Tu connais sûrement l’ESPT = l’état de stress post-traumatique. Tu connais très certainement aussi le SPM = syndrome prémenstruel.
Mais es-tu, comme moi, sujette chaque année au SPR = Syndrome prérentrée ?
Alors que tes enfants sont en vacances depuis plus de six semaines, ils commencent à te demander combien il leur reste de dodos avant de retrouver les bancs de l’école. Dans ton esprit, on était pourtant laaarge ! Beaucoup de tes collègues manquent encore à l’appel. Tout à coup, ton niveau de stress monte en flèche. Alors qu’il y a peu de temps, tu te demandais encore si tu devais choisir la robe orangée ou la verte, s’il était vraiment raisonnable de manger de la glace au goûter pour la cinquième fois de la semaine, tu croises le calendrier qui prend la poussière sur le frigo et tu tombes nez à nez avec la date. OMG !
Une feuille s’échappe du calendrier, virevolte et vient s’écraser à tes pieds : la liste de fournitures de ton cadet 😨
En un fragment de seconde, la nana détendue (celle qui prend possession de ton corps 15 jours par an avec la plus grande difficulté), t’abandonne. Tu te pétrifies.
À partir de cet instant, chaque nouvelle journée te semble plus difficile à surmonter.
Le bénéfice de tes vacances fond comme sorbet au soleil ! Dans ta tête, la porte de la cage est grande ouverte et tu t’apprêtes à t’y jeter et te glisser dans la roue jusqu’à… février ? Voire l’été prochain ?
Ton cerveau est en mode to-do-list géante et les différents thèmes y défilent à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit :
– faire tous les magasins pour trouver lesdites fournitures, alors que les rayons ont été dévalisés par des mamans plus prévoyantes,
– trouver aussi un pantalon non troué — au moins pour le premier jour de classe — et des t-shirts qui ne remontent pas au-dessus du nombril de tes enfants, après la pousse d’été.
Sans oublier :
– les emplois du temps de chaque membre de la famille à coordonner,
– les activités extrascolaires qui vont t’obliger à redéfinir une organisation millimétrée,
– les devoirs qu’il va falloir rappeler puis superviser,
– les rééducations à accompagner,
– les rendez-vous médicaux à prendre et à honorer,
– les réveils des enfants qu’il va falloir secouer de plus en plus fort au fur et à mesure de l’année,
– les couchers qui vont eux aussi se décaler.
Sans compter le rythme au boulot qui va s’accélérer dès le 28 août (ou même plus tôt), quand chacun sera emporté par la vague de la rentrée !
Ton souffle devient court, ton estomac se noue et des souvenirs des années précédentes se mêlent à ceux de ton enfance, un sanglot se coince dans ta gorge…
STOOOOP!!!
Le diagnostic est posé : tu souffres, toi aussi, du SPR.
Le SPR n’est pas une maladie contagieuse, tu peux très bien en être atteinte sans que tes proches soient touchés. Cependant, s’agissant d’une pathologie saisonnière, il est fort possible que tu ne sois pas la seule à en souffrir, sous ton toit ou au travail… On a beau être encore en été, un tourbillon glacial a débarqué sous ton toit et au bureau, et ce n’est pas dû à une clim mal réglée.
Le SPR s’exprime, la plupart du temps, sous forme de crise, qui peut débuter dès ton retour de vacances ou quelques semaines plus tard, et qui atteindra irrémédiablement son pic la veille ou le jour de la rentrée. Il est souvent d’autant plus virulent que les vacances ont été courtes.
Alors, c’est grave docteur ?
On peut répertorier plusieurs remèdes pour contrer les effets du SPR :
– Rester toute l’année en vacances : solution radicale, mais clairement pas à la portée de ta bourse.
– Te cacher dans ton cafoutche* ou sous ton lit, ou simplement sous ta couette jusqu’au 4 septembre 8 h… La méthode est plutôt risquée : tu vas passer un court, mais sale moment à courir comme une poule sans tête dans ta maison, et tes enfants vont te détester très longtemps en découvrant les cahiers de l’an dernier et les feutres desséchés à côté de ceux flambant neufs de leurs copains…
– Identifier le fait que le SPR t’atteint avant chaque rentrée et DÉCULPABILISER !
– Respirer et te rappeler que tout va bien se passer, à partir du moment où tu te souviens que tout va imparfaitement bien se passer !
– Réfléchir à ton intention pour cette rentrée : que veux-tu vivre ? Que serait une rentrée réussie pour toi ? Quelles sont tes priorités ? Et ne pas oublier que parmi celles-ci, il y a aussi ton sommeil et ta santé mentale !
– Prendre chaque jour quelques minutes pour te remémorer toutes ces petites choses qui ont fait la magie de tes vacances : ton petit dernier et la fille de ton amie qui se sont lancés dans leurs cahiers de vacances pendant que vous discutiez sans être interrompues (tu n’en reviens toujours pas), ce délicieux poisson parfaitement cuit au barbecue, la petite robe achetée sur le marché que tu peux encore mettre quelques semaines. Pense à faire développer, dès maintenant, quelques photos de ta famille en vacances, pour que vos visages souriants et bronzés vous envoient des clins d’œil à travers la lumière blafarde de novembre.
– Te souvenir que tu as dix mois devant toi pour réussir cette année scolaire, tout ne doit pas être fait en trois jours !
– Te rappeler que les vacances finissent toujours par revenir.
– Souffler…
Et puis, avouons… Toi comme moi, n’a-t-on pas pensé, plusieurs fois cet été, lorsque des petits corps pégueux** étaient collés à nous et que des bruits incessants agressaient nos tympans « Vivement la rentrée » ?
* Ce mot du registre familier désigne, pour les Marseillais et les Provençaux : un placard, un débarras, un réduit, un cagibi ; ou une pièce en désordre.
** collants, poisseux
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Emilie-Anne.