Chère Fabuleuse, j’aimerais te partager une histoire que j’ai écrite il y a 5 ans de ça… à une époque où prendre du temps pour moi en tant que maman au foyer d’un bébé de 3 mois et d’une petite fille de 2 ans était une mission commando !
Nous sommes mercredi matin, le jour où je pars habituellement faire les courses. Le seul jour où je peux laisser mes deux filles à mon mari et profiter de ce moment un peu privilégié.
Oui tu ne te trompes pas. Je parle bien des courses : un moment privilégié !
Car ce qui peut paraître rébarbatif ne l’est pas pour moi. C’est un moment où je suis ENFIN SEULE ! Je peux aller à mon rythme, flâner dans les rayons, prendre le temps de choisir… Avec mes filles, c’est une expédition. Toute seule, ça en devient presque agréable, pour moi qui manque profondément de temps pour moi.
Donc me voilà partie dans la voiture.
Il fait beau, chaud, un peu de musique en fond sonore et je me dis :
« Allez, et si pour une fois je me faisais plaisir en me prenant un café à emporter, à boire sur le trajet en voiture ? Prendre soin de moi c’est aussi ça ! »
Pour la mère au foyer que je suis, prendre un café à emporter, c’est comme un privilège que j’imagine réservé à celles qui travaillent. Ce n’est pas parce que je n’ai pas l’occasion d’aller au boulot que je vais m’en priver.
Je m’arrête vite fait dans un café et voilà ce qui suit :
– Bonjour Monsieur, vous faites du café à emporter s’il vous plaît ?
– Oui madame, me répond rapidement le serveur.
Et le voilà qui me tourne immédiatement le dos pour lancer mon café.
Sauf que MOI je n’ai pas encore CHOISI le type de café dont J’AVAIS ENVIE.
Je l’arrête en lui demandant un café double… sauf que je me reprends aussitôt, car je me rappelle que je n’aime pas les cafés trop forts. Eh oui, je n’ai plus tellement l’occasion de commander un café ces derniers temps !
Voilà ce que ça donne :
– Un café double… Euh, non plutôt un café allongé… Enfin… vous avez quoi comme type de café ??
– Dites-moi exactement ce que vous voulez, Madame !, me répond-il d’un air dubitatif. Un expresso allongé ?
Un expresso allongé ?? Mais c’est quoi ça ?
Bref, vu que je n’arrivais pas à me faire comprendre, j’ai capitulé.
Il me sert mon café et en même temps m’annonce :
– Par contre, Madame, vous ne pouvez pas le boire à emporter… le couvercle n’est pas ajusté…
– Super… !
Moi qui voulais boire mon café peinarde dans ma voiture…
Mais ça ne me sert à rien ton truc ! Bon, tant pis… À mes risques et périls, je décide que ce couvercle ne gâchera pas mon plaisir et que je vais tout de même boire mon café même sans couvercle en conduisant.
Résultat ? Du café brûlant plein le manteau, sur mon jean et par-dessus tout… un mauvais café ! Je finis tant bien que mal mon gobelet sans couvercle, en profitant de chaque feu tricolore pour en boire une gorgée.
Et là, je prends une décision. Soit je me trouve pitoyable et je pleure, soit je décide d’en rigoler…
Je fais le deuxième choix. Certes je suis un peu déçue, mais tout de même fière d’avoir réussi à faire la démarche de m’accorder un petit plaisir. Ce que je n’avais pas fait depuis très très très longtemps !
J’ai choisi de me dire :
« “Fait vaut mieux que parfait !” Et la prochaine fois ? J’irai juste boire un café ! »
Aujourd’hui, cette histoire je te la raconte avec un grand sourire.
Je réalise avec le recul combien je ne savais plus prendre de temps pour moi à cette époque. Combien ça m’aurait fait du bien qu’une amie me dise : « Viens, on va juste boire un café. »
Je ne sais pas si je me serais autorisée à laisser mes filles à mon mari “juste pour ça”. L’excuse des courses était en fait parfaite pour me déculpabiliser.
Mais je suis surtout fière de la maman que j’étais.
Une maman complètement imparfaite, mais tellement touchante.
Une maman qui tente, essaye, ose sortir de sa zone de confort, faire des choses qui la changent de son quotidien. Un pas après l’autre, cette maman s’est retrouvée aujourd’hui. Je me suis retrouvée.
Et cette histoire fait partie du chemin.
Et toi, quand tu peux être seule, que fais-tu pour t’accorder des petits plaisirs ?