Depuis quelques jours, ils sont là, identiques, alignés les uns à côté des autres.
Ces petits chalets en bois clairs dressés au cœur de la ville me rappellent que Noël est à ma porte. Ils sont la promesse de déambulations émerveillées, tant pour les yeux que pour les papilles.
Avec toutes leurs lumières, ils éveilleront bientôt en moi l’espoir de trouver la déco qui donnera à mon chez-moi « l’esprit de Noël » ou le cadeau original qui fera plaisir à quelqu’un que je veux gâter.
Et m’y voilà : au son de ces chaleureuses musiques intemporelles et carillonnantes, bien au chaud dans mon manteau fourré, je me laisse entraîner pour goûter à cette « ambiance de Noël », riche de promesses de douceur et de joie.
Une partie de moi adore ces odeurs de pains d’épices, de bougie, de sapin et de gaufres, ces lumières dorées dans la nuit et ces « petit papa Noël » de mon enfance (j’écoutais en boucle le 45 tours de Nana Mouskouri qui le chantait quand j’étais enfant : ça vous dit quelque chose ?).
C’est une trêve dans l’hiver froid, sombre et venteux, une parenthèse d’émerveillement, d’innocence et de joie.
C’est un message de Paix, d’appel à l’attention et à l’accueil du plus faible.
C’est aussi une occasion de se souvenir des Noëls passés, de faire alors des petits « flash-back » dans son enfance avec ce qu’elle a été, ce que nous voulons en garder à transmettre à ceux que nous aimons.
Je sais que ces chalets de décorations, de jeux en bois, de plaids douillets et colorés, de gaufres dorées et généreuses en Nutella me permettent d’entrer dans la « magie de Noël » pour donner à ma nuit intérieure de la douceur et de la lumière.
Je passerai Noël entourée de ceux que j’aime le plus :
mon Fabuleux, nos enfants dont les aînés sont partis du nid depuis plusieurs années déjà et peut-être des cousins. Ils m’entoureront et je les entourerai.
Que sera mon Noël ?
Que puis-je trouver pour chacun d’eux dans ces chalets ?
Ce que je voudrais, c’est que chacun d’eux soit heureux à Noël.
Au fond de mon cœur, forte de l’expérience des Noëls passés, je sais qu’ils ont besoin de ma disponibilité et de mon amour. Ils ne l’ont pas noté sur leur liste de cadeaux (oui, oui, on s’envoie encore des listes, chez nous !).
Ils seront sensibles à un cadeau, mais surtout à un moment de qualité, des paroles valorisantes, un service rendu ou un bon câlin. Chacun a son langage de l’amour.
Ce beau cadeau de la disponibilité, de l’écoute, de l’attention, de la présence à l’autre ne se trouve pas dans ces chalets du marché de Noël.
Je vais donc être obligée de fabriquer le petit chalet intérieur où aller trouver ces cadeaux, en me ressourçant.
Ce sera mon plus beau cadeau et je vais m’atteler à sa préparation dès maintenant.
À l’intérieur de mon petit chalet, en étant présente à moi, je vais pouvoir être présente aux autres et à leurs besoins.
En y cultivant la gratitude, je vais dire plus facilement des paroles valorisantes à mes proches.
En y prenant du temps pour moi, j’apprends à laisser les autres faire, même si ce n’est pas parfait (je sous-entends là que ce que je fais est parfait, ce qui est totalement faux…).
Cette décision sera mon cadeau.
Oui, la maison sera décorée. Elle le sera pour être accueillante et chaleureuse, pas pour être mieux que l’année dernière ou pour surpasser celle de ma belle-mère.
Oui, je ferai de la bonne cuisine savoureuse, réconfortante et belle. Elle réjouira les papilles de tous. Mais je cuisinerai des plats qui se préparent à l’avance pour ne pas passer mon réveillon aux fourneaux, exaspérée parce que tout n’est pas exactement comme je le voudrais. Quelque chose qui se cuisine à plusieurs : la joie, c’est aussi préparer ensemble, d’accepter que ce ne soit pas fait exactement comme on imaginait, encourager le déploiement des talents plus ou moins affirmés du petit dernier et se réjouir de ce qu’il a préparé avec tout son cœur.
Oui, les traditions seront respectées :
des soirées lovés dans le canapé devant de vieux films en buvant une tisane, un super petit-déjeuner qui dure jusqu’au déjeuner, la messe de minuit ou plutôt celle de 21 h, des jeux de société, la visite chez les grands-parents trop fragiles pour se déplacer, des boîtes de chocolat qui donnent mal au ventre (d’où les tisanes devant les films), des chants de Noël, des balades en forêt et l’accueil des cousins.
Il y aura aussi des tensions et, je l’espère, des pardons.
Il me faudra alors puiser dans mon petit chalet et inciter chacun à trouver le sien pour continuer à vivre heureux ensemble.
Oui, chacun recevra un cadeau tiré de sa liste et si le budget le permet, des babioles qui viennent de mon cœur et qui parlent aux leurs.
Même s’il existe des périodes où la manifestation de notre amour est plus difficilement accueillie par certains, Noël est l’occasion pour moi de leur offrir de mon temps, de ma présence, de la douceur dont ils ont peut-être besoin. C’est parfois une promenade dans les bois pour apercevoir les chevreuils (mais en réalité pour se réapprivoiser après de longs temps de séparation), un chocolat chaud bien tranquille avec l’un d’eux dans un café, un bon moment à la fête foraine de la ville d’à côté ou au marché de Noël.
Et au-delà de la « magie de Noël », de « l’esprit de Noël », je veux cultiver « la trêve de Noël ».
Ma disponibilité est aussi l’accueil de chacun avec ce qu’il est, sans faire de remarques ou poser de jugement, en soulignant ce qui est beau dans leur vie pour s’en réjouir à deux, avoir l’esprit de gratitude, des paroles de gratitude.
Accueillir simplement chacun comme un cadeau.
Ainsi que le dit une de mes filles à chaque Noël : « I am the gift ! »
Chère Fabuleuse, je te souhaite de trouver ton petit chalet.
Ce peut être un espace, un temps pour toi, pour retrouver un cœur disponible où accueillir le cadeau que les autres sont pour toi. Un cœur disponible aussi pour donner à ceux que tu aimes ce dont ils ont le plus besoin, ton amour et ta présence.