Quand nous nous sommes installés ensemble, avec mon Fabuleux, il est devenu rapidement très clair que nous ne pourrions jamais nous endormir comme les amoureux des comédies romantiques, c’est-à-dire dans les bras l’un de l’autre.
La phase hyper fusionnelle avec ses papillons dans l’estomac était passée et nous nous sommes assez vite endormis chacun de notre côté. Petit pincement au cœur de mon côté — idéal de fusion, quand tu nous tiens ! — mais il fallait faire face au principe de réalité : mon Fabuleux ronflait (et ronfle toujours autant, 12 ans plus tard) et j’ai rapidement eu beaucoup de difficultés à m’endormir dans ses bras à cause de mon sommeil…compliqué de façon générale.
Exit l’endormissement “sensoriel”, corps, jambes mélangées et mains liées : nous avions clairement besoin d’avoir chacun notre territoire. Après un petit bisou et une petite caresse de bonne nuit, chacun s’endormait “de son côté”.
Mais ça ne s’est pas arrêté là.
Oui, chère Fabuleuse, il faut que je t’avoue quelque chose : chez nous, au-delà du fait de s’endormir chacun de son côté, un autre sujet est vite arrivé sur la table (ou sur le matelas, si on veut rester dans le thème).
Le sujet couette.
Je pose le décor. À l’heure de me coucher, en bonne frileuse que je suis, j’ai besoin de remonter la couette bien haut, de m’emmitoufler au maximum, de me sentir “lestée” par son poids, aussi. Détail hyper glamour mais qui a son importance dans ce contexte : je m’endors avec des chaussettes huit mois de l’année.
Mon Fabuleux ? Quand il va au lit, il a chaud. Très chaud. Il a donc développé une technique assez originale d’enveloppement — il s’agit plutôt d’enroulement, soyons honnête — avec sortie de jambe sur le côté.
Autant te le dire tout de suite : nous voilà à peine endormis que commence le combat pour la couette. Je veux rester bien ensevelie dessous tandis que lui fait tout pour que celle-ci lui tienne le moins chaud possible.
Et en pleine nuit, le combat vire à la guerre des tranchées :
Le Fabuleux, partant de sa position enroulée — tu suis toujours ? Oui, je sais, c’est technique aujourd’hui — se met à bouger…et donc à s’enrouler encore plus.
Résistance immédiate de ma part : il joue au tacos qui veut récupérer un peu de tortilla ? Moi, je refuse de lâcher le moindre centimètre de couette : j’ai froid.
Au petit matin, la température s’inverse : je crève de chaud et Monsieur, lui se refroidit à mesure que la fin de la nuit approche. Mathématiquement, la dynamique s’inverse : je fais tout pour repousser un peu de couette, je tente une jambe au-dessus, une jambe en dessous…mais mon Fabuleux ne l’entend pas de cette oreille : il a froid.
Il veut TOUTE la couette
Bref, nous en étions rendus à un joli niveau de nos combats nocturnes quand nous avons séjourné chez mes beaux-parents. Une nuit sans accroc.
« Pas étonnant, me lâcha mon homme au petit matin. Il y a deux couettes ! »
Je le voyais venir. Dormir avec deux couettes ? Moi vivante, ça jamais !
C’était pour moi le symbole de la fin de notre vie de couple. La couette représentait pour moi une “norme” de fusion en dessous de laquelle notre avenir à deux serait mis en péril.
Un minimum syndical de l’intimité.
« Ouais, et la prochaine étape c’est chambre à part ! », lui rétorquai-je.
Douze ans plus tard, voici ma conviction en ce qui nous concerne : un matelas, deux couettes, deux dormeurs heureux.
Avec nos deux couettes séparées, le nombre des perturbations communes au partage d’un lit a baissé de manière drastique.
Nous avons, lui et moi, tout le loisir de choisir la chaleur et le volume de la couette en fonction de la saison, et sommes désormais bien moins perturbés par les mouvements de l’autre. Oui, parce que je ne t’ai pas dit : je passe aux stands au moins une fois par nuit (habitude que mon corps a enregistré depuis mes grossesses). Autant te dire que lorsque nous avions une seule couette, je le réveillais systématiquement.
Ces deux couettes sur notre lit conjugal, c’est simplement l’option de l’indépendance dans un espace partagé.
A posteriori, je suis assez fière d’avoir su lâcher sur cet idéal de fusion incarné, dans mon esprit, par la couette. Finalement, être capable de maintenir une intimité tout en affirmant un niveau de contrôle sur quelque chose qui est relativement personnel, nous a bien rendu service.
Et quand, au petit matin, je sens le pied tout froid de mon Fabuleux remonter sur ma jambe bien chaude, je saisis assez vite le message : j’ouvre ma couette et le laisse se blottir contre moi.
Et toi ? Tu es plutôt adepte de la grande couette pour deux, de la couette personnelle, de la couverture traditionnelle ou lestée ?