Déménager : un feu d’artifice d’émotions - Fabuleuses Au Foyer
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Déménager : un feu d’artifice d’émotions

femme qui écrit au milieu de ses cartons de déménagement
Une Fabuleuse Maman 4 juillet 2023
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Dans le parcours d’une vie, il arrive que l’envie de déménagement s’invite pour diverses raisons.

C’est ce qui m’est arrivé très récemment, puisque j’ai entraîné ma famille dans une migration à l’opposé de la région…

Étonnant : Chez les Anglo-saxons, « déménager », ça se dit « to move »… c’est le même mot pour traduire le verbe « émouvoir » et la même racine que dans « movie », le film. D’ailleurs, si je devais aborder ce chapitre de ma vie comme un film, je pourrais dire que les émotions ont débarqué sur le plateau du tournage un peu par surprise.

Il y a d’abord la fulgurance, le jaillissement du désir, de l’idée.

Un peu comme quand tu secoues le tapis du salon dehors et qu’au retour à l’intérieur, tu as soudain envie de replacer le tapis, mais dans l’autre sens. Envie de changement.

Il y a eu donc l’idée puis le partage avec mon Fabuleux : « t’aurais pas envie qu’on déplace le nid dans un autre arbre ? »

Oui c’est vrai j’ai la manie de parler par métaphores et de jouer avec les oiseaux en particulier. Une des premières choses que je souhaitais en emménageant il y a 17 ans dans cette maison, c’était de lui donner un nom d’oiseau (en vrai hein, ce n’était pas une injure !)… Ainsi notre maison était devenue le nid de « la Fauvette ». 

Quand mon Fabuleux m’a vue enthousiasmée par l’envol de la fauvette vers une autre branche, quand nous avons commencé ensemble à rêver du futur logis pour nous deux, mais aussi pour la nichée dispersée… ça nous a donné des ailes.

Après l’excitation liée au projet, à son effet dynamisant sur notre vie de couple et notre vie de famille, nous avons retrouvé notre calme et rassemblé nos pensées autour d’une liste de tout ce qui importait pour nous, les choses concrètes essentiellement.

Au départ, je voyais le déménagement comme un enchaînement d’événements, de dossiers à remplir, de visites médicales, une affaire un peu juridique, et une question de gros sous.

C’était sans compter les émotions ! 

Quand, en prospectant et visitant des maisons, le coup de cœur a été là en ce dimanche froid de décembre, j’ai contenu mon émotion… La tête disait « ne montre pas aux vendeurs que tu kiffes leur maison » ; « un adulte ne saute pas en l’air quand il vibre de joie » ; « reste la tête froide pour mieux discuter le prix »… bref j’avais sagement verrouillé le débordement imminent d’euphorie.

Avec les proches, pareil, j’ai fait montre de retenue : pas d’explosion de liesse, en tout cas, pas tant que ça n’était pas signé. Un peu comme dans les 3 premiers mois d’une grossesse… où tu te retiens d’annoncer à tue-tête la grande nouvelle.

Je n’ai pas éternellement masqué mes émotions.

Elles étaient là, je les ressentais très fortement. Quand je les ai laissées venir, je les ai nommées, et c’est là vraiment que ça a déménagé. Un vrai cocktail doux-amer, chaud-froid, en mode roller-coaster de sentiments.

Soulagement, et joie lorsque le feu est passé au vert : nous pouvions nous offrir notre « coup de cœur » !

Excitation au moment de mettre en vente notre « Fauvette »… et choc quand le panneau « vendu » est apparu sur notre portail deux semaines plus tard.

Sentiment de gêne vis-à-vis des voisins, choqués autant que nous que la maison soit « déjà » passée dans d’autres mains.

Ça y est, c’était concret, c’était vrai, officiel même.

Un peu de honte de quitter le quartier. Mes pensées formaient des petites armées, comme dans les campagnes napoléoniennes, s’opposant férocement : « tu ne dois rien aux gens, fais comme tu le sens » « oui, mais ne suis-je pas ingrate de m’éloigner de ces voisins si charmants ? » « s’ils déménageaient, leur en voudrais-tu ? » « C’est ta vie, pas la leur »

Quand les potes du coin nous ont taquinés : « bande de lâcheurs »l’embarras est revenu à toute vitesse noircir mon tableau météo soleil beau fixe.

Heureusement, les fabuleuses mamans de la ville ont été soutenantes. Et concernant la place que je laissais vide au milieu d’elles, il y a eu de la joie de voir qu’elles continueraient sans moi, avec optimisme, un petit pincement (on ne va pas se mentir) en disant « au revoir ».

La fierté en regardant derrière, et la confiance en regardant devant.

Ah la la, les émotions… C’est comme si tu étais sur un bateau. Imagine. Il avance gaiement sur les vagues, il a chopé le vent et il accélère quand soudain les vagues se creusent, et les vents se renforcent. L’intensité augmente, et le bateau tangue, mais garde le cap, fonce à toute vitesse au milieu d’une mer formée et blanche. Tu es là, au bord du malaise, heureuse d’avancer, mais craintive par l’intensité des creux. D’un coup le souffle du vent tombe, et il faut virer de bord, jouer avec les voiles pour trouver le bon réglage. Le silence s’installe, le calme qui amène aussi une sorte de paix intérieure, rassurée (je suis encore en vie), mais l’élan est coupé (ce qui amène de l’inquiétude), et le bateau dérive au milieu de nulle part (où suis-je ?). Finalement c’est en progressant en zigzag que ton bateau se fraie une route sur les flots, jouant avec les vents… et à force d’essais, de réajustements, de décisions.

Tu passes par toute la palette des émotions, mais aussi par tous les degrés d’intensité !

Consciente que le déménagement faisait vivre toutes sortes d’états émotionnels autour de moi, j’ai lancé l’idée des « portes ouvertes » (émotionnelles). Tant qu’à libérer les sentiments, nous avons accueilli les nôtres et ceux des autres un après-midi entier dans notre futur-ex-jardin. Ainsi avons-nous évoqué des souvenirs communs, avec les copains, les potes, les amis, les mamans du quartier, les bénévoles des associations, nos voisins… Nous avons ri ensemble, et nous nous sommes dit « au revoir » les yeux dans les yeux. Quel beau « good-bye tour » !

Quand je te dis qu’un déménagement, ça ne déménage pas que des cartons !

Et c’est sans compter toutes les émotions qui se sont invitées dans la nouvelle maison ! La surprise, l’émerveillement, l’enthousiasme en découvrant ce qui pousse dans le jardin, le quartier et les nouveaux voisins, les associations locales, et les cloches de l’église toute proche. L’inquiétude pour le chat et son sens de l’orientation. La peur de l’isolement. La gêne de sentir le froid passer les vitrages et sous la porte.

Dans « movie », il y a « vie » : avec ce déménagement, j’ai appris que nous avions fait l’expérience du mouvement, et que ce déplacement était donneur de vie.

Alors, si tu fais le projet de migrer à ton tour, chère Fabuleuse, prépare ton carnet et ton stylo, et n’hésite pas à prendre en note des mots simples pour dire comment tu te sens. Parfois ce sont tes cervicales ou ton ventre qui te renseignent sur ce qui se passe en toi. Chope quelques minutes de temps en temps pour écouter ton cœur et ton corps. Ce voyage sera aussi un voyage intérieur !

Ce texte nous a été partagé par une fabuleuse maman, Anne-Claire Kersuzan.



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