Il y a maintenant plus de 100 jours, nous apprenions que les écoles fermaient… jusqu’à nouvel ordre. Le lendemain, nous avons conduit nos enfants à l’école, pour la dernière fois avant longtemps. En nous demandant comment vivre ce qui nous attendait.
Et pendant un peu plus de 100 jours…
Nous avons vécu 8 semaines de confinement. Paisiblement, ou comme un remake d’Apocalypse now. Des nuits bizarres où l’on se demande vraiment si tout cela n’est pas un mauvais rêve. Des endormissements express le soir, tant la fatigue est grande. Ou des insomnies terribles et des angoisses nocturnes. Des repas, midi et soir x le nombre de personne dans la famille. Et puis le reste qui ne se fait pas tout seul : ménage, repassage, queue pour les courses, courses, queue à la caisse… Le tout avec de charmants enfants dans les pattes (option : ils vident les placards pour les 2-3 ans).
Nous avons fait la classe aux plus petits, nous sommes parfois battues avec des adolescents peu motivés à se mettre au boulot.
Il y a eu du bon, du savoureux.
Des jeux de société, des fous rires, des puzzles de 1000 pièces, des jolies poésies apprises sans difficulté. Et puis aussi des hurlements d’enfants qui se tapent dessus, des cris de mamans qui étaient fatiguées, des disputes conjugales et des piles de linge sale qui montent jusqu’au plafond, telles un tsunami.
Nous avons « télétravaillé »… ou « télégardé » nos enfants. Avec les incertitudes économiques qui vont avec. Il a fallu réorganiser le quotidien, revoir nos priorités, garder un rythme, essayer de se souffler le soir, alors que les enfants s’endormaient de plus en plus tard… Nous avons été épouse, maman, éducatrice, cuistot, maîtresse, lingère, psychologue, coach sportif en appartement…
Il a fallu jongler avec mille injonctions :
- Restez chez vous /sortez faire de l’exercice;
- Mangez équilibré / faites de la pâtisserie ça occupe;
- Prenez soin de vous /… mais quand ? Mission quasi-impossible pour la mère de famille ^^
- Attention aux séquelles psychologiques des enfants / les enfants sont très résilients
- Tout va bien, pas besoin de masques /… puis masque fortement recommandé.
- Faites-les travailler / laissez-les tranquilles avec l’école, pas de pression…
Nous avons attendu le déconfinement, certaines avec impatience, d’autres sans empressement de sortir de ce cocon de lenteur et de douceur.
Et le déconfinement est arrivé.
La vie a repris, mais pas comme avant. L’école a repris pour certains, en pointillés. La vie a repris, encore plus rock n’roll qu’avant, parce que l’emploi du temps changeait tous les jours (au mieux toutes les semaines). Parce qu’on ne sait pas encore très bien ce qu’on peut faire, ce qu’on a le droit de faire, ce qui est recommandé, ce qui est obligatoire…
Chère mère de famille, ce soir, c’est toi que nous aurions dû applaudir à 20h, à notre fenêtre.
- Bravo pour ce que tu es, pour ce que tu as réussi à donner, à ta mesure.
- Bravo d’avoir traversé ce tourbillon de 100 jours.
- Bravo d’avoir tout de même (un peu) dormi pendant ces 100 nuits.
- Bravo d’avoir craqué, pleuré, crié ta colère ou tes angoisses.
- Bravo d’avoir su les garder pour toi quand c’était préférable (enfants déjà en plein crise de panique…).
- Bravo d’avoir tenu la barre pendant la tempête, d’avoir balayé tes certitudes quand c’était nécessaire.
- Bravo de n’avoir pas réussi à être parfaite, mais d’avoir essayé d’être toi-même.
- Bravo d’avoir demandé de l’aide, ou d’y songer si ce n’est pas encore fait.
- Bravo d’avoir parfois dégagé, héroïquement, quelques minutes pour toi, quelques instants hors du temps.
- Bravo d’avoir été là, de ne pas avoir fui on ne sait où (avec attestation !).
Et bon courage pour la suite !
Ce texte nous a été transmis par une Fabuleuse maman, Sarah