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Vie de famille

Et si maman est salade ?

Une Fabuleuse Maman 22 avril 2021
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« Si tu venais à tomber salade, qui donc te repasserait ton singe… ? » 

(extrait de La Belle Lisse Poire du prince de Motordu, Pef)

J’ai adoré lire l’attachant récit du Prince de Motordu. Je devais avoir 6 ans. Cet amusant personnage mélange les lettres quand il s’exprime. Et ça donne ça : « Si tu venais à tomber salade, qui donc te repasserait ton singe ? » Vous l’avez bien compris, ce tendre petit bonhomme voulait dire : « Si tu venais à tomber malade, qui donc te repasserait ton linge ? » 

Eh oui, chères mamans fabuleuses ! Même en l’an de grâce 2023, à l’heure où les papas mettent bien souvent et largement la main à la pâte, dans nos foyers, maman reste l’un des 2 gros piliers sur lequel s’appuie l’équilibre de la maisonnée…

Alors, que se passe-t-il si maman tombe salade ? 

En réfléchissant sur le sujet, je me dis que ce n’est pas si simple de coucher sur le papier quelques mots sur ce vilain thème qu’est la maladie. On aimerait tellement se passer d’elle. Même si, ces derniers temps, on a été contraints de s’habituer à en entendre parler quotidiennement dans notre actualité… Mais ça nous dérange un peu. On préférerait tellement changer de sujet.

Je crois que la maladie est finalement un peu taboue.

  • Elle est taboue parce qu’elle est gênante.
  • Elle est gênante au cœur d’une société où il faut être productif, déterminé, battant.
  • Elle est gênante au cœur de nos vies, au cœur de nos quotidiens, où l’on voudrait toujours assurer, être à 100%, être au top, ne rien lâcher… la maladie n’a pas sa place. 

Pourtant, un jour, sans demander l’avis de qui que ce soit, elle s’invite.

Elle s’impose, même. Elle semble prendre toute la place. Elle vient chambouler nos habitudes, nos convictions, notre foyer, notre couple, notre personne. Elle chamboule tout. 

Pour ma part, c’était il n’y a pas si longtemps, alors que j’essayais d’assurer dans tous les domaines – et que, bien sûr, je n’y parvenais pas – que cette drôle de compagne s’est invitée. Au départ, j’ai pensé à un « coup de mou » de quelques jours. Des mois plus tard, je me rends compte que j’étais loin d’imaginer ce qui m’attendait.

Quand on fait son maximum pour être performant dans tous les domaines, mais qu’un jour votre corps, lui, décide qu’il en sera autrement, on passe alors par toutes les phases d’un drôle de deuil : le deuil du « Je vais y arriver toute seule, je n’ai pas besoin d’aide… » 

Au cœur de la maladie, les forces diminuent, les capacités ne sont plus les mêmes au quotidien, on ne peut plus faire face seule. On est obligée de réaliser que, oui, on a besoin d’aide, et que, tant pis, cette fois on n’aura pas « assuré ». 

En fait, tout simplement : il faut lâcher prise ! 

Lâcher prise. Jusqu’à présent, je n’avais toujours pas saisi ce que ça voulait dire. Lâcher quoi ? Prise ? Mais quelle prise ? Tout lâcher en fait. Faire le grand saut, le saut en parachute. Celui où tu lâches l’hélico, celui où tu lâches tout, et tu sautes, dans le vide. Et pourquoi parviens-tu à accomplir cet exploit ? Parce que tu as confiance en ton parachute ! 

J’avais ça en tête depuis des mois, bien avant la maladie. Il fallait lâcher prise, mais je n’y parvenais pas. Je ne savais pas. Dans les faits, j’essayais. Mais in fine, ce n’était pas vrai.

Et puis la maladie a frappé et là, je n’ai pas eu le choix : j’ai lâché prise. J’ai lâché prise dans mon foyer, j’ai lâché prise dans mon quotidien. Je ne pouvais plus assurer, alors il fallait déléguer…

Enfin, je laissais mon mari passer l’aspirateur à sa façon.

