La tentation du bikini body - Fabuleuses Au Foyer
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La tentation du bikini body

femme qui se regarde devant un miroir
Myriam Oliviéro 7 juin 2023
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À la naissance, nul individu n’est en proie à des complexes sur son apparence physique…

Cela paraît même stupide d’imaginer cela, n’est-ce pas ? 

Alors, qu’est-ce qui peut expliquer qu’une petite fille qui grandit commence à avoir un regard chargé de honte et de rejet vis-à-vis de son propre corps ? Je ne parle même pas de celles qui subissent de la maltraitance ou des abus.

Amélia et Emily Nagosky, auteures du best seller Pourquoi les femmes font des burn-out ? relient ce revirement à ce qu’elles nomment le « syndrome du don de soi », qui poussent les petites filles à devenir celles qui donnent, qui sont sages, souriantes, généreuses, attentives aux besoins des autres. Ce syndrome met la barre toujours plus haut — donner, donner, donner, et ne surtout pas broncher — et crée, de ce fait…

…un sentiment de n’être jamais « assez ». 

À sa naissance, la petite fille se sent belle, parce qu’elle l’est ! La vérité que le syndrome du don de soi vient cacher, d’après les sœurs Nagosky, c’est que rien n’a changé : cette petite fille, devenue adulte, est toujours belle… sauf qu’elle n’y croit plus.

Est-ce que cela résonne en toi, chère Fabuleuse ?

Les chiffres sont affolants : à 6 ans, près de la moitié des petites filles s’inquiètent d’être trop « grosses ». À l’âge de 11 ans, elles sont deux tiers, et presque toutes les adolescentes adoptent un comportement de contrôle de leur poids. Le problème que cela sous-tend est que les femmes entretiennent un rapport avec leur corps presque exclusivement fondé sur l’apparence.

I have a dream… Et si ce sentiment ressenti le jour de notre naissance — d’être belle et parfaite telle que nous sommes — demeurait tout au long de l’enfance, de l’adolescence et de la vie entière ?

Et si nous n’étions pas conditionnées à rechercher telle forme, telle taille, telle image ?

Et si nous nous trouvions juste comme il faut avec nos formes rondes ou anguleuses, et nos nuances infinies ? Et si les changements que vit notre corps — avec la maternité, l’âge, la maladie… — étaient accueillis avec tendresse et gratitude ? Et si, ce qui comptait, c’était davantage l’écoute des besoins de notre corps plutôt que des normes absolument étrangères à ce qu’il est ?

Les sœurs Nagoski nomment cela le « complexe industriel du bikini » : nous devrions nous conformer à un idéal de beauté, en réalité inaccessible. Toutes sortes de médias nous vendent de la minceur — même si, soit dit en passant, à la base, tout ce que nous voulions voir, c’était la météo.

La croyance, qui est développée derrière tout cela, est qu’être mince est plus beau, plus sain et plus vertueux.

Malheureusement, il n’y a pas que les médias qui participent de cette pression constante infligée en particulier aux femmes. Les cours de biologie donnés à l’école, les acteurs de santé, les institutions, les industries qui ont quelque chose à y gagner contribuent à véhiculer cet idéal de beauté qui amène des femmes, et des jeunes filles, à risquer leur santé pour l’atteindre. Nous en arrivons à ce qui peut nous paraître absurde, dès lors qu’on prend ne serait-ce qu’un peu de recul, en ce que « nous fondons sur l’apparence le seul rapport que nous entretenons avec notre corps ».

Et là, c’est le moment d’envoyer un beau petit pavé dans la mare : toujours d’après les recherches d’Emily et Amelia Nagosky, être en surpoids serait moins à risque pour la santé que de se trouver dans la fourchette basse du poids « normal » tel que défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En effet, il n’existe pas d’étude scientifique convaincante permettant d’affirmer que l’on vit plus longtemps en ayant appliqué des méthodes de perte de poids. 

