« Ça va passer, ma puce » - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

« Ça va passer, ma puce »

Aurélie Gonzalez 4 juin 2020
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Cette phrase, que tu répètes en boucle à ton bébé qui pleure toutes les larmes de son corps, sous le regard bienveillant de la lune levée depuis un moment déjà, tu te l’adresses en fait à toi aussi, dans le fond.

Il est 01h15…

…et tu t’es déjà levée 3 fois pour consoler ton bébé d’un mauvais rêve, pour tenter d’apaiser la percée de sa 16e dent de lait (une grosse molaire, au hasard), pour le maintenir à la verticale parce qu’il a une bronchiolite et qu’il a du mal à respirer.

Il y a deux semaines, tu t’es aussi levée une paire de fois parce qu’il y avait une épidémie de gastro à la crèche, et qu’il fallait baigner et changer tes bébés recouverts de différentes substances, plus ou moins nauséabondes.

Tu t’es aussi levée la semaine d’avant parce que tes deux filles ont fait une poussée de croissance et qu’elles ont eu besoin d’un ou deux biberon(s) supplémentaire(s) inhabituel(s), en plein milieu de la nuit. 

On a beau vouer à ses enfants un amour infini et si fort qu’il nous ferait déplacer des montagnes, les cernes s’accumulent, ainsi que le brouillard dans ton cerveau, et le découragement entame sa ronde de va-et-vient. Chez nous, 2019 a été une année de nuits entrecoupées, hachées, mouvementées, parce que nos jumelles ont sorti 15 dents de lait chacune, difficilement, assorties d’otites douloureuses, le tout complété par les innombrables conséquences des virus de la crèche, eu égard aux bronchites, gastros, rhinos et autres quintes de toux et poussées de fièvre.

Ajoutons gaiement à cette jolie recette de nuits pourries, la gémellité : deux fois plus de réveils ! Nos filles viennent d’avoir 2 ans, et je ne cesse de me répéter, inlassablement, avec plus ou moins de conviction, que ça passera. Tout passe, mais c’est plus ou moins long… 

Heureusement, la vie est bien faite :

Nous avions en nous, bien tapies tout au fond, de puissantes ressources insoupçonnées jusqu’à l’heure de devenir parents ! Une féroce envie de protéger inconditionnellement son petit, qu’une lionne ne nous envierait même pas. Et aussi, avec le temps, on oublie. On est même capable d’oublier la douleur des contractions et de l’accouchement, c’est dire : on sait qu’on a eu mal, mais le corps ne s’en rappelle que vaguement… Et ça, c’est quand même vachement bien foutu pour continuer à perpétuer l’espèce ! 

Parfois j’ai envie de crier à l’injustice, face à ces parents qui ont l’air frais et dispo, dont les enfants, semblent-ils, dorment toutes les nuits depuis toujours d’un sommeil apaisé et sans encombre. Et puis, d’autres semaines, quand tout va bien chez nous, j’ai envie d’offrir avec une grande compassion tout mon soutien moral à ceux qui ont l’air de galérer encore plus, dont les enfants ont juste un sommeil perpétuellement agité, sans raison particulière, ceux qui font face à des temps d’éveil en plein milieu de la nuit, ou ceux qui affrontent des choses bien plus graves et douloureuses encore.

J’ai lu dernièrement une phrase qui m’a beaucoup fait relativiser, parce que oui, en plus, tu finis par te dire – outre le fait que tu as une poisse légendaire – que tu fais mal les choses, que c’est de ta faute. Un pédiatre avouait sans détour que c’était une erreur de faire croire aux parents qu’une fois les nuits faites (c’est-à-dire quand les enfants ne mangeraient plus la nuit), ils dormiraient à poings fermés, chaque nuit durant.

« Non, précisait-il, c’est une illusion de croire à des nuits totalement sereines avant l’âge de 3 ans. »

Ouf ! Nous n’étions donc pas seuls… 

Alors, quand le cerveau est trop fatigué pour prendre le recul et relativiser, quand on berce bébé nerveusement ou mollement à bout de force, quand on dit des phrases plus ou moins douces parce qu’on n’en peut plus, on se console et on s’offre cette parenthèse de douceur :

« Ça va passer, ma puce »,

me suis-je encore dit cette nuit en versant de belles larmes silencieuses. Ma petite fille intérieure aimerait exister pleinement, à 200%, sans cette fatigue chronique qui pèse sur ses yeux noirs : oui, bientôt, chère Fabuleuse, l’immunité sera au top et la dentition complète !

L’abnégation ? Peut-être. L’amour d’un parent ? Inévitablement.



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Cet article a été écrit par :
Aurélie Gonzalez

Maman trentenaire de jumelles nées en janvier 2018, Aurélie s’interroge sur tous les changements liés à la maternité, sous l’œil bienveillant de son Fabuleux depuis bientôt 10 ans. Logisticienne de formation et d’expérience mais littéraire de cœur, elle confie ses doutes, ses craintes, ses coups de gueule mais aussi ses bonheurs simples sur son blog personnel.
https://ohreillyandherself.wordpress.com

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