Un soir de semaine, vers 21 h 30, le WhatsApp de copines a vibré. « Les filles, c’est quoi le secret pour gérer les dîners, chez vous ? À quelle heure dînez-vous avec votre Fabuleux ? Je n’y arrive pas, moi. Ici, ça commence à peine à cuire, pour nous deux… ».
Illico, parce que j’adore qu’on me demande des conseils, j’ai tapé :
« Olaaaa tu te prends trop la tête, on dîne tous ensemble et c’est réglé ! À la limite, mixe un peu pour ta dernière. »
Puis le groupe a vibré en continu et j’ai pensé à toi, chère Fabuleuse, dont le Fabuleux rentre tard tous les soirs ou travaille en horaires décalés, à toi dont la petite dernière rentre si fatiguée de la crèche qu’elle s’endort à 18 h, à peine déposée dans sa poussette ou sanglée dans son siège auto, à toi dont l’aîné est devenu si compliqué que tu tournes à trois plats, toujours les mêmes, à toi dont la fille n’a jamais faim parce qu’elle est sous traitement pour son TDAH, à toi dont le cadet est intolérant au lait de vache, aux œufs et au gluten.
Bref, oui, quand on a les contraintes que mon amie a, c’est mission impossible de fonctionner avec un plat unique, cuisiné par le Fabuleux une fois sur deux (répartition des tâches oblige) et de coucher les enfants tous en même temps, à 20 h après avoir dîné ensemble.
Heureusement, mes amies et moi sommes dans des configurations toutes différentes et j’ai trouvé dans la suite de la conversation des supers idées à te proposer !
1. Le goûter-dîner
À 18 h pétantes, tu dégaines ton arme fatale de soirs de flemme : tartines beurrées, chocolat chaud. Chez nous, le vendredi soir, c’était bouillie au chocolat (sorte de béchamel, mais avec du cacao et du sucre dedans). À 19 h 30, les enfants roulent péniblement dans leur lit pour digérer leur parpaing de farine gonflée de lait. Te voilà libre de cuisiner pour le deuxième service — attendre que le Fabuleux rentre et se mette aux fourneaux (barrer la mention inutile).
2. Un repas d’avance
Il faut tout décaler ! Le lundi, préparation d’un repas pour la famille complète, sauf que seuls les adultes le mangent. Le reste est servi le mardi aux enfants, pendant que le repas suivant cuit dans la sérénité (puisqu’il n’est pas censé être prêt pour les enfants avant le lendemain).
3. Réchauffé, c’est encore meilleur
On s’interdit souvent de servir deux fois le même plat dans la semaine, mais pourquoi ? À l’heure où j’écris cet article, j’ai dans mon frigo un demi-gratin butternut-confit de canard cuisiné dimanche que je n’ai plus qu’à réchauffer (j’avais prévu pour 12 au lieu de 6), et une demi-casserole de soupe de poireaux qui date de lundi. Bim, ces restes feront un excellent dîner mardi.
4. Le batch cooking
J’ai une amie qui cuisine tout son dimanche matin, qui met au frais la moitié de ses œuvres et au congélateur l’autre moitié. Ainsi, elle a les repas de quatre jours au moins déjà prêts avant même de démarrer sa semaine. Elle a toute mon admiration, je ne me sens absolument pas capable d’une telle organisation.
5. Les plats customisables
Pour les enfants : épinards à la crème et poisson (pané pour les plus foufous). Une heure plus tard, tu casses 3 œufs dans ton reste d’épinards, tu ajoutes une cuillère à soupe de Maïzena, une poignée de gruyère et te voilà avec un super gratin dans le four pour les adultes. Fonctionne aussi avec les carottes râpées et toutes sortes de légumes qui passent de crus à cuits pour toujours plus de folie !
6. Anticipation à la Bree Van de Kamp
On s’en fait parfois une montagne, mais prévoir les menus de la semaine à l’avance, ça permet de gagner du temps à tous les étages :
- les courses se font en 2/2
- tu ne perds pas 20 minutes, immobile devant ton frigo ouvert, à te demander ce que tu pourrais bien faire pour le dîner
- tu évites toute récrimination en affichant le menu sur le frigo : c’est comme à la cantine, non négociable
- tu mutualises les bonnes volontés et tu varies les menus en partageant les idées avec d’autres Fabuleuses, chacune sa semaine !
7. Les sachets-survie
Dans le frigo de ma copine Micheline, il y a toujours :
- des gnocchis XXL (zéro récrimination, zéro prise de tête)
- des ravioles du Dauphiné (même combat)
- un plateau de fromages pour étoffer un dîner de restes un peu light
- une pâte à tarte prête à l’emploi pour cuisiner un « Fourzitou » (Fourre-z’y tout) en deux minutes
- un truc à tartiner genre Houmous, rillettes de poisson, guacamole pour faire patienter pendant que le reste cuit
Dans son congélo il y a toujours :
- un sachet de légumes wok de chez Pivard
- des poissons panés
- des épinards à la crème
- des purées de légumes (céleri, carottes)
Dans son placard il y a toujours :
- des bocaux de légumes (petit pois carottes, ratatouille)
- des bocaux d’Axoa de veau, boîtes de maquereaux
- de la purée Mousline et du mélange Quinoa-Boulgour pour aller avec la ligne d’au-dessus.
- des œufs. Beaucoup, beaucoup d’œufs.
Comme ça, quand elle n’a le courage de rien et qu’elle a déjà fait le goûter-dîner la veille, elle n’est pas dépourvue.
8. Alterner les combats
Laver ses trois petits ajoutait à la difficulté de mon amie, qui devait lancer une cuisson avant de faire couler le bain, revenir touiller en espérant que les grandes ne vident pas la bouteille de shampooing dans l’eau, zut, ça attache dans le fond, rincer les cheveux et installer tout le monde à table, épuisée avant même le début du premier service. Question : qui a dit que les enfants devaient se laver tous les jours ? De mon côté, depuis que j’ai trois enfants, j’ai lâché l’affaire. Dès 6 ans, ils prennent leur douche tout seuls (quand je pense à le leur rappeler). Je sais que je retrouve la salle de bain dans un état post-apocalyptique, mais pas grave, parce que c’est le soir où je ne cuisine pas, je peux donc calmement superviser une remise en état. Et quand je cuisine, ils ne se lavent pas. Un soir sur deux, change de combat !
9. Ça ne va pas durer toujours
Quelles que soient tes difficultés, tes prises de tête culinaires ou organisationnelles, sois rassurée : ça ne durera pas toute ta vie. Comme dirait Rebecca, « c’est une période, et elle passera ». Dans quelques mois, ces souvenirs de double voire de triple service ne seront qu’un lointain souvenir. La question pour toi aujourd’hui est : connaissant l’état de tes ressources, sur quoi veux-tu vraiment te battre ? L’heure du coucher ? L’hygiène quotidienne ? Un plat cuisiné différent par jour ? Tout est louable, mais pas tout en même temps 😉
PS. Si c’est ton Fabuleux qui est chargé de l’intendance du soir, n’hésite pas à lui envoyer ce texte 🙂