121 et tu ne devrais jamais en faire partie.
121 femmes mortes en 2018 en France sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint.
121 et tu ne devrais jamais en faire partie.
121 féminicides de trop dans le pays de la liberté, de l’égalité et…de la fraternité.
121 meurtres trop proches, trop cruels, trop injustes et qui se répètent encore en 2020.
121 femmes qui s’en vont, écrasées, fauchées, détruites par la violence d’un homme.
121 victimes de trop, la partie émergée de l’iceberg : sous l’eau, des milliers d’autres victimes en danger !
121 Fabuleuses et mes larmes, impuissantes, et mes mots pour crier, et des autorités qui sous-utilisent les outils existants…
Alors, si tu me lis et qu’il t’isole, te tourmente, te menace, te dénigre, s’il te fait payer ses tourments.
- Si tu me lis, la gorge nouée, parce que t’as déjà tout tourné et retourné dans ta tête, que tu te sens coincée…
- Si tu me lis et que tu as peur qu’un jour aussi lui ne voie plus que rouge et qu’il oublie que tu n’es pas un meuble, une porte, de béton ou de bois mais bien une personne de chair et d’os et qu’il t’éclate la tronche sans broncher…
- Si tu me lis et que tu calcules dès le matin comment ne pas réveiller ses « démons intérieurs », sa colère qui sommeille, si tu penses que tu peux éviter la prochaine baffe, le prochain viol, la prochaine crise…
- Si tu me lis et qu’on t’a toujours dit qu’il faut rester, essayer de résoudre les problèmes, être patiente, être soumise… que tu sens vibrer en lui cet enfant blessé dont tu aimerais tellement prendre soin mais qui indéniablement te détruit.
- Si tu me lis et que tu penses qu’il a besoin d’aide et que tu sais gérer, qu’au fond tu te sens intérieurement encore plus forte que lui…
- Si tu me lis en pensant qu’un jour il sera trop tard et que tu feras grossir ce chiffre honteux des 121….
Alors pars.
S’il te plaît, pars.
Pars.
Ne te mets pas en danger, ne le menace pas de partir mais pars. SAUVE-TOI !
« Mais Rebecca, c’est dur, c’est humiliant de partir et de devoir se faire aider »
Oh oui, c’est dur mais ça ne devrait être ni humiliant, ni honteux de te faire aider. Moi, je trouverais que tu es courageuse, courageuse de fuir, courageuse de te mettre à l’abri, courageuse de savoir que tu ne peux pas l’aider.
Parce que tu ne peux pas l’aider.
Toi, non… tu ne peux pas l’aider et si tu restes, il risque de te détruire complètement, te piétiner, réduire à néant ton estime de toi et l’âme de tes enfants aussi.
Il a mal, il est mal, OK… mais ça ne justifie rien.
Toi, tu ne pourras pas le guérir, et aucune de ses décharges agressives sur ta poire ne le soulagera assez… C’est un trou noir, profond et bien souvent créé par les coups qu’il a lui-même reçus. Il est marqué au fer rouge… mais ça ne justifie rien.
121, c’est le nombre des femmes mortes sous les coups de leur conjoint ou de leur ex-conjoint en 2018…
C’est aussi le nombre d’hommes dont la société a espéré qu’ils changeront, qu’on a « excusé », pas puni, pas vu comme ce qu’ils sont : une arme chargée, pointée directement sur la tempe de celles qu’ils disent aimer « à la vie, à la mort ».
121 multiplié par beaucoup trop… beaucoup trop de souffrance, d’agressions, de danger… pour ces femmes, jeunes ou moins jeunes qui ont déjà tant à porter.
On ferme un œil, on espère, on encourage, on se TROMPE et rien ne change vraiment ! Les associations d’aide aux femmes réclament plus de moyens, plus de places en centre d’accueil d’urgence et une plus grande utilisation encore des moyens existants : le téléphone grave danger, les bracelets anti-rapprochement, des mesures d’accompagnement protégé…
Alors pars, pars sans prévenir…
…mets-toi en sécurité (oui, c’est un moment encore plus dangereux, il ne veut pas te perdre, il ne peut pas te perdre, il pètera un câble). Pars et trouve refuge dans un foyer dont l’organisation t’aidera et te soutiendra… et laisse-le toucher le fond de son trou noir. Peut-être finira-t-il par se faire aider. Peu importe : pars pour toi, pars pour tes enfants, pars pour vivre. Tu mérites mieux, et s’il a frappé c’est à cause de lui, pas à cause de toi, et jamais, jamais tu ne pourras le sauver de lui-même. Tu ne peux que te sauver toi-même et tes enfants si tu en as.
- Pour la France : https://stop-violences-femmes.gouv.fr/ – numéro de téléphone 3919
- Pour la Belgique : https://www.ecouteviolencesconjugales.be/ – numéro de téléphone 080030030
- Pour la Suisse : https://www.violencequefaire.ch/
Et si par hasard tu me lis et que c’est toi qui, de « temps en temps », lèves la main sur ta Fabuleuse ou encore qui la frappes, qui cognes, qui tabasses, qui es violent et parfois qui perds tout contrôle… Bouge-toi ! Protège ton entourage de cette violence qui sort de toi.
Cherche de l’aide !
PARLE ! Assume les conséquences de tes actes. Rien ne changera si tu nies la gravité de l’affaire. C’est ta responsabilité de chercher une aide efficace pour changer. Il n’y a pas d’excuses valables et rien ne justifie d’avoir recours à la violence, d’agresser les autres.
À l’école, un jeune garçon frappe son frère, mon mari intervient et dit : « Personne ne frappe l’autre »… et le petit gamin lui répond : « C’est pas grave, c’est mon frère ».
Si ! C’est grave !
Et c’est grave de frapper sa femme (ou son mari, parce qu’ils existent aussi, et si en 2018 on parle de 121 femmes, il y a eu aussi 28 hommes, tués sous les coups de leur conjointe ou ex-conjointe), c’est punissable, c’est un délit, c’est interdit.
Alors, si ton système interne déraille, va le faire checker et mets tout en place pour essayer de le réparer (eh oui, si tu vas de temps en temps chez le dentiste pour pas finir sans dents à 60 ans, tu peux aussi aller chez le psy pour entretenir ta machinerie interne). C’est ta responsabilité. Vas-y !