Quand le vent souffle fort
Que les arbres se dénudent
Quand l’automne me rappelle que la vie va selon son rythme
Je m’endors au bruit de la pluie et du vent
Et du temps qui s’envole
Le soir, le soleil se couche sur la pointe des pieds
Il a joué à cache-cache toute la journée
Ses rayons perçant la brume matinale
Jouent ensuite à saute-mouton sur les fleurs colorées des arbres enchantés
Pour ensuite s’isoler derrière un gros nuage bien gris
Laissant pleuvoir de lourdes gouttes sur nos souliers
C’est l’automne et tout comme cette lumière vacille, indécise
Au long des journées qui s’abrègent
J’oscille, fébrile, entre nostalgie, espoirs et regrets
Je voudrais tout éclairer, tout maîtriser, tout voir et tout gérer
Et pourtant, il me faut laisser faire les saisons
Le vent, le froid, la brume qui s’installe
Je regarde autour de moi, m’émerveille
Magie de l’automne, envoûtant, féérique
Mais moi, bien au chaud, lovée dans mon gilet douillet
Je me sens un peu débordée par ce temps qui passe
Les feuilles qui tombent, les jours qui s’en vont
Je voudrais garder tous ces moments bien serrés contre moi
Mes enfants, au creux de mes bras
Ma jeunesse, mon temps, mes rêves, mes parents
Que rien ne change et pourtant
Tout se transforme, tout bouge
Je souris, je pleure de voir mes enfants grandir
Je souris, je pleure, d’observer mon corps vieillir
Je souris, je pleure du peu de contrôle que j’exerce vraiment
Je souris, je pleure de tout ce qui m’est donné en plus
Bien au-delà de mes espérances, bien au-delà de mes mérites
La vie est un cadeau
Le vent souffle dans les branches, les feuilles s’envolent
J’aimerais suspendre un instant ce moment, comme une éternité
Laisser au vent le soin d’emporter mes soucis, mes peurs et mes doutes
Laisser au vent la douceur de me murmurer que tout va bien
Laisser le vent me chanter une berceuse de l’automne
Celle qui me rappelle que tout vient et repart
Mais que rien ne se perd
Que la beauté se trouve dans le lâcher-prise
Que, même quand tout semble dormir
La sève continue de courir sous l’écorce
Que je ne me suis pas perdue… que je me suis trouvée
Et que si, un jour, le vent souffle trop fort et que je perds pied
Je trouverai la force de me relever
Et que je peux laisser voler les pensées, les laisser passer, ne pas les retenir
Et que je peux m’endormir, aimée, au creux de l’automne
Petite, toute petite, sous les ailes du vent, au creux d’un abri
Au son d’une berceuse d’automne, soufflée par le vent
« Tu es aimée, tu es précieuse
Tu es unique, tu es fabuleuse
Tu peux rire et pleurer
Vivre et laisser vivre
Tout mue, tout se transforme
Rien ne se perd
Repose-toi. »