La tempête des fêtes de fin d'année - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

La tempête des fêtes de fin d’année

Aurore Bevilacqua 17 décembre 2024
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Pour moi, les fêtes de fin d’année, et particulièrement la fête de Noël, sont les plus importantes de l’année, loin devant les anniversaires (même celui de ma fille) ou toute autre fête traditionnelle. Je me souviens encore des Noëls de mon enfance : de la liste au père Noël aux repas de famille qui n’en finissaient pas, je ressens encore l’adrénaline qui me traversait alors.

Il fallait que tout soit parfait :

le sapin, la traditionnelle crèche provençale, le menu élaboré entre filles longtemps à l’avance, les plats mitonnés avec amour (avec des disputes aussi parfois, parce que ma grande sœur trouvait que je n’étais pas assez minutieuse ou parce que ma mère n’arrivait pas à tourner le chapon, bien trop gros et trop lourd et que ça l’angoissait, alors qu’il était délicieux chaque année), les mignardises qu’on me laissait petit à petit préparer seule, parce que je gagnais en autonomie, les oreillettes que j’allais faire chez ma Mamé parce que j’avais la patience de les étaler bien fines comme elle voulait…

Puis le temps a passé et je n’ai plus envoyé ma liste,

j’ai élaboré les menus toute seule (ou bien c’est ma sœur qui l’a fait), ma grand-mère nous a quittés… Pourtant, la magie de Noël, elle, est restée intacte. Le père Noël, moi, j’y crois encore, parce que je le vois dans les yeux de ma fille. Néanmoins, aujourd’hui, les traditions chères à mon cœur, c’est moi qui dois les porter, les incarner. Les oreillettes, il faut les faire moi-même (ou avec ma mère), mais auront-elles le même goût ? Les plats familiaux, nous les préparons chacune chez nous, seules, parce que le monde va trop vite et que le travail nous empêche de nous retrouver en amont pour tout préparer.

Pire que tout pour moi :

ces traditions chères à mon cœur et qui m’émeuvent tant, je dois désormais accepter qu’elles se mêlent à celles de mon conjoint et de sa famille.

Moi qui anticipe toujours tout (pas seulement pour Noël, je le reconnais), qui ne laisse rien au hasard (le père Noël pourrait-il se le permettre ?), qui veux transmettre les valeurs de ma famille, je dois accepter de lâcher prise et, au moins une fois tous les trois ans, que tout dépende d’une famille dont je n’ai pas les codes, pas l’histoire.

Voyez-vous venir le désastre ?

Chaque année j’anticipe, je peaufine les détails des mois à l’avance, je me mets une pression indescriptible, je fête Noël avant l’heure en pensée. C’est peut-être le propre des natures angoissées, certes, mais c’est aussi un vrai plaisir pour moi ! Mon Fabuleux, lui, ne comprend pas et les disputes éclatent. Peu importe la raison, le moindre détail peut faire naître les pires orages parce que,

justement, pour moi RIEN n’est un détail, quand, pour lui, tout en est un.

Chaque année, on se dit qu’on a compris la leçon et que, cette fois, on ne se disputera pas pour les fêtes de fin d’année, et chaque année c’est la même chose : j’angoisse donc j’anticipe, je nous mets une pression de dingue, il ne comprend pas, prend les choses à la légère, ne voit pas où est le problème et ça finit par des disputes.

Si vous ajoutez à cela qu’une année sur trois je ne maîtrise absolument rien puisque nous nous rendons dans sa famille, vous imaginez un peu l’état de mon couple en automne !

Parce que je ne peux rien maîtriser, je m’accroche à des détails encore plus anodins

(les seuls sur lesquels mon avis peut alors encore compter) : ira-t-on en train ou en voiture, partirons-nous le vendredi soir ou le samedi matin, préparera-t-on les paquets avant le départ ou dans ma belle-famille, etc. ? Il trouve que je me « prends la tête pour rien » et que je fais tout pour créer des disputes. Je me dis parfois qu’il n’a pas tout à fait tort. Inconsciemment, je lui fais peut-être payer le désarroi que je ressens face à ce lâcher-prise obligatoire.

Quand j’organise, j’angoisse et j’anticipe. Quand je n’organise pas, je dois renoncer à mon Noël rêvé et me laisser porter par autrui :

c’est absolument insupportable pour moi. En quoi est-il coupable ? En rien, mais il est là et il est le seul qui peut m’entendre ! 

Je crois, après des années d’expérience, qu’il ne comprendra jamais, peut-être parce que je ne comprends pas non plus ce que Noël représente à ses yeux. Je pense donc que, chaque année en automne, mon couple connaîtra des perturbations (notez l’euphémisme). Ces orages sont le reflet de la tempête sous nos crânes et de l’amour et de l’émotion que nous investissons dans notre famille (la famille microcellulaire et la macrocellulaire). Je me demande si, au fond, cela ne renforce pas notre couple. Alors cette année, j’ai décidé d’accepter les disputes (elles ont commencé début octobre ) et de les laisser gronder entre nous, parce qu’elles révèlent en fait un déferlement d’amour mal géré et mal exprimé, mais tellement grand !



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Cet article a été écrit par :
Aurore Bevilacqua

Aurore Bevilacqua a étudié les lettres modernes en classes préparatoires littéraires puis à l'université et est devenue enseignante. Elle n'a cependant jamais renoncé à ses premières amours : la lecture et l'écriture.
Elle essaie aujourd'hui de concilier tout cela avec sa vie de famille et de partager ses passions avec sa fille. La maternité a bouleversé sa vie et elle espère que ses textes pourront aider d'autres mamans à s’épanouir pleinement ou, à défaut, les feront se sentir moins seules.

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