Désir vs excitation - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Désir vs excitation

Hélène Dumont 17 mai 2020
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« Suis-je excitée parce que je désire ou est-ce que je désire parce que je suis excitée ? »

That is the question ! Vous avez 2 heures.

C’est un peu comme l’histoire de l’œuf et de la poule. Si l’on est capable de voir le lien entre le désir et l’excitation sexuelle, on n’en connaît pas bien la chronologie initiale. Pourtant, se mettre à l’écoute de l’un ET de l’autre, apprendre à les distinguer, est un atout pour une sexualité épanouie.

Alors, qu’est-ce que le désir sexuel ?

Le désir sexuel est un élan intérieur qui nous pousse à nous rapprocher de l’autre. Il dépend de notre histoire personnelle, des représentations que nous avons de la sexualité et du désir en lui-même. Il est également en lien avec notre image corporelle, notre capacité à érotiser le corps, notre aptitude à fantasmer, rêver… Enfin, il dépend de notre curiosité et de notre intérêt pour la chose !

Le désir se nourrit de mystère, de distance, et apprécie l’aventure. Ce que détestent l’amour et le quotidien qui, de loin, préfèrent la sécurité, le rapprochement et le prévisible. Le désir ne supporte pas le stress, la fatigue ou l’angoisse de performance ; il a besoin de légèreté. Le désir aime prendre son temps et ne cesse de fluctuer. Tout au long de la vie, il a ses hauts et ses bas, et c’est tout à fait normal. 

Ce qu’il faut retenir, c’est que le désir sexuel est davantage cérébral : lié à ce qu’il se passe dans la tête. De fait, il est aussi délicat et fugace qu’un papillon, mais sait devenir ardent et téméraire quand les conditions, pas toujours rationnelles, se réunissent. 

Voyons maintenant l’excitation sexuelle : 

L’excitation sexuelle serait la réponse, plus ou moins « réflexe », à un processus physiologique, sensoriel ou biologique. Ainsi, elle est davantage reliée à ce qu’il se passe dans le corps.

Au niveau physiologique, l’excitation féminine se traduit par la lubrification, la dilatation du fond du vagin, le gonflement du clitoris et des petites lèvres … Ce qui demande à la femme d’être attentive à ce qu’elle ressent au niveau de son corps et de son sexe.

Au niveau sensoriel, la stimulation des cinq sens déclenche ou maintient l’excitation sexuelle. 

C’est au niveau biologique que tout se complique. Le cycle menstruel provoque des variations hormonales ayant un impact direct sur la femme. En période d’ovulation, les hormones préparent son corps pour qu’elle soit « fécondée ». Au niveau du sexe, la femme est naturellement lubrifiée grâce à la glaire cervicale ; au niveau de son humeur, elle est davantage tournée vers les autres. Ainsi, l’ovulation favorise l’excitation sexuelle et booste le désir : c’est la logique de la survie de l’espèce ! Certes, ce n’est pas très glamour, mais c’est ainsi. La phase ovulatoire passant, les hormones changent, entraînant des modifications physiologiques et psychologiques : le vagin devient plus sec, l’excitation sexuelle plus fade, le désir plus mou et l’humeur maussade. 

Faire l’amour quand l’excitation est à son comble est délectable, mais ne pouvoir s’y abandonner peut devenir frustrant. Pour de multiples raisons, le couple ne peut pas toujours se réunir. L’un des deux peut être en déplacement, fatigué(e) etc… Pour certains, le choix se porte sur les méthodes dites « naturelles », qui indiquent la possibilité ou non de cette union. En effet, si le couple ne souhaite pas avoir d’enfant, la pénétration, au moment de l’ovulation, sera inenvisageable (ou alors avec préservatif, cela dépend de chacun).

C’est ainsi que la plainte revient :

« J’ai envie de faire l’amour quand je ne peux pas ; et je n’ai plus envie quand je peux. »

Si l’excitation sexuelle provoque une envie de faire l’amour aussi pressante qu’une envie de faire pipi, l’impossibilité (ou l’interdit) de le faire entraîne une frustration à la hauteur de cette attente, sans oublier que cette même frustration attisera le désir : un vrai supplice ! 

Doit-on en tirer la conclusion que la lubrification est le signe du désir ?

En bien, pas vraiment. Cette croyance est le résultat d’une vision de la sexualité qui se fonde sur l’excitation. Fais-toi couler un petit café pour la suite. Ce n’est pas très compliqué mais il faut te concentrer. 