Je décidais que le repassage ne serait pas indispensable. Que le bazar serait toléré, les miettes acceptées. Les dessins animés étaient les bienvenus au-delà des sacro-saintes 20 minutes par jour, et mon fils découvrait même les jeux vidéos.

J’acceptais que tous mes bons principes soient bousculés.

Je laissais un degré de liberté. Je permettais à mon Fabuleux mari de gérer (et en plus, il l’a fait avec brio !)

Je lâchais, oui ! Mais par contrainte, et sans l’accepter au départ. Je versais des larmes, parce que je voulais encore être au contrôle. Cela me mettait, tout au fond de moi, très en colère. J’ai réalisé à quel point tout lâcher me coûtait. Et pourquoi donc ? Pourquoi vouloir, à tout prix, toujours assurer de la sorte ? Telle était la question. Il était nécessaire de se la poser. Je me la suis posée, et je suis parvenue à y donner une réponse. 

Je ne lâchais pas prise par manque de confiance.

La confiance en soi, la confiance en l’autre, la confiance tout simplement. On s’accroche aux rênes parce qu’elles nous rassurent. Comme on s’accrocherait à l’hélico pour ne pas sauter. On n’a pas confiance en soi, alors tout doit être parfait. Ou tout au moins, donner l’impression de la perfection. On s’enferme dans des tas d’impératifs, et tout son foyer y est inclus.

La maison doit toujours briller, parce qu’il ne faudrait pas qu’on nous voit tels qu’on est : imparfaits. L’éducation doit être sans failles aussi. Mais elle ne l’est pas, alors souvent, on culpabilise. On essaie de ne pas montrer cette culpabilité… On essaie d’accepter les imperfections. Mais au fond elles nous mettent mal à l’aise. 

Lâcher prise, c’est aussi laisser la place à toutes ces petites imperfections. Les laisser transparaître, ne plus les dissimuler. 

Si ce lâcher prise m’a beaucoup coûté au départ, aujourd’hui il devient de plus en plus facile et naturel, même si je sais que cette bataille est loin d’être encore totalement gagnée. Néanmoins, je culpabilise de moins en moins lorsque mon fils est devant la télé, que ma maison n’est pas au top, et que la gestion de l’emploi du temps laisse à désirer. Et je ne veux pas dire par là que tous ces bons principes d’éducation, de prise en main de son foyer, d’organisation, de rangement etc. ne sont pas bons, mais je crois que tout principe peut devenir pernicieux par son abus !

Ton bon principe doit être à ton service, mais tu ne dois pas être au service de ton bon principe !

Tu dois rester maître, et non pas esclave de toutes ces règles… Je dois pouvoir m’en détacher sans la boule au ventre de la culpabilité ou de l’insuffisance ! 

Chère Fabuleuse, tu n’es pas moins fabuleuse lorsque tu n’assures pas dans tous les domaines à 100% !

Tu as le droit d’être fatiguée, malade, dépassée…

J’ai le droit, et même le devoir d’accepter mes limites, de les reconnaître. Je peux me réjouir même si la pile de linge s’est accumulée…

Dans mon foyer, dans notre foyer, est ressorti de belles choses de ce lâcher-prise. La relation père-fils s’est renforcée : ils ont plus de complicité, des activités communes. Mon petit bonhomme de 4 ans a beaucoup gagné en autonomie : il a lâché la tétine (ouf !), il est plus dégourdi dans les tâches du quotidien (habillage, brossage des dents…). 

Dans mon histoire à moi, c’est la maladie qui m’a permis de lâcher prise. J’espère avoir acquis cette capacité de façon définitive. Non, mes bons principes n’auront plus les commandes. Oui, j’aurai les commandes sur mes bons principes. 

Alors, si maman est salade, le singe attendra… Ce n’est pas lui qui décide !

Fabuleuse, tu l’es même avec ton t-shirt froissé !

Ce texte nous a été partagé par une fabuleuse maman, Emeline.



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Une Fabuleuse Maman

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