Chère Fabuleuse,
Qu’elles se soient déroulées chez toi ou ailleurs, tu rapportes de tes vacances quelques souvenirs qui vont t’aider à surmonter le retour du quotidien. Sortes d’objets transitionnels, plus ou moins jolis, plus ou moins utiles, comme cette amphore en céramique que tu ne sais déjà pas trop où poser dans ton appartement ou ce tableau réalisé par ta fille en sable de couleur collé sur une feuille de Canson.
Cependant, il existe certains souvenirs de vacances qu’on préfère passer sous silence.
Parce que c’est un peu la honte, non ?
1- La poêlée forestière
Dit comme ça, ça sonne plutôt automnal. Mais je ne parle pas de ces jolies girolles ramassées au pied des pins du Livradois-Forez, ni des cèpes d’été qu’on trouve dans le sud-ouest en juillet (mais je ne dirai pas où, c’est sacré, un coin à champis). Je parle de ces charmantes mycoses qui se logent entre les doigts de pied pour cause de port continu d’espadrilles humides ou bien celles que tu as accepté d’héberger en plongeant tes orteils dans le pédiluve. C’est un souvenir tenace et sur lequel on préfère rester discrets, surtout connaissant le remède proposé en pharmacie.
[belle-maman] : Qui sniffe de la coke sur l’abattant des toilettes ?
[toi] : Chhhuuuut belle-maman, c’est pas d’ la coke, c’est du Pevaril © en poudre…
2- Le selfie avec Patrick Puydebat
Mais siiii, LE Nicolas d’Hélène et les garçons et des Vacances de l’amour ! Tu l’as croisé dans la file du Proxi de Jard-sur-mer, l’occasion était trop belle. En plus tu étais bronzée de toute beauté et il était là, si accessible avec ses tongs et son cabas résille, que tu t’es lancée.
– Heu, sioupléééé, je peux faire une photo ? Avec vous ? Et moi que je suis dessus aussi ?
– Un selfie ? Yes, bien sûr, t’a-t-il répondu, avec son sourire craquant.
– Merci Nicollllll… Patrick.
Ce selfie, il t’a d’abord ravie. Tu l’as montré en gloussant à ton Fabuleux, mais à l’instant de le partager à ton groupe de copines, ton pouce a hésité. Ça serait pas un peu la honte quand même ? C’est pas Patrick Bruel, faut reconnaître. Par conséquent, cette photo brièvement glorieuse dort dans les archives de ton téléphone.
3- La révolutionnaire machine à chichi
Il était tellement fort, tellement convaincant, ce démonstrateur croisé sur le marché. Sans rire, il y avait un véritable attroupement autour de son stand tandis qu’il faisait jaillir la pâte à chichi en serpentins parfaits. Tu t’es presque battue pour arracher un exemplaire de ce gadget vraiment pas cher, tu as même écrasé le pied nu de ta voisine de gauche qui t’enfonçait son cabas dans les côtes pour te passer devant. Mais c’est toi qui as gagné. Maintenant que l’été se termine, tu regardes tristement ta cuisine et ses placards bourrés à craquer dont aucun ne peut contenir la machine à chichis. Le potentiel désirable de l’objet s’étiole comme ton bronzage et tu vas le planquer dans le cimetière des objets de l’été où il rejoint la râpe multifonction, le presse-agrume qui trie la pulpe, le galet dépilatoire magique et le bandana multifonctions.
4- Le sweat “Jullouville, ville d’art et d’histoire”
Cet été, vue la météo, personne n’avait prévu de vêtements chauds dans son bagage. Même pour passer les vacances dans la Manche (sans rire, il a fait très très chaud dans la Manche mais il faut bien que je place mon sweat, j’y tiens !). Tu t’es donc retrouvée fort démunie lorsque la fraîcheur des soirées t’a collé la goutte au nez, tandis que tu paradais en crop top. Après avoir fait valser ton Spritz en éternuant dans ton verre, tu t’es résolue à chercher une solution dans un rayon de 200 mètres. La boutique de la plage proposait des sweats chauvins, tu as dit “OK”. Aujourd’hui, tu te demandes quand tu vas bien pouvoir le porter. Il rejoint donc l’étagère où ta casquette Puy du fou et tes claquettes Thalazur prennent la poussière.
5- La marque de bronzage absurde.
Ah, ça, tu as ri comme une baleine quand ton Fabuleux a commencé à se raser la barbe en prévision du retour au turbin. Il s’est arrêté au favori gauche quand il s’est aperçu du contraste puissamment comique entre sa pommette bronzée et sa peau-sous-poils plus blanche que blanche. Il va devoir garder son look Capitaine Haddock jusqu’en novembre, quoi qu’en dise son patron. Tu t’es donc gondolée jusqu’au moment où tu as retiré tes fabuleuses spartiates. La mode cette année, c’était le laçage qui remonte jusqu’à mi-mollet. Tu les adores, tu ne les as pas quittées de l’été, même pour dormir ou presque. Il est donc tout à fait naturel que tu retrouves tes deux tibias couverts de zébrures. Pour toi, c’est pantalon dès le 1er septembre, tu as gâché l’opportunité d’exhiber tes gambettes caramel. Vanille-caramel.