Premier point :

Si la lubrification est le signe de l’excitation sexuelle, elle n’est pas toujours au rendez-vous. Les naissances, la ménopause ou une période chargée, par exemple, provoquent autant de chamboulements qui modifient le système hormonal et ses manifestations physiologiques. Ainsi, de nombreuses femmes souffrent de sécheresses vaginales qui ne sont absolument pas la marque d’un manque de désir, mais plutôt la conséquence d’un évènement ou de l’avancée en âge ^^. En revanche, les sensations désagréables dues au manque d’humidification, voire les douleurs ressenties au moment de la pénétration, peuvent créer une appréhension, un découragement pour la femme, qui peu à peu se détournera du désir de faire l’amour. 

Deuxième point :

L’excitation sexuelle peut être le résultat d’un réflexe de survie. C’est ainsi qu’une femme violée pourra se lubrifier. Parce qu’elle vit un traumatisme, son corps se met en état d’alerte et de protection instinctive pour éviter, atténuer, la douleur de la pénétration. Dans ce contexte, la lubrification n’est JAMAIS le signe du désir, du plaisir ou d’un consentement. NON, mille fois non : le corps se protège comme il peut de la violence de ce qu’il vit.

Troisième point :

Il arrive que certaines femmes se sentent débordées par la puissance de leur excitation sexuelle. Elles l’appréhendent comme une vague impossible à maîtriser.  Cette impression les stresse et finit par les bloquer. Fermées, les voilà dans l’incapacité de recevoir cette excitation, quand bien même elles en auraient envie. Cela crée un conflit douloureux entre le désir de faire l’amour et la peur de se laisser aller.

Quatrième point : 

Certaines maladies, comme celles de la thyroïde ou le diabète (…), certaines contraceptions ou médicaments (anxiolytiques …), ont un impact sur le désir et l’excitation sexuelle. Tout n’est pas psychologique. Dans ce cas, une visite chez le médecin s’impose pour comprendre ce qui se passe. 

Conclusion : 

  • L’excitation sexuelle n’est pas forcément accompagnée des ses manifestations physiologiques.
  • L’excitation sexuelle n’est pas forcément la marque du désir. En revanche, elle peut le faire naître ou le stimuler !
  • De la même façon, le désir n’est pas forcément suivi d’une excitation sexuelle, mais il peut la provoquer.
  • On peut vivre une excitation sexuelle mais ne pas réussir à la recevoir dans le désir. 
  • On peut désirer une personne que l’on n’aime pas (voir que l’on ne connaît pas, oups…)
  • … et manquer de désir pour une personne que l’on aime !

Ainsi, amour, désir et excitation ne vont pas de soi. Ils demandent une écoute globale, à la fois psychologique, physiologique et relationnelle. Une écoute qui invite à prendre de la hauteur par rapport aux représentations que nous en avons. Plutôt que de subir les fluctuations des uns et des autres, nous pouvons apprendre à mieux nous connaître en partant à la découverte du fonctionnement de notre corps et de nos émotions, et partager ces découvertes en couple. 

Nous pouvons nous atteler à réveiller le désir quand il n’est pas au rendez-vous, ou faire preuve de curiosité en se demandant comment « faire l’amour autrement » quand la pénétration n’est pas envisageable. Concernant la lubrification, il existe de multiples solutions (gels, compléments alimentaires …) pour palier à ce désagrément : cours voir ta sage-femme qui saura te conseiller ! 

Lire les signes de l’excitation sexuelle et du désir : 

Chère Fabuleuse, je t’encourage à te mettre à l’écoute de ton désir et à repérer les signes concrets, parfois imperceptibles, de ton excitation sexuelle. Sois curieuse : note tout cela dans un carnet. N’attends pas que le désir vienne pour faire l’amour et surtout ne crois pas que l’excitation sexuelle en soit le feu vert. L’appréhension globale de tes observations pourra, dans quelques semaines, te donner quelques pistes intéressantes de réflexions. Une observation pour te reconnecter à la femme que tu es, échanger avec ton conjoint, et découvrir le champ immense d’une sexualité épanouie !



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Cet article a été écrit par :
Hélène Dumont

Après avoir suivi un parcours de Lettres et Civilisations, Hélène est devenue professeur des écoles puis conseillère conjugale et familiale. Très attachée aux problématiques de l’articulation du maternel et du féminin, elle travaille aujourd’hui en cabinet libéral au rythme de sa vie de famille : un chouette époux et 6 enfants ! Elle est l'auteure du livre Terre éclose : la sexualité au féminin.
https://www.helene-dumont-ccf.com/

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