Chérie, la lunette des W.C. est cassée... - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Chérie, la lunette des W.C. est cassée…

Rebecca Dernelle-Fischer 1 février 2018
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Il y a de ces semaines qui nous semblent monstrueuses avant même qu’elles ne commencent.

Celles que tu abordes en mettant ta tenue de mère combattante ou encore « mom survivor ». Celles pour lesquelles la bande sonore sera « Rocky ». Celles qui te font de l’œil en te déclarant : « Toi, je vais t’envoyer au tapis, t’arriveras même pas à la mi-temps ». Celles qui portent la promesse d’une crise de nerf, d’une engueulade injuste pour tes enfants ou ton mari (ou les deux) et celles qui te feront détester ta façon de réagir.

Les semaines monstres sont moqueuses, fausses et menteuses.

Et il faut les traiter comme telles, elles ont les yeux plus grands que le ventre : jamais elles ne pourront te manger toute entière !

Je les connais ces semaines monstres, j’en ai une en ce moment, d’ailleurs ^^. Avant même qu’elle ne commence je m’étais dit :

« Oh, va falloir bien la gérer, celle-là, alors planifions ! ».

Dans ces cas-là, je me fais un plan de la semaine et je planifie du dernier jour au premier jour… ça me permet d’éliminer les plans foireux superflus. « Ici l’arrivée des invités, là le lavage des draps pour eux, les tenues pour dimanche sont-elles propres ? etc. »

J’ai appris ça avec ma thérapeute, j’appelle cette méthode « faire du petit bois ». On découpe, on s’imagine les étapes. On dit à la semaine « ok laisse moi t’ausculter sous tous les côtés, ben non, finalement tu n’es pas si monstrueuse que ça ». J’annule un RDV mal placé, je le repousse au mardi prochain, j’écris un mail demandant de repousser une échéance à plus tard, je repriorise.

Parfois, le but d’une semaine monstre est le plus simple du monde

Je cite : « éviter la criminalité »

Bref, n’avoir « tué personne à la fin », et n’avoir insulté aucun des démarcheurs téléphoniques qui t’appellent au beau milieu de la préparation du repas.

J’essaie aussi de ne pas faire payer à mes enfants la facture de mon stress et d’éviter la combinaison « manger trop de trucs gras, boire trop de café et ne pas bouger assez » (ce qui multiplie de manière drastique les émotions désagréables et grignote les capacités à rester calme). Pour le reste, je déclare officiellement les semaines monstres comme étant « les exceptions qui font la règle » !

Mais la semaine monstrueuse est coquine et elle aime faire des surprises, surtout si tu restes cool…

… ça ne lui va pas du tout !

Elle entre dans une crise existentielle : « Ai-je perdu mon pouvoir de déstabilisation ? »

C’est à ce moment que ton amie t’écrit mardi après-midi :

« Mes enfants ont des poux. »

Mince, zut, va falloir checker chez nous ! Et oui, bingo (5 sur 5, ils sont bien chez nous aussi) ! Toutes les têtes sont à traiter, peigner, laver… tu rassembles le linge de lit. Tu te dis : « Oh purée, mais pourquoi j’ai 3 filles avec des longs cheveux bien épais et bien sombres ? »

Mais comme tu es en mode « survivor mom », t’es parée, intérieurement, tu te dis : « Si je craque maintenant, la semaine monstre aura gagné ». Alors tu gardes la tête haute, tu écoutes Ed Sheeran en passant 45000 cheveux au peigne fin. Tu te déhanches même au rythme de « Shape of you » en travaillant, au point que tes filles rient et te demandent : « Maman, depuis quand t’écoutes ça ? ».

Tu sais qu’il ne faut pas baisser la garde, la semaine monstre t’observe, dépitée par tant de vivacité. Tu savoures le soleil, de toute manière, là, à ce point précis tu as touché le fond, la situation ne peut s’empirer, NON !

C’est pile à ce moment-là qu’à moitié morte de honte sur le sol, la semaine monstrueuse tentera de te faire un dernier croche-pied

Profitant de ta fatigue générale, de la tension qui monte et de ton ego blessé de mère qui n’a pas vu que ses enfants avaient des poux, elle s’acharne sur ton sort.

Et c’est entre la mise en marche multiple et régulière de tes fidèles appareils ménagers (mes esclaves que j’aime tant) que ton mari te dit :

« Ah oui, au fait, la lunette des WC est vraiment cassée. En plus, c’est une super bonne marque de sanitaire mais rien n’indique sur le WC quel format il me faut, je dois appeler le service client demain, sur internet les charnières de ces modèles peuvent coûter jusqu’à 50 euros… »

Je te résume l’affaire ? Semaine monstre plus poux, plus méga gros week-end en perspective avec 2 personnes qui logeront chez nous et en plus la lunette des WC est cassée ! Pouf, Rebecca, le nez dans la merde, les yeux embués et la petite voix qui dit : « Non, please, pas encore ça en plus ! ».

Observons ensemble un instant que la grosse décompensation suit le petit stresseur, la petite goutte qui fait déborder le vase (parce que vraiment, une lunette de WC cassée, c’est pas non plus la fin du monde, quoi).

La semaine monstrueuse me sourit.

Je râle, je chancelle, je pleure, je me mouche, j’écris à mes amis, je me plains, je gagne le caliméro de la semaine (prix extrêmement réputé dans le monde des mamans, la concurrence est rude).

Et puis je ris.

Eh oui, l’humour ça tue les semaines monstres, c’est comme le soleil pour les vampires, ils s’évaporent.

Je ris, je ris en me disant que c’est tellement gros que personne ne me croirait… et puis, je ris en pensant à un article qui s’intitulerait : « Chérie, la lunette des WC est cassée… ».

Allez zou, gros bisous les fabs, je m’en vais mettre la machine à laver en route.



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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