon chéri, je mets quoi ? Ce que je veux ? Merci !), la fiche d’autorisation d’absence, la fiche de renseignements bancaire pour les prélèvements (c’est dingue, je la remplis TOUS les ans depuis 8 ans), la convention scolaire entre l’établissement et nous (peut-être la lirai-je cette année, si ça se trouve c’est comme les contrats d’assurance, avec plein de surprises désagréables dans les petites lignes que mes yeux presbytes peinent à lire), la fiche d’information familiale (mariés oui, on a encore évité le divorce cette année, je n’en suis pas peu fière).

Et ayant le privilège d’être mère de famille nombreuse — trois enfants, nous avons participé au réarmement démographique de la France haha — je me coltine trois fois le chantier.

Quand les enfants déposent les dossiers sur la table le soir de la rentrée, j’ai l’impression d’être Usain Bolt sur la ligne de départ. Je me mets une pression de malade pour les remplir le plus vite possible, tout en écrivant lisiblement. Et quand je repose le stylo, victorieuse, sur le plan de travail, je suis envahie d’un sentiment d’autosatisfaction assez flippant. Je pense avoir amélioré ma performance de l’an dernier. Clap, clap, clap. La foule en délire (moi toute seule, en vrai). Moins de vingt minutes montre en main, dossiers remis dans les cartables respectifs. Je ne sais pas comment il est décemment possible d’avoir transformé cette corvée réglementaire répétée en épreuve olympique. En tout cas j’ai gagné et c’est trop bon. Chaque début septembre, je m’en prends sournoisement à mon Fabuleux qui refuse la mission au motif qu’il écrit trop mal pour être relu (« Imagine, ma chérie, si en cas d’urgence ils sont incapables de déchiffrer le nom et le numéro de la personne à joindre… Non, vraiment ! Tu le sais que c’est mieux que ce soit toi qui t’y colles »), je l’accuse de mauvaise foi et m’attelle avec une mauvaise humeur — aussi ostentatoire que feinte — à la tâche. Mauvaise foi, ai-je dit ?

L’angoisse de la rentrée, finalement, elle s’évapore bien vite quand le tourbillon du quotidien reprend ses droits après la pause estivale.

Je n’ai pas le temps d’être angoissée. Comme beaucoup de Fabuleuses — et de Fabuleux, of course — je suis dans le faire. Venir à bout de la liste de fournitures, faire recoudre les bretelles du sac à dos — dire que ma fille pensait pouvoir en choisir un nouveau —, prendre rendez-vous chez le médecin pour les certificats médicaux, payer les inscriptions aux activités — c’est-à-dire vider le chéquier et renoncer à consulter le solde de mon compte bancaire le dix du mois de septembre, il est à peine commencé que, financièrement parlant, il est plié —, caser des rendez-vous chez le coiffeur pour toute la fratrie, céder sur quelques achats mode pour mes filles (merci les sites de seconde main). 

Je sais qu’il y aura des prises de bec avec mon Fabuleux parce que je serai évidemment la variable d’ajustement de la logistique familiale.

« Maman va faire. Demande à maman. C’est maman qui s’occupe de ça ! ». Lorsque l’on se pose tous les deux fin août, bronzés et reposés, pour définir les grandes lignes de l’organisation, j’ai vraiment envie qu’il comprenne que je souhaite alléger ma charge mentale, qu’il cesse d’être dans le déni sur le sujet et qu’il contribue davantage à la routine quotidienne. Très vite, dans la discussion, ressortent les mêmes cartes que dans la précédente partie. Je travaille à trois minutes de la maison, lui à soixante kilomètres. Je peux aller et venir dans la journée, récupérer les enfants assez tôt et assurer le goûter et les devoirs (que de moments de joie et de sérénité partagés avec les enfants, autour de la conjugaison des verbes du 3groupe et des divisions à deux chiffres, de la complicité en veux-tu, en voilà… Quelle veinarde je fais !), puis plier vingt kilos de linge et le ranger. 

Mon Fabuleux adorerait m’aider, s’excuse-t-il en brandissant, tel un drapeau blanc, le dépliant SNCF des horaires de TER dont il dépend pour ses trajets.

Oscar du meilleur acteur 2025 : ne cherchez plus, c’est pour lui. À ce moment-là, alors que je tente de discuter, de communiquer, de trouver une oreille attentive et réceptive pour construire une nouvelle année sereine pour nous cinq, j’ai soudainement très envie de lui péter les rotules. Et puis, je me souviens que chaque année, on s’en sort. Qu’on ne respecte pas forcément la feuille de route qu’on avait établie, mais que chacun participe quand il le peut à notre logistique familiale. Oui, je suis sans doute un peu plus sollicitée dans la gestion du quotidien et l’accompagnement de nos enfants. C’est notre équilibre et ça fonctionne, malgré les angoisses qui me viennent lorsque vient le moment de tout anticiper. Heureusement, il reste quelques jours de vacances avant la reprise ! 

Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Emilie Pêcheur.



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Cet article a été écrit par :
Une Fabuleuse Maman

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