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Comment être optimiste dans un monde qui va mal ?

Valérie de Minvielle 21 septembre 2020
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Le confinement nous a tous et toutes plongés dans une posture d’enfant : nous avons été brutalement privés de notre liberté la plus basique, sommés de rester chez nous, verbalisés si nous n’étions pas en mesure de justifier le moindre déplacement. 

Ce retrait de liberté a été assorti pour beaucoup d’un sentiment de dé-responsabilisation : puisque je ne suis plus en mesure de prendre des décisions librement, je me mets en mode passif pour le reste aussi. 

C’est pourtant très différent.

L’exemple de Nelson Mandela en est une illustration claire : même en étant captif, enfermé dans une cellule, il est resté acteur de sa vie. Il a décidé, pour maintenir sa santé physique et mentale, de s’astreindre à un entraînement sportif quotidien malgré la petite taille de sa cellule. Il a pensé la suite, préparé sa sortie sans jamais savoir s’il en sortirait. Il a fait preuve de responsabilité et d’optimisme à la fois. 

On me décrit souvent comme quelqu’un d’optimiste. Je suis pourtant anxieuse, voire inquiète souvent. Mais je reconnais dans cette remarque mon état d’esprit général, et qui pour moi est indissociable d’une certaine conception de la responsabilité individuelle.

Comment être optimiste dans ce monde qui va mal ? Peut-on devenir optimiste ? 

J’ai lu récemment quelques articles sur le confinement qui me semblent cousus de pessimisme et de passivité. Concernant les mères de famille, les statistiques montrent le confinement comme ayant creusé les inégalités homme-femme sur le plan du travail et de la charge mentale, au détriment de la femme.  L’un deux se termine par l’injonction aux femmes de se montrer solidaires entre elles et de « demander des comptes »

Dénoncer la situation des femmes victimes de notre société patriarcale, et conclure par une solution qui consiste à attendre des autres que notre situation change ? N’est-ce pas rester encore et toujours dans une posture de victime ?

On peut voir la vie de façon pessimiste et passive.

Devant une montagne à franchir, je peux voir ce qui ne va pas – il y a matière, c’est vrai ! je crains d’avoir froid une fois arrivée au glacier car mon blouson n’est pas assez chaud, je n’ai pas prévu assez d’eau, c’est pas de bol la météo est mauvaise, elle est vraiment très haute cette montagne, pourquoi je me retrouve toujours dans des galères etc… – et baisser les bras avant même d’entamer la première étape.

Ou alors je peux changer de lunettes et voir la vie de façon optimiste et responsable. Être optimiste, ce n’est pas ignorer les difficultés, mais c’est regarder ce qui va – OK je manque d’eau et cette montagne me fait peur. Mais je vais m’y prendre par petites étapes, je me suis préparée sur le plan physique, d’autres l’ont franchie avant moi, et je vais me renseigner sur comment elles ont fait, et puis quelle fierté je sentirai si j’arrive en haut ! – et faire des choix. 

L’optimisme, pour reprendre l’expression de Philippe Gabilliet, est une posture qui regarde la réalité sous tension positive : qu’est-ce qui va bien ? Qui, parmi les mères de famille qui ont trinqué pendant le confinement, s’en est sorti et comment ont-elles fait ? Dans ce qu’elles ont mis en place, qu’est-ce qui me donne envie d’essayer ?

Un exemple :

Pendant le confinement, une majorité de femmes a découvert plus avant le job des enseignants, la logique de l’enseignement.

