C’était peut-être la troisième ou quatrième fois que je me retrouvais seule avec les deux enfants le soir pour le coucher. Ma fille, presque trois ans, mon fils, cinq mois. Ma fille, encore aux prises avec le chamboulement de l’arrivée de son petit frère, avait besoin qu’on reste auprès d’elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Mon fils s’endormait couché au lit, en mangeant à mon sein. Pour tous les deux, ça pouvait prendre jusqu’à 1h.
Les fois précédentes, mon fils était plus petit et il n’avait pas encore vraiment de rythme, donc c’était possible de le tenir dans mes bras pendant que je couchais sa sœur, éventuellement de l’allaiter comme ça, et il était plutôt calme. Là, ce n’était plus possible. À partir de 18h45, il était très fatigué. Trop fatigué pour ne pas aller dormir, pour ne pas démarrer sa nuit, au calme dans le lit, en tétant. Et évidemment, à cette heure-là, sa sœur et moi sommes encore en plein repas. Bon, on finit vite, on va se brosser les dents, on lit l’histoire et on va to
J’avais opté pour la solution : tous dans le lit de maman et papa !
Un enfant d’un côté, collé à mon sein, l’autre de l’autre côté, prête à s’endormir. Ça prendrait peut-être un peu de temps mais ça ira nickel, non ?
Ça c’était ce que j’espérais…
La réalité, c’est que l’un comme l’autre a mis un temps considérable à s’endormir ! Forcément, chacun était stimulé par la présence de l’autre, et le calme était quasi impossible à retrouver… Pour moi aussi d’ailleurs, j’avais tout sauf du calme au dedans de moi !
Et pendant tout ce temps, pendant les aller-retour dans le corridor pour les séparer, endormir le petit dans mes bras et faire en sorte que la grande arrête de me parler, pendant les moments où j’ai laissé tomber, je les ai posé l’un à côté de l’autre et je suis allée souffler un bon coup aux toilettes, pendant que je retenais les cris à l’intérieur de moi et que je tapais sur les coussins pour évacuer ma frustration, pendant tout ce temps, je me répétais cette phrase lue quelques jours auparavant au détour d’un compte Instagram : « Ce n’est pas parce que tu galères que tu n’es pas en train d’y arriver. »
Je me répétais cette phrase inlassablement, comme une comptine d’enfant que l’on chante encore et encore, ou comme un chant religieux que l’on scande à répétition pour le faire descendre au dedans de soi. Je me répétais cette phrase pour tenir le coup, pour ne pas abandonner, pour garder en moi le peu de force que j’avais et ne pas quitter le navire. Je n’avais pas le choix de rester là et de les coucher (mon mari rentrais vraiment très tard ce soir-là).
Mais j’avais le choix de la manière dont je voyais cette situation.
J’étais en train de galérer, ça c’est certain !
Et honnêtement, je ne sais pas si pour certains mamans c’est quelque chose de facile, mais pour moi être seule avec deux enfants et les mettre au lit le soir ou à la sieste, ça fait partie des exercices les plus périlleux que je fais actuellement ! Oui, je galérais à fond.
Mais j’étais aussi en train d’y arriver.
Tôt ou tard, ils allaient s’endormir. Tôt ou tard, j’allais pouvoir dire : voilà, c’est fait, c’est bon, j’ai réussi. Ce n’était pas encore fait, j’étais en train d’y arriver. Mais me dire que j’étais sur ce chemin là, le chemin de la réussite et pas sur le chemin de l’échec, ça faisait toute la différence !
Alors soyons clair, je me répétais cette phrase surtout pour m’en convaincre !
C’était très artificiel au début, je n’y croyais pas tellement, mais j’ai choisi de quand même la répéter jusqu’à ce que je n’aie plus que ça en tête, pour faire taire la voix qui me disait que jamais je n’y arriverais et que de toute façon je n’étais pas une bonne mère, pas capable de s’occuper de ses deux enfants seules.
« Ce n’est pas parce que tu galères que tu n’es pas en train d’y arriver. »
Bien souvent, dans ma vie de Fabuleuse maman, je galère. Mais je crois, j’ai envie de croire, je fais le choix de croire, que je suis aussi en train d’y arriver. Ce sera peut-être long, certainement très long, pas comme je le voulais, pas facile du tout, mais tôt ou tard, je vais y arriver.
Oui, je vais y arriver !
PS : quelques jours après avoir écrit ce texte, je me suis retrouvée dans une situation similaire. Je peux vous dire que j’ai dû me forcer +++ pour que cette phrase reste dans ma tête et croire que j’étais en train d’y arriver !!!