C’est ma petite phrase fétiche quand j’en peux plus.
Et quand j’en ai marre de dire “J’y arrive pas”, je passe à :
- “J’y arriverai jamais”
- “Je devrais y arriver pourtant”
- “Je suis la seule à pas y arriver ou quoi ?”
Un jour que je disais “J’y arrive pas”, je me suis demandée : “Arriver à quoi ?”
“Ben je sais pas, y arriver quoi ! Tu m’emmerdes avec tes questions !” (aperçu réaliste de mon dialogue intérieur)
Sérieusement : arriver à quoi ? Arriver où ?
Arriver à tout faire bien ? Arriver à être heureuse ? Arriver au top ? Arriver à la perfection ?
À force de me gâcher des journées entières en râlant sur mon incapacité à “y arriver”, je commence tout doucement à comprendre.
Arriver à quoi ? J’ai toujours 2 options :
Option 1 : arriver à destination, là où je contrôle la situation, là où je gère, là où je suis heureuse 24/7, là où tout le monde m’aime, là où je suis 100% fière de moi, là où tout va bien dans le meilleur des mondes. Bref, n’arriver nulle part, puisque ce genre de destination n’existe pas en ce bas-monde. Quand on s’approche du but, on réalise qu’il y a un nouvel objectif, caché juste derrière. L’histoire sans fin…
Option 2 : arriver à profiter du paysage. Parvenir à apprécier le chemin, puisqu’au final, il n’y aura jamais de ligne d’arrivée.
Comprenez-le bien : vous n’y arriverez jamais.
Vous n’arriverez jamais à tout faire, ni à tout être. Et si vous parvenez à deux doigts de la perfection, il y aura toujours quelque chose (ou quelqu’un) pour tout gâcher.
Ce qui compte, ce n’est pas d’atteindre une ligne d’arrivée fictive, puisqu’elle ne cesse de s’éloigner. Même si vous arrivez quelque part, il y aura toujours un nouvel objectif à atteindre…
Ce qui compte, c’est d’apprendre à aimer la route, puisque jusqu’à la fin, on sera en route.
“Je pense souvent à ma cousine, m’a confié Christine Lewicki (auteure de J’arrête de râler). Les émotions sont toujours aussi fortes. Julie a été emportée par un cancer du cerveau. Elle avait trente-neuf ans et trois enfants de moins de quatorze ans. Je pense souvent à elle quand je fais les tartines des enfants ou quand je balaie ma cuisine. Et je me dis que j’ai de la chance. J’ai de la chance de balayer ma cuisine, d’avoir une table de petit déjeuner toute sale, de devoir conduire mes enfants à l’école. Toutes ces choses auxquelles je résistais avant, maintenant je me dis que j’ai de la chance de les vivre.” (lire l’interview complète)
À la fin, on s’en fichera pas mal d’être allés au bout du monde, d’avoir décroché une remarquable augmentation ou de ce que les gens auront pensé de nous. À la fin, ce qu’on voudra, c’est encore un peu de temps pour sortir le chien sous la pluie, pour aspirer le paillasson, pour raconter une histoire, pour se brosser les dents en famille.
Et même, un peu de temps pour sourire de soi avec compassion : « J’ai encore râlé mais ce n’est pas grave », « Je suis un peu déçue, mais tant pis ». Encore un peu de cette vie ordinaire à laquelle on aura tant résisté mais qui aura été notre vie.
Alors si vous voulez “y arriver” :
- cessez d’attendre la journée parfaite où vous serez une mère parfaite, mariée à un parfait prince charmant, dans un château parfait.
- commencez par vous arrêter au bord du chemin pour contempler le charme votre vie ordinaire et pas toujours très glamour : un tas de linge mouillé, un autre en train de sécher, du lait renversé sur les pages d’un livre, un peu de transpiration sous les bras pour ne pas arriver en retard à l’école, un peu de réconfort quand on s’est trompée…
- commencez à dire merci pour toutes ces choses-là
“Y arriver”, c’est constater que notre seule vie se joue ici et maintenant.
“Y arriver”, c’est une question de gratitude pour ce qui se passe aujourd’hui, chez moi.
« Y arriver », c’est accepter qu’on est en route, qu’on a le droit d’apprendre, et qu’on a le droit de se tromper et qu’on a le droit d’avoir une vie qui ne tourne pas toujours rond.
Vous voulez essayer ?
Quand vous aurez terminé la lecture de cet article, attrapez un stylo et notez au moins 3 choses pour lesquelles vous éprouvez de la gratitude :
“Merci pour :
- …
- …
- …
- Merci pour toutes ces choses ordinaires, qui me font parfois me sentir vulnérable, mais qui sont ma vie. »