En résumé, il vaudrait mieux avoir un poids élevé mais stable, que de voir son poids faire le yoyo.

Étonnant, non ? Si, en lisant ceci, tu plisses les yeux de scepticisme, sache que j’ai eu cette réaction moi aussi en lisant le livre. Mais, si tu veux bien, attends la suite pour te faire une opinion plus complète.

Pour dire les choses de manière moins déstabilisante, considérons que le poids et la santé sont deux choses bien distinctes, même si certains liens peuvent être faits. Nous ne pouvons que reconnaître que la forme et la taille des corps présentent de nombreuses variations naturelles, y compris chez les athlètes de très haut niveau. Il s’agit de regarder au-delà de ce que la balance et l’apparence peuvent indiquer. En effet, la bonne santé ou la maladie ne se voient pas au premier coup d’œil…

Une question intéressante à se poser est :

au lieu de consacrer du temps et de l’argent à tenter de devenir un « canon », que pourrions-nous accomplir qui nous apporterait de la satisfaction et du bonheur ? Nous concentrer, plus que de raison, sur nos choix alimentaires, vestimentaires, le maquillage, la pilosité, le sport, les « toxines » à « éliminer », nous éloigne de domaines de notre vie qui mériteraient davantage d’attention. Paradoxalement, l’idéal de minceur peut nous rendre malades…

Nous pouvons nous épuiser émotionnellement et physiquement, et même pas sur des choses essentielles. 

Pourtant, même si nous pouvons adhérer à tous ces arguments avancés par les sœurs Nagosky, nous conservons en nous-mêmes une sorte d’ambivalence : nous aimerions nous accepter telles que nous sommes, et certaines d’entre nous cheminent dans ce sens, mais le désir d’être mince demeure… Les préjugés autour de l’apparence physique ont la vie dure, et maintiennent vivaces toutes sortes de discriminations, comme si être gros était synonyme de faiblesse. Et personne ne veut être considéré comme faible. On préfère alors être mince, « normal », pour être traité comme une personne « normale ». Cela vaut d’ailleurs pour toutes sortes d’autres préjugés très présents dans notre société.

Pour autant, la minceur ne protège pas des effets nocifs produits par les préjugés, puisque les personnes minces sont, elles aussi, confrontées au stress provoqué par ces normes : on n’est jamais assez tonique, sculptée, « en forme ».

Si on prend un peu de recul historique, on se rend compte que l’idéal de la minceur est apparu relativement récemment, avec l’essor de la classe moyenne au XIXe siècle. Pour un homme, avoir une femme trop faible pour travailler, délicate, fragile, qu’il se devait de protéger, était considéré comme un signe extérieur de richesse.

Pas très valorisant pour les femmes, tout ça…

Et pourtant, nous le savons bien, nous, les femmes : nous sommes fortes, robustes, capables de concevoir, de porter, de mettre au monde, d’élever des enfants tout en étant en bonne santé. Nous sommes bien plus que ce que certaines idées, croyances, clichés voudraient nous faire admettre. Nous fonçons parfois droit dans le mur de l’épuisement, à force de ne pas poser des limites à ce que nous donnons, et cela peut entretenir en nous le sentiment d’être faibles, ou insuffisantes. Mais la réalité, c’est que notre potentiel est grand, et que nous pouvons le développer et en éprouver de la joie et de la satisfaction tout au long de notre vie.

Et si nous nous accueillions telles que nous sommes : belles, courageuses, extraordinaires ?

Ne serait-ce pas fabuleux ?



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Cet article a été écrit par :
Myriam Oliviéro

Infirmière de formation et diplômée en médecine tropicale, Myriam s’est orientée vers l’action médico-sociale auprès des publics démunis. Après un séjour de 2 ans en Afrique de l’Ouest, elle s’est investie en France dans différentes associations.

Mariée à un Fabuleux infirmier et pianiste avec qui elle a 2 garçons, elle a rejoint cette année l’équipe des Fabuleuses en tant qu’assistante de rédaction.

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