Il était près de 21 heures, nous étions en retard sur la parfaite heure du coucher des enfants (20 heures pour avoir le temps de lire une histoire et qu’ils s’endorment magiquement comme des anges à 20h30 grand maximum car le sommeil, c’est essentiel) quand j’ai entendu mon mari dire à notre fils de trois ans et demi :
« Tu ne sais pas te brosser les dents tout seul ? »
Il avait l’air sincèrement étonné et surtout embarrassé de devoir l’aider alors que, comme moi, tout ce qu’il veut à cette heure-ci, c’est s’écrouler sur le canapé en mode zombie post-apocalyptique.
Dans quel monde vit-il pour penser qu’à 3 ans et demi, on est assez dextre et mature pour se laver les dents seul ?
Dans quel monde vit-il pour penser qu’il n’y a pas besoin de coiffer les cheveux de la petite de 7 ans ?
Dans quel monde vit-il pour penser qu’ils vont ranger leur chambre au cordeau sans aide ?
Dans quel monde vit-il pour penser qu’en 6e, un enfant va faire ses devoirs sans avoir besoin d’aide et de surveillance ?
Dans quel monde vit-il pour penser que c’est pas grave si les légumes ne sont pas épluchés maison pour la soupe mais en sachet lyophilisé ? Ou que c’est ok de manger pour la troisième fois des pâtes cette semaine ?
Et j’ai réalisé. Ce n’est pas dans son monde que ça cloche.
C’est dans le mien.
C’est dans mon monde parfait où tout le monde est toujours propre, poli, calme, la maison rangée, la cuisine bio et 100% maison, ma tenue impeccable et mes ongles faits (ça non j’avoue, j’ai renoncé depuis longtemps !!).
C’est dans mon monde pressurisé par les injonctions de la société et des réseaux sociaux à toujours tout faire parfaitement que ça cloche.
Dans mon monde fait d’angoisse, de stress, d’anxiété car je ne suis jamais ni assez bien, ni assez belle, que je n’en fais jamais assez (comment ça je ne me suis pas levée à 5 heures du matin pour faire 1 heure de yoga avant de préparer des pancakes pour le petit déjeuner ?).
Et ces injonctions sont délétères. Pour ma famille, l’ambiance (de bonheur parfait ?!) à laquelle j’aspire et moi-même.
Si dans mon monde, ce soir, les dents du dernier ne sont pas impeccablement lavées, est-ce que cela sera si grave ?
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Aurélie