Peu de personnes ont le talent qu’avait ma mère pour écouter, regarder et trouver le cadeau qui va bien, sans avoir à poser la question.
À quelques semaines de mon anniversaire, quelques amis bien intentionnés ont commencé les manœuvres d’approche… et je me suis trouvée bien embêtée pour leur fournir les pistes de cadeaux qu’ils me demandaient de leur souffler.
Il y a les idées humanistes :
- La fin de la guerre et de la famine dans le monde
- Que l’Homme soit plus intéressé par la Terre que par son portefeuille
- Qu’on mette en place un programme de préparation à la parentalité (et pas seulement à l’accouchement)
Pas très réaliste…
Alors, de quoi ai-je besoin ?
- D’un bureau avec de la lumière naturelle
- Que nos finances me permettent de prendre des jours off plus souvent
- Avoir une vie sociale plus riche
Pas facile à emballer dans du papier cadeau…
Le changement de dizaine, déclencheur de l’épineuse question sur ce que j’aimerais qu’on m’offre, m’amène à faire un petit bilan :
- À 20 ans, je désespérais de ne pas avoir de mec (il m’a fallu 7 ans de plus pour trouver ma perle rare)
- À 30 ans, je désespérais de ne pas avoir d’enfant (2 et 4 ans plus tard, ma morue et mon chameau ont débarqué, suivis d’un burn-out maternel)
- À 40 ans, je ne désespère pas, mais je pense à ma mère qui est décédée à l’aube de ses 49 ans et qui a longtemps été dépressive d’être partie en préretraite… Élever ses filles, c’était bien mais elle se sentait totalement inutile à la société.
Alors s’il ne me restait que 6 mois à vivre, qu’est-ce que je voudrais faire du temps qu’il me reste ?
Qu’est-ce que je voudrais qu’on grave sur mon urne funéraire ? J’ai réfléchi et j’ai trouvé… J’ai réussi à faire rire ma mère le dernier jour de sa vie. Mon homme dit que je suis la femme la plus drôle du monde. Et je crois bien que j’ai réussi à faire sourire, voire rire, quelques Fabuleuses. Voilà, c’est ça, je ne veux plus me sentir inutile, inférieure et transparente : je veux être source de joie. Et telle une petite fée, saupoudrer ma vie et celles des autres de sourires et de rires.
Je veux être une Féebuleuse rayonnante et inspirante.
– Joanna ?
– Oui.
– Ça ne nous donne toujours pas d’idée de cadeaux !
– C’est vrai.
Je sais que le jour de mon anniversaire, je ne vais pas travailler. Ça me laisse donc 7h30 de liberté entre le moment où je dépose les enfants à l’école et le moment où je vais les récupérer. Aucune idée de ce que je vais en faire. Je pensais bien organiser un truc pour le soir, mais un copain nous a invités pour l’anniversaire de sa fille.
– Mais, c’est mes 40 ans !
– Oui, bah ça sera l’anniversaire de ma fille.
Je ne peux rien organiser le samedi parce que ce sont les 10 ans de mariage de copains. Je ne peux rien proposer le vendredi soir parce que c’est l’anniversaire d’une ado… Et moi, alors dans tout ça ?
Et voilà, comme d’habitude, je passe après tout le monde… Snif.
Une fois sortie de cette morosité pas très fabuleuse, un matin, lors d’un footing, j’ai réalisé que j’aurai 40 ans pendant 365 jours. Conclusion ? Je peux bien laisser la place à cette adorable ado et puis je peux copier cet autre copain, qui, en pleine année de confinement, a fêté presque 40 fois ses 40 ans en profitant des petits espaces de liberté entre deux phases de restrictions…
Donc, pour mon anniversaire, j’ai envie :
- De faire la fête ou même juste un apéro, d’être la reine de la fête et même de danser
- De reprendre la danse l’année prochaine
- D’avoir moins de ventre…
– Joanna !!!
– Oui ?
– Tu veux être une Féebuleuse saupoudreuse de sourires, avoir un nouveau bureau, une vie sociale digne de ce nom, une fête du tonnerre… mais c’est à toi de te bouger les fesses pour avoir tout ça !
– Ah oui, tiens, c’est vrai…
– Et dooooonc, nous, qu’est-ce qu’on peut t’offrir, concrètement ?
– Alors vous pouvez miser sur les valeurs sûres : un week-end en amoureux ou entre potes, des places de concert, des livres et des bons cadeaux pour des vêtements tout neufs et à ma taille.
– Ah bah voilà ! Merci pour les idées.
– Mais de rien.
…
– Psssst, hey, Jo…
– Oui ?
– Tu vas pouvoir dormir maintenant que tu as écrit ce texte ?
– Ouais, carrément !
– Bonne nuit, Jo.
– Merci, Jo. À toi aussi.