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J’en suis à ma sixième fausse couche

Une Fabuleuse Maman 3 mai 2019
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Nous avions un rêve.

J’ai 32 ans, je suis mariée depuis 4 ans. Le mois dernier, j’ai fait ma sixième fausse couche précoce.
Je me considère donc comme maman de 7 enfants mais qui sont au ciel. Ce qui adoucit quelque peu ma peine.

Issue d’une famille nombreuse (dix enfants), j’avais ce doux rêve d’avoir moi aussi à mon tour une petite famille. Plus jeune, je m’occupais de garder des enfants, j’aimais cela.

Je me suis mariée et nous avons, avec mon époux, commencé à vouloir concrétiser ce rêve d’être parents. C’était excitant ! Fonder une famille, ce à quoi nous nous sommes engagés. Nous avions le projet fou d’avoir cinq enfants.

Mais la vie en a décidé autrement.

J’ai commencé par faire deux fausses couches inexpliquées la première année. Nous ne nous formalisons pas, en se disant que ça arrive à beaucoup de femmes et de couples.

L’année suivante, une autre fausse couche qui succède au bonheur de découvrir que l’on est enceinte. Un an plus tard, encore une fausse couche.

Décidément, il y a quelque chose qui ne va pas.

Dans nos têtes, les questions se bousculent. Nous décidons de rencontrer un spécialiste en fertilité, pour effectuer une batterie d’examens. Au cours des examens, je retombe enceinte. Le mois suivant, à nouveau une fausse couche. Cette fois là, j’ai mis beaucoup de temps à me relever. J’ai finalement demandé de l’aide à une psychologue.

L’entourage, les collègues de travail, la famille ne savent quoi dire. On se retrouve face à un silence, le coeur lourd, une douleur qui a du mal à s’effacer.

Les amies sont enceintes et enchainent les grossesses. La jalousie à l’annonce de la grossesse, la colère, la rancune, l’incompréhension, la douleur du vide de mes entrailles me ronge, la pudeur de mon époux qui souffre mais ne verbalise pas…et la résilience réapparaît.

On se surprend à sourire aux éclats de rires d’enfants. Mais les annonces de grossesses dans notre entourage nous font à chaque fois l’effet d’une bombe, nous renvoyant à nos échecs.

Il y a six mois, le gynécologue nous oriente vers la PMA, ce à quoi nous ne nous attendions pas. Nous l’avons vécu comme un « échec » de faire rentrer la médecine dans notre intimité de couple.

Commencent alors des traitements assez lourds, après de multiples examens médicaux. Il faut malgré tout continuer à travailler et s’astreindre au planning des rendez-vous médicaux. S’ensuit le premier échec il y a quelques mois où nous faisons pas de transfert. Toutes ces douleurs, ces nausées, ces bleus sur le corps à cause des injections pour rien.

Nous sommes renvoyés à nouveau à l’échec.

Cette étape fut difficile à accepter pour notre couple, mais, main dans la main, nous avons décidé de nous accrocher. Nous effectuons une nouvelle tentative, avec une autre technique. Quelques jours plus tard, j’apprends que je suis enceinte de jumeaux !

Je me mets au repos, et je suis tellement heureuse… heureuse et comblée !! Mon époux part alors en déplacement professionnel pour plusieurs mois. C’est alors que je fais à nouveau une fausse couche, seule.

Le sentiment de honte qui m’a envahit à ce moment là m’a beaucoup affecté. J’ai énormément perdu confiance en moi. J’ai le sentiment d’avoir perdu espoir. Je crois la vie injuste. Pour m’aider à faire mon deuil, je m’oriente vers des lectures sur le deuil périnatal.

Je n’ai pas à me plaindre de ma vie actuelle.

J’ai réussi une reconversion professionnelle à 27 ans, c’est donc le deuxième emploi que j’occupe et dans lequel je trouve ma place. Je suis mariée à un homme merveilleux. Je suis comblée mais, paradoxalement, il y a ce vide intérieur qui me démange et qui, petit à petit, me ronge. La solitude est pesante et m’empêche de partager ces moments avec des amies car elles ont des enfants, ou n’en veulent pas, ou n’en sont pas à ce stade au niveau vie personnelle.

Les réactions sont diverses :

  • « Ce n’est pas avec les déplacements de votre mari que vous allez tomber enceinte »
  • « C’est pas grave, ça marchera une autre fois »
  • « Maintenant que tu as fini tes études, bientôt les enfants ? »

Les silences de l’entourage sont pesants, certains amis prennent leurs distances car il me semble qu’ils ne savent plus quoi dire, ni quoi faire.

Alors on se sent isolé malgré soi.

Cette solitude intérieure ronge, accentuée par la solitude extérieure.

Parfois je reste chez moi, au calme, parce que je redoute les questions gênantes ou de mettre mal à l’aise les autres. Je pleure, je me sens triste, vide dans mon coeur comme dans mon ventre, j’ai honte, je me demande : « pourquoi nous » ?

Qu’avons-nous fait ?

J’ai essayé de changer ma vision des choses, à force de lectures, sur ce sujet assez tabou. J’essaye de continuer à vivre, de sourire, de faire rire les autres, de ne pas leur montrer ma peine pour ne pas les gêner, de travailler car je suis infirmière et que j’aime mon métier, de continuer à m’occuper de mon couple…

Il me vient de plus en plus souvent à l’esprit que si nous n’avons pas le bonheur de donner la vie un jour, il y a une autre raison à notre existence sur terre.

Mais cela reste un combat difficile.

Nous avons besoin d’accompagnement, ce que nous avons mis en place. Mais nous évitons d’en parler avec les autres. C’est une blessure profonde et invisible. Mais une véritable tempête, notamment pour la femme. Une vraie montagne russe entre la découverte de la grossesse, les premiers symptômes et les débuts de la douleur physique des contractions.

Il n’en reste pas moins que j’aime les enfants, je les aime de tout mon coeur, et je suis ravie pour les femmes qui ont des enfants. Ce sont des femmes courageuses et vraiment merveilleuses.

Avec mon mari, nous avions le rêve d’avoir des enfants. Aujourd’hui, nous attendons le verdict de la commission de la PMA. Peut-être un tournant dans notre vie de couple qui a réussi à traverser ces épreuves main dans la main.

En cas de réponse négative, un autre challenge se présentera à nous : trouver une autre façon de faire le bonheur autour de nous.

La rédaction vous partage ce témoignage d’une Fabuleuse



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Une Fabuleuse Maman

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