Matin de la rentrée. Tous les parents et les enfants sont réunis dans la cour de l’école. Et lequel court dans tous les sens et saute depuis les bancs ?
C’est le mien.
Lequel interrompt la directrice en plein discours pour lui donner un gros bisou ?
C’est le mien.
Lequel refuse de dire bonjour à ses copains qu’il n’a pas vus depuis 2 mois ?
Encore le mien.
Lequel boude parce que sa trousse n’est pas remplie comme il voulait (“ils sont où, mes stylos quatre couleurs ??).
Toujours le mien.
Sortie du premier jour d’école.
“Maman, mon goûter !”
(Merci mon chéri, j’ai passé une bonne journée. Et toi, tu es content d’avoir retrouvé les copains et tous les jeux de la classe ?)
Sur le trottoir, en route vers la maison.
“Maman, dans les bras. J’peux plus marcher, suis trop fatigué !”
(Génial, mon dos va encore morfler ^^)
De retour à la maison.
La première dispute éclate pour une simple question de qui a le droit de sonner en premier à la porte. Je m’arrête là, je crois que j’ai oublié l’enchaînement exact des disputes et des cris qui ont suivi.
Au terme de ce premier jour, je fais quoi du coup ? Je pousse un bon coup de gueule ? Je pleure sur l’épaule de mon Fabuleux ? Je me tape une bonne insomnie, à coup de questions existentielles, du type : “Comment vais-je faire pour tenir toute l’année ?”
Non, rien de tout ça. Ce soir, en savourant une tasse de tisane lovée dans mon canapé, je relis ma journée, et je murmure simplement :
“C’est comme ça.”
Oui, c’est comme ça. Aujourd’hui, ma vie c’est ça.
Aujourd’hui, mon fils de presque quatre ans s’est fait remarquer dans la cour de l’école. MAIS il a couvert ses maîtresses et ATSEM de baisers. Il a râlé tout le chemin du retour pour que je le prenne dans mes bras. MAIS il n’a pas pleuré au moment où j’ai quitté sa classe.
Aujourd’hui, mon fils de presque huit ans a baissé la tête quand ses copains cherchaient à renouer le contact. MAIS il s’est levé directement quand la directrice a annoncé son nom et a suivi sa nouvelle maîtresse sans s’accrocher à moi. Il a râlé parce que j’avais oublié de mettre ses stylos préférés dans sa trousse. MAIS il m’a donné un câlin dès la sortie de l’école.
Aujourd’hui, je n’ai pas crié quand mes fils ont transformé la salle de bains en piscine municipale. Je n’ai pas soupiré quand le cadet s’est barré à l’autre bout de la maison alors que je l’appelais pour l’aider à enfiler son pyjama.
C’est comme ça ! (Et je peux être fière de moi).
Et peut-être que demain matin, je crierai.
Et peut-être que demain soir, je soupirerai.
Peut-être que je lèverai les yeux au ciel en me contorsionnant pour récupérer une petite cuillère au fond du lave-vaisselle (oui, on leur apprend à débarrasser tous seuls, mais il y a encore un peu de chemin à faire).
MAIS aujourd’hui, ma vie, c’est ça. Elle est tout à fait “ordinaire et pas vraiment sexy”, pour citer Christine Lewicki, mais c’est comme ça.
Oui, « c’est comme ça » : je l’accepte telle qu’elle est.
“Accepter, ce n’est pas dire “tout est bien” (ça, c’est l’approbation), c’est dire “tout est déjà là”.”
Christophe André
Tout est déjà là. Alors oui, tout n’est pas “bien”, effectivement : il y a la fatigue de devoir tout répéter, la frustration de ne pas parvenir à comprendre la raison de leurs colères et de ne pas toujours pouvoir couper court à leurs disputes, la lassitude de devoir lire dix fois la même histoire et de monter des maisons duplo assise sur un tapis, et j’en passe… MAIS il y a les câlins distribués gratuitement, les mains poisseuses qui vous enlacent, les “Maman je t’aime”, les “Pardon Maman”, les blagues maladroites témoignant de l’apprentissage du sens de l’humour, et j’en passe.
Plutôt que de pester contre leur lenteur, leur manque d’autonomie, leurs demandes affectives incessantes, leur incapacité à rentrer dans un cadre, je préfère accepter et dire : “C’est comme ça”.
C’est comme ça, et ça ne sera pas toujours comme ça.
Besoin d’un petit coup de pouce pour garder le sourire en cette rentrée ?