— Allez, on file chez ta copine !
— Mais tu m’as dit qu’on irait demain…
— Oui, mais je t’ai dit ça hier, donc aujourd’hui, on y va !
— Ah, j’ai compris. Demain c’est aujourd’hui, c’est logique !
— …
Depuis que je suis maman, je me demande si le temps ne s’amuse pas à nous mener la vie dure, et parfois, comme je suis bouche bée devant ma fille de 4 ans qui croit qu’hier c’est aujourd’hui (mais heureusement, ça ira mieux demain), je reste perplexe face au temps qui passe.
Je ne sais pas vous, mais pour ma part, il y a des jours où je rêverais que les journées durent 48 h.
C’était le cas avant les vacances d’octobre. J’avais pour projet de corriger deux paquets de copies, récupérer ma fille pour lui éviter un jour de cantine supplémentaire (ce qui signifiait qu’il fallait donc aussi préparer un repas équilibré), arriver assez tôt au travail pour faire des photocopies, répondre aux parents angoissés avant le départ en vacances, sans oublier de rappeler à une élève qu’elle ne m’avait pas rendu son livre tout en gérant le dégât des eaux dans la salle de bain. Mon cerveau a surchauffé toute la journée. Finalement j’ai survécu, mais quand même, si j’avais eu 48 h pour tout gérer, ça aurait été royal ! Non ?
À l’inverse, quelques jours plus tard, je me suis demandé pourquoi certaines journées ne faisaient pas seulement 12 h ;
elles seraient sans doute beaucoup plus supportables ! Lorsque je me suis fait la réflexion, j’étais en « vacances », absorbée par la gestion d’une famille malade (même le chien s’y est mis). À force d’épuisement, devinez qui est tombée malade aussi ? Alors, entre quelques quintes de toux, j’ai réfléchi. Voilà le fruit de mes réflexions (un peu embrumées, peut-être, par la migraine).
Si ma journée d’octobre avait duré 48 h, je n’aurais pas non plus eu une seconde à moi.
Au lieu de corriger deux paquets de copies, j’aurais trouvé le moyen de préparer des cours supplémentaires ou un quizz de lecture, j’aurais pris rendez-vous pour le contrôle technique (ce rendez-vous qui ne pouvait pas attendre et qui, justement parce que ma journée ne faisait pas 48 h, a attendu), j’aurais sans doute fait du repassage pour rentabiliser ce surplus de temps.
Ce que je veux dire, c’est que le problème de mes journées n’est pas leur durée, mais ce que j’en fais.
Le temps qui passe et qui s’écoule toujours à la même vitesse, indépendamment de la perception que j’en ai, c’est immuable. La façon dont j’utilise le temps qui m’est offert, ça, je peux la changer !
Plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous peut-être. Pas tant que ça en fait ! J’ai mis en application le fruit de ces réflexions aux vacances suivantes.
Je savais que le vendredi qui précède les vacances de Noël serait pire encore que celui qui précède celles de la Toussaint, à moins de décider de changer d’attitude. Ce jour-là, donc :
- je n’ai pas corrigé de copies
- ma fille a déjeuné à la cantine (elle m’a remercié le soir, parce que la cantine c’est super chouette quand on a 4 ans et une mère psychorigide qui nous fait manger 5 fruits et légumes par jour)
- j’ai accueilli les aléas de la vie (soit, sans le dégât des eaux, c’était plus facile de cueillir le jour).
Alors, toi qui me lis peut-être tout en repassant, en remplissant le lave-linge ou en évitant de marcher sur les Lego répandus dans le salon, carpe diem !