À l’occasion de mes 30 ans, j’avais réuni tous mes amis proches, ceux qui partageaient mes hauts et mes bas depuis dix ans.
Pour mes 40 ans, j’étais entourée des amis de mon mari, qui sont un peu les miens aussi, mais surtout les siens et un peu de famille aussi. Certaines personnes ne font plus partie de mon cercle d’amis, d’autres n’ont pas pu venir. Au bout du compte, il n’y avait pas foule. Le parrain de ma morue a dit : « pas besoin d’une grande fête, tous tes amis sont là ».
Et ça a piqué. Parce que c’est vrai, des amis, je n’en ai pas (ou plus) tant que ça.
Il y a ma meilleure amie, qui habite bien trop loin, avec qui je partage mes gratitudes tous les jours.
Ma deuxième témoin de mariage, avec laquelle quelque chose s’est cassé au moment où son couple a éclaté, même si nos relations sont plus apaisées aujourd’hui.
Les amis que je retrouve une ou deux fois par an, qui constituent un groupe soudé malgré les aléas de la vie, une sorte de famille de cœur dont je ne fais pas vraiment partie, même si je m’incruste parfois aux évènements familiaux.
Les anciens camarades de collège et lycée, à qui j’envoie des messages tous les ans pour la nouvelle année et les anniversaires, mais avec lesquels je ne partage plus rien.
Toutes ces personnes sont géographiquement loin. Elles sont loin, car je suis partie, chaque fois par amour.
Ce qui me manque depuis que j’ai rejoint mon homme, c’est une copine de proximité, avec qui aller boire une tisane de temps en temps.
Vous l’avez déjà entendue cette phrase-là : « c’est tellement plus facile de se faire des connaissances quand les enfants vont à l’école et font des activités extrascolaires ; après c’est plus compliqué » ?
Eh bien pour moi, c’est toujours compliqué, alors que ça fait presque six ans que j’ai repris le chemin de l’école. Pourquoi tout le monde semble-t-il déjà se connaître ? Le mystère reste entier.
La marraine de mon fils m’a dit un jour : « tu parais tellement froide à l’école ». Moi, froide ? Mince, alors ! Timide, angoissée à l’idée de dire une bêtise, certainement. Mais froide ?
Puisque je voulais changer la situation, j’ai établi un plan d’action :
- Sourire à l’école et ne pas me ruer systématiquement sur mon téléphone pour meubler l’attente devant la grille.
- Forte de l’exemple de ma meilleure amie qui s’est fait une sacrée bande de potes avec l’asso des parents d’élèves de l’école de ses enfants, je me suis inscrite dans celle de mon école. Force est de constater que si j’adore le rôle que je peux y jouer, j’ai un peu de mal à m’y sentir accueillie.
- Reprendre une activité extérieure : je me suis inscrite à la danse, mais pas facile de s’intégrer dans un groupe qui se connaît depuis longtemps.
Verdict : ai-je trouvé une copine pour aller boire une tisane de temps en temps ? Pas encore.
Par contre, grâce à ce plan d’action, j’ai développé d’autres forces et d’autres convictions !
Ainsi, je crois aujourd’hui que :
- En amitié comme en amour, il vaut mieux être seule que mal accompagnée.
- En termes de relation, tout ne dépend pas que de moi. Chacun doit faire sa part du chemin pour qu’elle fonctionne.
- Mon côté fabuleuse connasse agace un peu (« c’est énervant, tu souris tout le temps », « tu apportes tous les jours un goûter à la sortie de l’école aux enfants ? Mais pourquoi ? Ils peuvent goûter à la maison, non ? »). Plus agaçante qu’inspirante, donc, mais tant pis, parce que je fais les choses pour mes enfants et moi, et non pour les autres.
- Je suis riche d’amitiés virtuelles tellement belles, qui sont devenues réelles.
- Me montrer attentive et bienveillante envers les autres mamans de l’école ne fera pas d’elles des amies, mais contribue à créer un réseau de soutien mutuel au quotidien.
- Il faut l’accepter : je n’ai pas besoin d’avoir de nombreuses amies, mais de savoir vers qui me tourner pour avoir une oreille attentive et bienveillante. J’ai besoin de moments seule.
- J’ai appris à dépasser ma tendance à bouder pour qu’on fasse attention à moi (ce qui ne fonctionnait pas du tout et me déprimait en plus !)
J’ai confiance, un jour je trouverai une Fabuleuse avec qui boire une tisane de temps en temps.
En attendant, je souris et je ne me cache plus.
En attendant, je prends une tisane avec moi-même, et c’est déjà pas mal.