Mes yeux sont encore englués et ma bouche toute pâteuse. Mon arrière-train se pose délicatement sur la cuvette. C’est alors que sans prévenir, une vigoureuse sensation de froid-mouillé achève de me réveiller. Les mots voudraient sortir de ma bouche, avec des éclairs et du tonnerre : “Mais pourquoi vous ne savez pas pisser DANS les wc, p* de b* de m* !!????”
Une fois de plus, ce sont donc mes cuisses qui ont pris.
Il est 6h28. Trop heureuse d’avoir encore quelques minutes de calme devant moi, je résiste à la tentation de gueuler tout de suite. Je me dirige vers la salle de bains, histoire de faire disparaître de la surface de ma pauvre peau de pêche les traces de liquide sorti de la vessie d’un autre (je précise que la pêche en question est un peu fripée mais ça compte comme une pêche quand même.)
Au petit-déjeuner, je googelise sur mon téléphone des solutions anti-pipi-sur-ma-cuvette. Dans mon dos, deux enfants de sexe masculin font un concours de rots. Debout dans ma cuisine, j’avale une infusion froide, et tout à coup, je me retrouve à l’affût d’un urinoir sur leboncoin — nan mais sérieux, on va quand même pas acheter ça d’occase !?
Et là, avant 8 heures du matin, je me marre toute seule en me repassant mentalement mon top de recherches Google des 5 dernières années :
- “comment installer un urinoir chez soi”
- “coloriage flash mcqueen gratuit”
- “coloriage pat patrouille gratuit”
- “coloriage ninjago gratuit”
- “techniques pour roter”
- “apprendre à décalotter”
- “mes enfants se frappent”
- “dispute frères comment séparer”
- “enfant en haut d’un arbre comment faire redescendre”
- “sos médecins gironde”
- “playmobil guerre”
- “vidéo gober flamby”
- “vidéo prout feu”
Oui, je confesse, je trouve ça drôle — allez chercher “vidéo prout feu” sur Youtube, vous serez étonnée — mouais, ça doit être de l’humour de maman de garçons…
Ces êtres humains qui affectionnent particulièrement :
- Sortir en short même quand il fait -15,
- boire le lait à la bouteille,
- faire du cheval sur le chien
- marquer leur territoire sur MA cuvette
- compter leurs 12 pauvres poils blonds sur le mollet
- vérifier tous les matins si par hasard ils ne seraient pas devenus plus forts que papa
- faire des bisous à leur mère, mais seulement dans le cou et seulement en faisant un énorme bruit de prout avec leurs lèvres et en laissant sur la nuque de leur génitrice une délicieuse couche de morve.
Être maman de garçon(s) ?
- C’est ton corps tout entier qui se transforme en circuit de Majorettes
- Ces gros câlins tellement puissants qu’ils te serrent la glotte au point de t’étouffer
- Ces “Oh, je t’adore comme ça” à chaque fois que tu sors un nouveau foulard de ton tiroir
- Et puis “Moi je te protège des araignées Maman”
- Ces “Mamans” qui une fois sur mille sortent non pas dans un hurlement, mais dans un doux murmure — murmure qui, même s’il pue un peu de la bouche, vaut tous les urinoirs du monde.
Allez une bise à vous, fabuleuses mamans de garçons, qui n’avez même pas peur de soulever une fesse pour péter en public (mais n’allez quand même pas y mettre le feu). De tout coeur, je vous souhaite de pouvoir vider votre vessie au sec. En attendant : vous êtes fabuleuse, vraiment !