Apocalypse now - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Apocalypse now

Anna Latron 8 août 2019
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Rendez-vous à 17 heures au bord de la piscine après avoir pris possession de vos chambres !

Sur le papier, ça avait l’air génial :

3 jours de réunion de famille dans un hôtel avec piscine. Mais quand j’ai vu ma cousine – sans enfants – descendre de sa chambre avec un mini sac (trop mimi), sa crème solaire, son roman et ses écouteurs, j’ai pris en pleine face le fait que mon programme serait bien moins farniente (dans sa version Mojito) que le sien.

Mettre les brassards avant qu’ils ne plongent dans l’eau, remonter dans la chambre chercher les biscuits pour le goûter (heureusement que j’ai pensé à en apporter), monter avec la mauvaise clé, donc redescendre… et enfin, m’asseoir sur le bord de la piscine pour les surveiller tout en papotant avec ma tante.

Profiter de cette fin d’après-midi estivale les doigts de pied dans l’eau : finalement, pas mal ce programme ! 

Regarde, maman, y’a des crottes dans la petite piscine !

L’illusion aura été de courte durée.

Évidemment, le chapelet foncé qui fait fuir tous les usagers de la piscine sort tout droit du caleçon de mon fils. Alors qu’il est propre depuis plusieurs semaines, il fallait que l’accident se produise dans une piscine (pas sur la plage, c’eut été trop simple), pas dans la nôtre (dans celle d’un hôtel), et sous les yeux de trente personnes (minimum).

C’en est trop pour moi. Après évacuation de tous les baigneurs, l’affrontement des regards accusateurs et le refuge dans notre chambre, je m’isole sur le balcon pour ouvrir les vannes : je pleure silencieusement tandis que mes garçons regardent Pat Patrouille (encore une fois, merci à elle). La fatigue de la journée s’envole à mesure que les larmes coulent : sur leur passage, elles emportent les 3 heures de ménage et de bagages du matin, les 4 heures de trajet dont un énorme bouchon (qui a interrompu la sieste prématurément) et l’arrivée dans l’hôtel (précision utile : chez mon aîné atteint d’autisme, qui dit nouveauté dit excitation ingérable suivie de crises interminables).

Et puis ça repart.

Cette petite séance de larmes, en purgeant les tensions de la journée, m’a permis de vivre à fond ces retrouvailles familiales autour d’une grand-mère qui souffle ses 90 bougies.

Oui, bon, son fils a lâché quelques crottes dans une piscine, ça n’est pas non plus la fin du monde !

Ok, mais ça, c’était avant le drame. Le lever de la sieste, le lendemain, me donne l’occasion d’aller encore un peu plus loin dans le lâcher prise et l’indispensable recul sur le quotidien.

J’entre dans la chambre de numéro 2 (celui qui m’a foutu une sacrée honte la veille) et le trouve endormi dans son lit parapluie. Sauf qu’il est tout nu – c’est-à-dire sans couche – et qu’il flotte dans la pièce une odeur âcre et familière.

C’est alors que mon regard s’attarde sur le sol :

la couche y gît, ouverte… et pleine.

Après avoir réussi à sortir de son lit (en même temps, étant donnée l’exiguïté de la chambre, on a dû coller le lit parapluie au lit d’appoint) et retiré sa couche, ce petit filou a tout simplement joué à la peinture avec son contenu, puis s’est essuyé les doigts sur la housse de couette (blanche, évidemment).

Ayant probablement jugé que ses doigts étaient encore un peu sales, il a donc pénétré dans la salle de bains, déroulé trois rouleaux de papier toilette dans la cuvette avant de tirer la chasse plusieurs fois, déclenchant donc le bouquet final de sa bêtise, à savoir l’inondation de ladite salle de bains. Ce que je n’arrive pas à définir avec plus de précision, c’est l’ordre dans lequel il a procédé : a-t-il vidé l’intégralité du contenu de nos trousses de toilette sur le carrelage avant ou après que la cuvette des toilettes ait débordé ? Je me le demande. Ce que je comprends bien, en revanche, c’est que sa petite session acrobatie-peinture-plomberie-maquillage-ouverture de tubes de pommade a fini par avoir raison de son dynamisme puisqu’il est finalement revenu dans son lit pour y tomber dans un sommeil profond.

Me voilà donc assise sur notre lit

(heureusement épargné par la peinture naturelle et odorante made in monfils), observant la scène telle un enquêteur de la criminelle, oscillant entre l’envie de hurler (ce qui le réveillerait) et celle de rire (même conséquence). Je choisis de m’atteler silencieusement à l’étape nettoyage, puisque l’équipe scientifique est passée (c’est-à-dire que mon smartphone a immortalisé la scène) et que le principal suspect se repose de ses émotions.

Les genoux dans l’eau, les mains dans la matière organique de ma progéniture, je rassemble mon maquillage foutu avant de reboucher le tube de Biafine et celui d’Homéoplasmine. Alors que mon calme m’étonne moi-même, une pensée s’impose, me rappelant à mon humanité de mère dépassée : Vivement la rentrée !

Assise dans le couloir, adossée à ma porte, je décide d’en rire. Je prends un petit moment pour choisir précieusement mes mots et relater, du mieux que je peux, ma découverte d’après-sieste à mes proches installés dans des transats. Autant en profiter pour faire rire la galerie, non ?



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Cet article a été écrit par :
Anna Latron

Journaliste de formation, Anna Latron collabore à plusieurs magazines, sites et radios avant de devenir rédactrice en chef du site Fabuleuses au foyer et collaboratrice d’Hélène Bonhomme au sein du programme de formation continue Le Village. Mariée à son Fabuleux depuis 14 ans, elle est la maman de deux garçons dont l'aîné est atteint d’un trouble du spectre de l’autisme.

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