S’aimer soi-même : se satisfaire de qui on est
Dans la boîte mail des Fabuleuses arrivent parfois des messages de mamans qui se trouvent nulles, avec des kilos en trop, pas à la hauteur, se sentent coupables… Moi-même il m’arrive de ressentir une sorte d’insatisfaction à être moi-même, comme un poids lourd et accablant sur mes épaules. Je n’arrive pas toujours à me tolérer, à me regarder dans le miroir et simplement apprécier ce que je vois.
Pourquoi, quand je regarde mon reflet, je me focalise sur ce qui ne ressemble pas aux standards ?
Pourquoi je ressens comme un combat le simple fait de m’aimer comme je suis ?
Pourquoi je trouve très facilement quelque chose qui cloche chez moi, que ce soit d’ordre physique, intellectuel, social, matériel, psychologique ?
Est-ce que c’est possible, simplement possible, de se satisfaire de soi ?
Et est-ce que je ne pourrais pas juste me ficher la paix ? D’ailleurs, est-ce que ça ne serait pas ça, s’aimer : enterrer la hache de guerre et fumer le calumet de la paix… avec soi ?
Mais est-ce que s’aimer soi, c’est s’aimer follement et totalement ? Je veux dire, est-ce que je dois vraiment me surkiffer sur tous les plans pour avancer le cœur léger dans mon existence ?
Pas forcément, parce que s’aimer soi, c’est d’abord prendre soin de son corps, de ses besoins primaires, c’est avoir la conscience de soi, c’est se maintenir en vie. Ce n’est pas forcément tout aimer chez soi, encore moins s’autocongratuler chaque jour, mais a minima savoir simplement se respecter comme être humain et ne pas se laisser mourir…
S’aimer soi-même : c’est très concret
Les dictionnaires de psychologie définissent l’amour de soi par un ensemble d’attitudes : se reconnaître une certaine valeur, se ménager, protéger son territoire intime, sa santé physique et psychique, connaître ses intérêts réels (tout ce qu’on fait naturellement pour ses enfants, finalement).
Voici un texte magnifique, qu’on attribue souvent à Charlie Chaplin :
« Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris qu’en toutes circonstances,
j’étais à la bonne place, au bon moment.
Et alors, j’ai pu me relaxer.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle estime de soi.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle
n’étaient rien d’autre qu’un signal
lorsque je vais à l’encontre de mes convictions.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle authenticité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de vouloir une vie différente,
et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive contribue
à ma croissance personnelle.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle maturité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à percevoir l’abus dans le fait de forcer une situation,
ou une personne,
dans le seul but d’obtenir ce que je veux, sachant très bien
que ni la personne ni moi-même ne sommes prêts,
et que ce n’est pas le moment.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle respect.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à me libérer de tout ce qui ne m’était pas salutaire :
personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait ça de l’égoïsme.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle amour propre.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé d’avoir peur du temps libre et j’ai arrêté de faire des grands plans.
Aujourd’hui, je fais ce qui est correct, ce que j’aime,
quand ça me plait et à mon rythme.
Aujourd’hui, j’appelle ça simplicité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de chercher à toujours avoir raison,
et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.
Aujourd’hui, j’ai découvert l’humilité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir.
Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.
Aujourd’hui, je vis une seule journée à la fois, et ça s’appelle plénitude.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.
Mais si je la mets au service de mon cœur,
Elle devient un allié très précieux. »
S’aimer soi-même : cela passe par la connaissance de soi
Dans le texte de Charlie (oui, on est intimes, maintenant), tout est dit. Il est intéressant de réaliser que l’amour de soi suppose d’avoir conscience de soi et de ses propres fonctionnements. Il se construit avec l’expérience et grâce à la prise de hauteur par rapport à ce qui est allé à l’encontre de cet amour de soi. Nos failles et nos défauts existent. Les accepter avec indulgence est à la fois un moyen de construire cet amour de soi, et une conséquence naturelle de cet amour. Nous sommes autorisés à nous accorder de l’importance alors même que nous avons conscience de notre imperfection. On appelle ça aussi l’autocompassion et c’est ce que nous encourageons avec conviction chez les Fabuleuses.
S’aimer soi-même : le lien à l’autre
L’amour de soi va de pair avec la capacité de s’adapter aux besoins d’autrui et de savoir s’ajuster quand c’est nécessaire. En gros, aimer l’autre, c’est se relier à lui en étant à son écoute et en faisant preuve d’agilité pour garder ce lien. Ce qui veut dire que s’aimer soi-même suppose aussi d’être à l’écoute de soi et attentif à ses propres besoins.
Tu as déjà entendu quelque part cette phrase : « Aime ton prochain comme toi-même ». Ici, il n’est pas demandé d’inviter à l’apéro tous les inconnus croisés sur ton chemin et devenir leur BFF. Le sens du mot aimer est plutôt « accueillir, recevoir, chercher le bien de l’autre ».
Et toi, est-ce que tu t’accueilles toi-même, chère Fabuleuse ?
Est-ce que tu te reçois toi-même telle que tu es ? Cela ne veut pas dire que tu ne reconnais pas tes défauts, ou que tu ne les vois pas, ou que tu n’en as pas, mais que tu t’accueilles entièrement. Je veux dire, c’est comme un package, un tout indivisible, à prendre ou à laisser. Quand tu accueilles un ami chez toi, tu ne lui demandes pas de laisser son égoïsme ou sa mauvaise haleine sur le seuil avant d’entrer. Lui ouvrir ta porte sans lui demander de changer est un acte d’amour très concret.