Toi qui as posté un selfie, coiffée d’une charlotte, alors que tu étais « à 7 », prête à passer en salle d’accouchement ;
Toi qui inondes mon fil d’actualité des dernières nouvelles de la purée de carotte de ton chérubin ;
Toi qui mets en scène ta vie de famille avant de la publier sur Instagram, en prenant bien soin d’y appliquer un filtre discret, pour feindre le naturel ;
Toi qui es trop absorbée par ton smartphone pour remarquer que ton fils remonte le toboggan, bloquant ainsi une dizaine de petits innocents ;
Toi qui jalouses les blogueuses qui ne vêtissent leur progéniture que de Tartine et Chocolat, et dont les coussins brodés sont, tu ne sais par quel miracle, scintillants et à leur juste place ;
Toi qui te rassures en constatant que ta belle-soeur est encore plus accro à Facebook que toi ;
Toi qui éveilles la convoitise de tes amies, bernées par l’image impeccable que tu leur laisses entrevoir sur les réseaux sociaux ;
Toi qui exaspères les mères parfaites qui, elles, n’ont pas besoin d’une pause iPhone sur le banc du parc :
Besoin d’exister
J’ai besoin de m’évader. Après avoir joué les matons pendant plus de 9 heures d’affilée, évitant ainsi à un tube de dentifrice d’être avalé et à une boîte de cacao d’être éventrée, j’ai besoin de lâcher les fauves dans une aire de jeux, de me poser et de penser à autre chose. Mon seul compagnon étant mon smartphone à cette heure de la journée, on m’y trouve généralement plongée.
J’ai besoin d’exister. Puisque personne ne voit les exploits que j’accomplis au quotidien derrière les portes de mon foyer, pas même les bénéficiaires en question, qui ont encore du mal à m’octroyer un « s’il te plaît » ou à me gratifier d’un « merci », j’ai besoin de reconnaissance. Et je dois confesser que quelques likes sous une photo de mes anges blonds m’apportent un peu de réconfort, comme une rémunération de mon travail précieux mais invisible.
J’ai besoin d’envoyer un e-mail. Croyez-le ou non, je dois envoyer cet e-mail maintenant, tout de suite, alors que les enfants font mousser le bain, et ce, pour la pérennité de ma micro-entreprise.
Derrière les portes des foyers
À l’heure où, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, nous avons sous les yeux un aperçu de ce qui se passe derrière les portes des foyers, aperçu certes parfois lourd, voire carrément voyeuriste, certains se rient des MILK (Mother I’d Like to Kill), d’autres jugent les mères-façades. Mais qui voit l’appel des mères qui, au fond, cherchent à être reconnues ?
À l’heure où une maman sur deux serait accro à son smartphone, certains condamnent l’omniprésence de la technologie dans la vie de famille, d’autres applaudissent les courses en ligne et autres applications qui facilitent la vie des mères. Mais qui offre à sa voisine une heure de baby-sitting pour lui permettre de respirer un peu, autrement qu’un iPhone à la main ?
Et qui verra que, peut-être, elle a besoin de vraies amies, denrée rare depuis que les mères passent leur temps à se comparer sur Facebook ?
À l’heure où toutes formes de ressources sur la parentalité sont disponibles en ligne, les mères se ruent sur les articles du type « Les 5 Secrets des mamans idéales ».