  • Celle qui vit guidée par une boussole pessimiste s’en est servie pour râler toujours plus, se plaindre et descendre en flèche le travail desdits enseignants. Parce que oui, c’est vrai il y avait à redire.
  • Celle qui vit guidée par l’optimisme va constater ce qui ne fonctionne pas, mais elle va observer, apprendre, expérimenter différentes façons de faire avec les enseignants à distance. Sur le moment, elle va repérer ce qui fonctionne avec son enfant, s’en réjouir et s’appuyer dessus, puis trouver des idées nouvelles. 
  • Une des femmes que j’ai accompagnées, malgré un début chaotique de l’école à distance, m’a dit avoir tellement aimé enseigner à ses enfants qu’elle envisage avec son mari l’instruction à la maison.
  • D’autres ont vu leur reconnaissance pour les enseignants et le personnel de l’école se démultiplier, quelles que soient les manies ou insuffisances de certains. 

C’est cela, l’optimisme : ne pas nier les difficultés, mais apprécier ce qui existe et qui est bien, puis se tourner vers ce qui reste à inventer. Et faire de cet état d’esprit sa boussole au quotidien. En cela l’optimisme est fort relié au sentiment d’être responsable de sa vie. Oui, je peux changer des choses. Et je vais même commencer par changer en moi ce que j’aimerais voir changer à l’extérieur de moi.

Je ne me sens pas assez aimée ? Et si j’aimais de tout mon cœur la personne dont j’attends de l’amour ? Mon mari ne me remercie jamais pour tout ce que je fais à la maison ? Et si je commençais par le remercier chaque fois que j’en vois l’occasion ? 

Révoltant ? Dérangeant ? Et pourtant concluant !

Lucie m’a envoyé un message. Je ne l’ai jamais vue, je ne sais rien d’elle. Elle déplore l’ambiance familiale, tendue, conflictuelle et ses enfants qui se tiennent si mal à table. Elle m’écrit que suite à la lecture d’un de mes articles, elle a décidé de commencer par changer quelque chose en elle, en limitant pendant deux semaines les réflexions à ses enfants sur la façon dont ils se tiennent à table.

« Cela me coûte car je tiens à ce qu’ils se tiennent bien à table, certains de leurs comportements me font sortir de mes gonds, c’est instinctif. Mais je réalise que je suis tout le temps sur leur dos : là je n’ai plus rien dit pendant deux semaines »

Lucie a réussi son pari et m’écrit sa joie : elle remarque que le lien avec ses enfants s’est grandement amélioré, avec plus de moments de qualité vécus, et le retour de câlins entre eux et elle. Son mari lui a dit combien il appréciait l’apaisement de l’ambiance familiale. 

Je n’ai pas demandé à Lucie si ses enfants se tiennent toujours aussi mal à table, ni si son regard a changé sur ce que veut dire « se tenir mal à table ». Ce dont je suis sûre, c’est que les enfants de cette femme se sentent mieux aimés ainsi. Et qu’elle a expérimenté, en se positionnant en responsable de sa vie, un peu de son pouvoir à changer le monde (à commencer par le sien). 

Être optimiste peut être un choix, oui.

Celui de regarder vers le possible, vers ce qui reste à créer, en se sentant responsable de sa vie. Malgré les circonstances extérieures quand elles sont limitantes. 

Ce choix nécessite de prendre grand soin de son état d’esprit : en évitant d’écouter ceux qui pensent en mode victime ou catastrophiste, en privilégiant les sources qui vous inspirent à l’action et à la créativité, en prenant soin de votre énergie, et en multipliant les expériences comme celle que Lucie a vécue !

Et vous, quelle est la première chose que vous pourriez faire et qui vous aiderait à cheminer vers un état d’esprit optimiste et responsable ?



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Cet article a été écrit par :
Valérie de Minvielle

Psychologue clinicienne, Valérie de Minvielle fonde après 20 ans d'expérience professionnelle "Ma Juste Place", une méthode d’accompagnement personnalisé pour les femmes qui veulent se sentir à leur juste place dans leur vie de couple, en tant que mère, et dans leur vie professionnelle et sociale. Elle est également l'auteur de "Trouver ma juste place - dans le quotidien de 7 femmes inspirantes" paru en janvier 2020 et de "Imparfaite mais heureuse", paru aux éditions Mame en 2023.

https://www.majusteplace.com/

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