La maman poule, le niveau expert de la maman ?
J’ai longtemps pensé que « maman-poule » était un titre de noblesse en même temps qu’un véritable sacerdoce et je m’y suis consacrée avec énergie. Je voulais être reconnue pour ma capacité à couver, à protéger, à offrir un cocon de douceur et de sécurité. Être une maman dédiée à 100 % à ses enfants. Mais, au fil du temps, j’ai fini par me demander si ces plumes protectrices ne devenaient pas un peu… étouffantes.
La maman poule est une figure rassurante, elle est celle qui prépare des petits plats réconfortants, celle qui s’assure que le cartable est bien prêt, celle qui surveille les moindres bobos et répare les chagrins. Me voilà, avec mon cœur débordant d’amour, à vouloir entourer mon enfant d’un manteau protecteur. C’est normal, c’est humain. Mais la ligne entre protéger et surprotéger est fine. À trop couver, n’allais-je pas empêcher mes petits poussins de déployer leurs ailes ? Risquais-je de devenir, bien involontairement, leur geôlière ?
Un nid douillet… Trop douillet ?
Je suis une maman poule, une vraie, depuis le premier jour ! Et peu à peu, j’y ai perdu quelques plumes. Je m’en suis aperçu le jour où nous avons fait appel à une babysitter, lorsque mon fils avait 3 ans. Chaque fois que je devais lui confier mon fils, il pleurait. La séparation était très difficile pour lui. Je me sentais déchirée, impuissante devant ses larmes. C’était comme si mon cœur se brisait à chaque fois. Mon pauvre petit poussin, c’était si difficile pour lui. Pour lui… ou pour moi ?
Décontenancée par ces situations que j’évitais au maximum pour protéger mon petit (adieu soirées en amoureux ou entre amis), j’ai consulté un microkinésithérapeute. Objectif : comprendre d’où venait son angoisse de la séparation. Après seulement deux séances, ce professionnel m’a fait comprendre quelque chose de fondamental : l’angoisse de la séparation ne venait pas de mon fils, mais bien de moi. C’était moi qui, inconsciemment, transmettais mes peurs et mes angoisses à mon enfant. Ma peur de le quitter. Ces mots posés sur la situation ont été un véritable déclic pour tous les deux.
Mon fils, ayant entendu cette explication, a ressenti ce changement en moi. Du jour au lendemain, il a accepté sans souci qu’une babysitter le garde. Ses pleurs ont cessé et les séparations sont devenues beaucoup plus sereines. Cette expérience m’a ouvert les yeux : à trop couver, à trop vouloir (me) protéger, je créais en réalité un climat d’insécurité.
Les ailes de l’indépendance
Dorénavant, je m’efforce de faire confiance à mon fils, de lui laisser de l’autonomie et de ne plus (trop) l’envahir avec mes émotions. Je ne dis pas que j’y arrive à chaque fois, mais je sais qu’en le couvant trop, j’ai parfois privé mon enfant de cette chance de grandir par lui-même. Il faut parfois accepter que nos poussins se frottent aux cailloux du chemin. Chaque éraflure, chaque échec est une leçon précieuse, une étape nécessaire vers l’indépendance. Dans le même temps, je me donne la permission de respirer, de vivre mes propres expériences, d’être parfois un peu égoïste. Parce qu’il paraît que quand maman va, tout va.
Les bénéfices du lâcher-prise
Mon nouveau mantra depuis cette prise de conscience est : « lâcher prise », ou autrement dit dans mon cas, « prendre soin de moi ». En me détachant un peu de mon rôle de protectrice constante, j’ai ainsi pu redécouvrir des facettes de moi-même que j’avais négligées. Consacrer du temps à mes passions, à mes amis, ou même simplement au repos afin de me ressourcer. J’en suis convaincue, une mère épanouie est un modèle de bien-être pour ses enfants. En démontrant qu’il est possible de jongler entre amour maternel et épanouissement personnel, on leur inculque des valeurs d’indépendance et d’autonomie.
Et toi, chère Fabuleuse, qu’en est-il de ta propre sérénité ?
Réussis-tu, de temps en temps, à desserrer ton étreinte ? Lâcher prise, c’est aussi un acte d’amour. Un acte de confiance en ton enfant et en toi-même.
Se détacher de son rôle de maman-poule permet de renforcer la confiance en soi des enfants, de les préparer aux défis de la vie et de les encourager à devenir des individus autonomes et responsables. Cette transition est bénéfique pour toute la famille, créant un environnement au sein duquel chacun peut s’épanouir pleinement, tout en sachant que l’amour et le soutien restent toujours présents, même à distance.