La rentrée, ce parpaing - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

La rentrée, ce parpaing

femme de dos qui regarde des post-its
Agathe Portail 30 août 2023
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Chère Fabuleuse, 

Je vais te raconter un truc bizarre qui m’est arrivé l’an dernier. Nous sommes revenus de notre tour de France familial le 28 août, hyper heureux de retrouver notre maison, notre chat, les enfants se sont rués dans leur chambre et ont embrassé leurs peluches comme du bon pain. La joie du retour au bercail. Pour moi, la joie était légèrement ternie par la perspective de devoir défaire les bagages, ranger les valises, et surtout, surtout… préparer la RENTRÉE ! 

Je sais que parmi vous, il y a les fanas de la rentrée.

L’odeur des crayons neufs, le cartable rutilant, la nouvelle tenue achetée spécialement pour le D-Day, tout ça… Nous ne nous situons pas du même côté de la barrière. Pour moi, la rentrée a toujours été synonyme de gros cafard. Bref, la rentrée de mes enfants ne bénéficie pas de ce capital sympathie qui aide sans doute nombre d’entre nous à affronter ce démarrage dans les meilleures conditions. 

En cette rentrée 2022, j’avais pourtant pas mal préparé mon coup :

fournitures scolaires faites en juillet et stockées au sous-sol dans de gros cabas de courses, idée plutôt précise de ce que j’étais prête à encaisser en termes d’activités extrascolaires… Mais. Mon corps s’est mis à parler tout seul, et ce qu’il me disait, ce n’était pas « Waouh ma poule, tu as tellement bien anticipé ! ». Non, il s’est mis à parler en m’infligeant des douleurs articulaires telles que je n’ai pas pu dormir pendant trois nuits. Je n’étais plus qu’une crampe douloureuse, incapable de trouver une position qui me soulage. Au bout d’un long moment, alors que mon Fabuleux dormait du sommeil du mec qui revient de vacances et qui est hyper relax, j’ai décidé d’arrêter de chercher une position confortable. Je suis restée les bras le long du corps à fixer le plafond en attendant que la nuit passe. 

Le lendemain matin, j’étais défoncée à un point que tu peux imaginer et je me suis précipitée sur Google : « douleurs généralisées », « douleur dans tout le corps ». Celles qui en souffrent vraiment vont sans doute hausser un sourcil, mais j’ai vraiment cru que j’étais atteinte de fibromyalgie. Le médecin m’a prescrit un anti-inflammatoire spécifique en me disant : « Si ça ne vous soulage pas du tout, c’est que c’est psychosomatique. Vous angoissez au sujet de quelque chose ? »

Eh bien, crois-le ou non, j’avais tellement bien enfoui mon angoisse d’affronter la rentrée que j’ai répondu : « non, je ne crois pas ». 

Bilan des courses : trois nuits presque blanches, une fatigue qui pesait le poids d’un mammouth sur mes épaules, et ce mystère qui demeurait : de quoi pouvais-je bien angoisser ?

Avec le recul, oh, je peux esquisser deux ou trois pistes, comme celle qui consistait à devoir caser chaque semaine, cette année (en plus du boulot, de l’écriture et de la promo de mes bouquins) : deux rendez-vous d’orthophoniste, un d’orthoptiste, deux bilans ophtalmo avec fond de l’œil, etc., un suivi chez le kiné, deux cours de tennis à des horaires différents, un de théâtre, un de gym, le tout dans un rayon de 20 km (les joies de la campagne), me menant à passer presque 5 heures sur les routes avec ma dernière fille (kiffe ton mercredi ma chérie) chaque mercredi. Pas très fabuleux de faire sa victime comme ça, je sais ! Attends la suite, la prise de conscience salutaire ne va pas tarder. 

Ce qui m’a débloquée d’un seul coup, c’est cette phrase de mon Fabuleux :

– Tu vois tout en un seul énorme bloc, comme si tout était à faire en même temps, c’est normal que ça t’écrase ! La rentrée n’est pas un parpaing, c’est une suite de choses à traiter les unes après les autres. Tu vas y arriver, et moi je vais m’arranger pour gérer les retours du tennis le soir. Petit pas après petit pas. 

Ce mammouth de la rentrée, j’allais réussir à le manger, oui, mais à la petite cuillère, bouchée après bouchée.

Pareil pour mon mercredi, j’allais créer cette routine ultra régulière qui me permettrait de tout imbriquer, le théâtre de l’un pendant l’orthophoniste de l’autre. 

Résultat, un an plus tard ? 

  • Le suivi orthoptiste a pris onze semaines. Sur le coup ça semblait long et finalement ça n’a duré qu’une petite partie de l’année. 
  • Pareil pour la rééducation de kiné.
  • Les bilans ophtalmo, je m’aperçois aujourd’hui que rien ne m’obligeait à ce point à les caser en début d’année. On se calme, on digère et on en reparle en novembre !
  • La gym a sauté bien souvent, pour plein de raisons, et c’est comme ça. No drama !
  • La prof de théâtre ramène mon fils chez elle en attendant que je traverse le canton pour venir le chercher après la séance d’orthophoniste.
  • Pendant toute l’heure d’orthophoniste, ma petite dernière et moi nous avons raconté des histoires dans la voiture quand il pleuvait. Maintenant qu’il fait beau, nous nous promenons entre les pâtés de maisons et on adore admirer les jardins des gens. 
  • On a trouvé une solution de covoiturage pour le tennis.

Chère Fabuleuse, si tu as l’impression que la rentrée est un monstre qui va te dévorer,

ou qu’elle est un énorme rocher qui va t’écraser, ne te laisse pas monter le bourrichon par ce qui, en toi, veut te faire croire qu’il faut tout faire, tout de suite. L’année compte 12 mois, tu as le droit d’étaler la charge selon tes ressources. Personne, je dis bien personne, n’a jamais décrété que les parents (et notamment les mères de famille) étaient censés mettre l’année sur les rails entre le 1er et le 15 septembre. 

Alors, respire un bon coup et crois-moi : tout n’est pas indispensable.

Ce qui est indispensable, tu vas le gérer. Ce qui est de l’ordre des finitions, ça va se faire d’ici fin décembre. Ce qui était en trop, tu as le droit de revenir dessus et d’annoncer que ça ne sera finalement pas possible, d’être dans les gradins tous les dimanches pour que ton fils tienne sa position dans l’équipe d’Aquaponey. Le prof fronce les sourcils en te faisant remarquer que tu as pris un engagement et que d’autres enfants auraient aimé pouvoir s’inscrire à la place de ton fils ? Réponse : c’est ça, ou je coule à pic et toute ma barque avec. Rappelez les enfants qui étaient sur liste d’attente et détendez-vous, on est en octobre, il n’y a pas mort d’homme.

Allez, salut ! Je m’en vais cueillir des mûres avec les enfants, le dossier « carte de cantine » attendra un peu. 



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Cet article a été écrit par :
Agathe Portail

Maman de 4 enfants (très) rapprochés et girondine d’adoption, Agathe Portail écrit des romans adultes édités chez Actes Sud, Calmann Levy et J'ai lu, mais aussi des romans historico-fantastiques édités par Emmanuel Jeunesse.

https://www.fnac.com/ia9173370/Agathe-Portail

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