Qui l’aurait cru ? L’école à la maison est désormais la norme. L’école à la maison ? Pas vraiment en fait, du moins pas l’instruction en famille, celle qui est choisie par les parents. Ici, il s’agit des leçons à la maison avec un programme imposé.
Enfants confinés. Familles confinées. Contraintes. Limitation des mouvements. Limitation des sorties. Contraintes. Obligation des leçons. Obligation d’un programme imposé sans maîtriser ce programme. Contraintes. Tensions. Explosions trop fréquentes. Mais alors, comment réagir ?
Comment gérer au mieux certains moments difficiles ?
J’ai eu envie de partager avec vous des pistes pour gérer au mieux cette situation inédite. En effet, ancienne maman sans école jusqu’au bac, auteure de plusieurs livres sur le sujet, je connais bien le sujet de l’école à la maison, de ses joies et de ses doutes. Je vous propose donc quelques pistes pour un quotidien plus serein.
1- Comprendre
À la lecture du début de mon article, vous réalisez (si besoin car je pense que vous n’aviez pas besoin de moi pour le faire !) combien la pression des contraintes est pesante. Or pression et contraintes sont des engrais pour les conflits.
Je vous encourage donc à écouter votre enfant se plaindre de ces contraintes, après tout, il a des raisons de se sentir frustré ou même en colère. Discutez avec lui des raisons du confinement (avec des mots simples et rassurants : les risques pour les enfants sont quasi nuls). Mais laissez-le tout de même dire ce qu’il ressent.
Ressentez votre propre frustration, votre propre colère face à la situation et peut-être face à des devoirs et un rôle que vous devez assumer et que vous n’avez pas choisi.
2- Gestion de l’espace
Si certains enfants parviennent à étudier dans le bruit, ça ne sera pas le cas de la majorité des enfants. Essayez de trouver avec lui un lieu calme, soit par exemple en utilisant un minuteur pour une chambre partagée et durant le temps minuté, l’enfant peut être en paix pour étudier ; soit en lui permettant d’étudier dans votre chambre par exemple.
Être assis à une table n’est pas une obligation. On peut étudier partout ! On peut étudier à l’extérieur ou bien sur le sol ! On peut étudier assis ou bien debout.
Certains enfants ont un besoin vital de bouger (c’est d’ailleurs une des raisons des tensions après école) : eh bien profitez de ce temps hors école pour libérer votre enfant ! Laissez-le bouger autant qu’il en a besoin. Pour l’anecdote, une de mes enfants était plutôt « remuante » et lorsque nous avons commencé l’instruction en famille, elle tournait en cercle autour de la table, s’interrompant uniquement pour écrire quelques minutes à peine et repartir. Ce mouvement constant s’est apaisé avec le temps, elle avait simplement besoin de décharger l’énergie retenue à l’école.
3- Gestion du temps
La gestion du temps dépend d’un certain nombre de facteurs : vos besoins d’organisation, le nombre d’enfants, leurs besoins particuliers ou pas et leur âge.
Certains enfants aimeront une routine particulière et en ce temps de confinement un peu flou et effrayant pour les enfants, la routine peut être résolument un plus.
Mais la routine ne doit pas devenir contrainte trop forte ou bien vous risquez de nouveaux conflits-contraintes. N’ayez pas peur d’être souple dans votre routine !
De plus, l’école prévoit que les enfants se lèvent tôt et commencent à 9 H pour les plus jeunes et 8 H pour les autres. Or, ce rythme ne correspond pas à tous les enfants et c’est en particulier vrai pour les ados. Les ados sont physiologiquement faits pour s’endormir tard et se lever tard. En fait, ils sont généralement plus productifs l’après-midi.
Concernant le temps d’instruction, à titre indicatif un enfant instruit en famille niveau primaire étudie en général à peu près 2 heures (pour le CP) – et jusqu’à 3 ou 4 heures par jour.
4- Favoriser l’autonomie
Afin de favoriser leur autonomie, de vous simplifier le quotidien et d’avoir de meilleures relations, vous pouvez réaliser un petit conseil de famille où chacun exprime ses besoins (besoins également de temps de présence parentale, pour les leçons ou simplement un moment ensemble).
Vous pourrez également organiser les leçons imposées avec ce qui peut être réalisé seul(e ) et les moments où on aura besoin de vous. Savoir que vous allez être présente ou présent pour tel ou tel point est rassurant pour l’enfant. Il SAIT que vous serez là.
D’autre part, une avalanche de supports gratuits circule actuellement sur le net. Deux risques sont présents :
- « Apprendre n’importe quoi », c’est donc une occasion rêvée d’inciter votre enfant à exercer son esprit critique en vérifiant qui propose quoi et si ce qui est dit est juste.
- La surcharge ! Le parent effrayé par le fait que son enfant manque ou échoue peut être tenté de présenter trop de supports, l’enfant est alors écrasé sous le poids des propositions et ressentir une forte tension liée à une pression induite de tout faire, tout réussir.
Les enseignants donnent déjà des leçons. Si vous voulez ajouter un autre support scolaire, pointez uniquement ce qui pose vraiment souci pour compléter. Je vous encourage vivement à passer par des manipulations si votre enfant a des difficultés d’apprentissage. De plus, cela peut-être une occasion de choisir tout simplement d’autres façons d’apprendre. « L’école à la maison » imposée devient alors source d’expérience enrichissante !
5- Vivre une nouvelle relation
Ce temps de confinement peut également être une fabuleuse occasion de se retrouver, de se redécouvrir.
C’est le moment pour jouer ensemble ou entreprendre des projets ensemble : faire son pain soi-même par exemple ou jardiner ou bien d’autres découvertes encore.
Ne cherchez pas à jouer les maîtresses ou maîtres d’école. En instruction en famille, les relations les plus pacifiées sont généralement lorsque le parent choisit une instruction horizontale, c’est-à-dire lorsque le parent découvre avec l’enfant. Aucun de nous n’a la science infuse, aucun de nous ne maîtrise tout. Découvrir que son parent ne sait pas, c’est aussi comprendre qu’on apprend chaque jour. Et c’est encore mieux lorsque c’est ensemble, lorsqu’on échange.
Et puis, communiquez avec vos proches. La promiscuité est parfois pesante. Être parfois un parent dragon ou avoir parfois un enfant dragonnet, c’est naturel ! Soufflez. Prenez un moment pour vous. Echangez si besoin. Puis profitez de ce temps hors du temps pour mieux rencontrer votre enfant.
Ce texte nous a été transmis par Isa, une Fabuleuse maman, créatrice du Monde de Mei et Noé