Tous s’affairent dans le petit chalet de montagne. Les voitures se chargent avec les skis, les casques et les sacs plein de sandwichs, on se dit aurevoir, et voilà la famille divisée en deux groupes: les enfants accompagnés de leurs grands-parents et les adultes en partance pour les pistes. Je m’installe dans la voiture de ma belle-soeur, il neige, les routes ne sont pas déneigées, ça glisse. J’ai la boule au ventre. Je pense au dernier câlin de ma fille, au sourire coquin de mon fils.
Et si je ne les revoyais plus?
La route est en pente. Déjà deux dérapages. Je fais entièrement confiance à ma belle-soeur, mais moins confiance aux pneus de notre voiture que va emprunter mon beau-papa plus tard avec les enfants.
Et si…
Et si la voiture dérapait trop dangereusement? Le trajet me semble durer une éternité, avec toutes ces pensées s’entrechoquant en moi. Une fois arrivés au pied des pistes, mon mari appelle son père pour le prévenir de l’état des routes. Mon sentiment n’était pas exagéré, il semble y avoir un réel danger. On monte vers les pistes, la beauté des montagnes m’apaise, mais la peur reste là.
Finalement, un appel nous dit qu’ils vont rester au chalet avec les enfants compte tenu de l’état des routes. D’un coup mon coeur est soulagé, me voilà sereine et réjouie de profiter de cette journée de ski !
Quelques mois plus tôt, je me retrouve sur la place de la gare de Strasbourg. Se tiennent là des centaines et des centaines de personnes avec leurs valises: alerte à la bombe, personne ne peut entrer dans la gare, tous les trains sont suspendus pour une période indéterminée. Situation plutôt commune actuellement ! Mais au fil du temps qui passe, je commence à cogiter. Si quelqu’un voulait commettre un attentat, ce serait tellement facile maintenant, avec toutes ces personnes remplissant cette énorme place ! Je pense à mes enfants et à mon mari, m’attendant à
la maison, 750km plus loin. Et la peur arrive en moi. Je réalise à cet instant qu’une peur qui m’avait quitté plusieurs années auparavant est revenue avec puissance depuis que je suis devenue maman.
La peur de mourir
Ma foi a ôté ma peur de la mort, mais être séparée de mes enfants en les laissant grandir sans moi ou continuant à vivre sans eux me semble insoutenable. Dans ces instants, je repense au paquet de joie qu’ils apportent chaque jour dans ma vie, à leur tendresse, à leur amour pour moi tellement pur et spontané.
Comment les imaginer grandir sans moi? Cette pensée est trop douloureuse.
Quand des amis me parlent de leur projet d’avoir un enfant, je tente de leur décrire l’amour qui éclot quand un bébé arrive : un amour qui ne se compare à aucun autre. L’amour d’une mère ou d’un père pour son enfant semble plus fort que tout. Cet amour me donne de voir la vie tellement différemment, comme s’il ouvrait une porte jusque là fermée.
Chères fabuleuses, en écrivant ces lignes, je suis certaine que vous ressentez dans vos tripes cet amour-là. Qu’il soit chaque jour votre carburant pour être simplement cette maman-là, pas celle qui veut exceller, mais simplement celle qui aime. Envers et contre tout.