Je vais te dire un truc : j’adore être maman. J’adore mes enfants, leur rire, leurs câlins, leurs petites mains qui cherchent les miennes. Mais parfois, je me perds. Peut-être que toi aussi, tu vois ce que je veux dire ?
Car au-dessus de ce bonheur mélangé de fatigue, il y a cette injonction à la bienveillance.
Celle qui te murmure qu’il faut tout comprendre, tout accueillir, tout encaisser. Que tes enfants doivent toujours trouver en toi un port d’attache calme et serein, même quand à l’intérieur, c’est la tempête. J’ai essayé, vraiment. J’ai voulu être cette maman douce, patiente, parfaite.
Mais cette bienveillance-là, envers eux, je l’ai vite compris, n’avait parfois rien de bienveillant envers moi.
Je me souviens encore de cette période où je ne voulais pas laisser mon bébé pleurer. Pas même cinq secondes. J’avais cette peur irrationnelle mais si puissante que cela abîme son petit cerveau fragile, ou encore que cela l’envoie pendant dix ans sur le canapé d’un psy par négligence maternelle. Peu importe mon état d’épuisement physique ou moral, j’étais là pour lui, immédiatement. Je me suis retrouvée à répondre à ses besoins sans jamais écouter les miens, lui véhiculant ainsi, malgré moi, ma propre nervosité et mon stress. J’étais persuadée de faire au mieux, mais je me suis oubliée en chemin.
Je me suis surprise à m’effacer.
J’étais là pour tout le monde, sauf pour moi. Mon couple aussi, quelque part, s’est mis sur pause. Nos moments à deux se faisaient rares, noyés sous les responsabilités parentales. Et moi, la femme, l’amie, la personne que j’étais avant de devenir maman, je me suis perdue en chemin.
C’est drôle, parce que personne ne te prépare vraiment à ça.
On te parle de l’amour immense, de la fatigue, du manque de sommeil, mais rarement de cette perte de soi. De ce sentiment d’être devenue uniquement « maman », comme si tout le reste de ton identité s’était dilué dans ce rôle. Et pourtant, c’est tellement courant. Combien de fois ai-je entendu des amies me confier la même chose, à demi-mot, avec un peu de honte, comme si admettre qu’on se sentait perdue était un aveu d’échec ?
Alors peu à peu, j’ai pris du temps pour moi.
Même un tout petit peu. J’ai renoué avec des activités qui me faisaient du bien, même si ce n’était que lire quelques pages d’un livre ou boire un café chaud (et entier !) en silence. J’ai appris à dire non, même si cela ne plaisait pas forcément. À poser des limites, même avec mes enfants. Ce n’est pas toujours facile, et parfois la culpabilité refait surface.
Mais je sais maintenant qu’une maman qui va bien, ce sont des enfants qui vont bien aussi.
J’ai aussi recommencé à prioriser mon couple. De remettre du « nous » dans le « tout pour eux ». De recréer des moments à deux, même un film sur le canapé après leur coucher ou un déjeuner en tête à tête. Retrouver ce lien, se rappeler pourquoi on s’est choisis, avant tout ça. Parce que l’amour ne se nourrit pas que de souvenirs, il a besoin de moments présents, de projets, de rires.
Ce chemin vers moi-même n’est pas toujours linéaire.
Parfois, je retombe dans mes travers, je m’oublie à nouveau. Mais je me relève, à chaque fois un peu plus forte, un peu plus sûre de moi. J’apprends à être bienveillante avec moi-même, à m’accorder le droit de ne pas tout faire parfaitement. Parce que finalement, c’est aussi ça montrer l’exemple à mes enfants :
leur apprendre que l’on a le droit de se tromper, de se reposer, de s’aimer.
Aujourd’hui, je veux te dire que si toi aussi tu te sens perdue, ce n’est pas une fatalité. Que tu peux te retrouver, petit à petit, un pas après l’autre. Que tu as le droit de dire stop, de prendre du temps pour toi, de penser à toi sans culpabilité. Parce qu’une maman épanouie, c’est un cadeau pour toute la famille. Et surtout, c’est un cadeau pour toi-même.
Alors, écoute-toi. Prends soin de toi. Donne-toi la main, comme tu le ferais pour tes enfants. Parce que tu le mérites. Parce que tu en as besoin. Et parce que finalement, c’est ce dont tes enfants ont le plus besoin : une maman qui va bien et tout d’abord une maman qui est bienveillante envers elle-même.
