Tu connais sûrement l’ESPT = l’état de stress post-traumatique, tu connais très certainement aussi le SPM = syndrome prémenstruel…
…mais es-tu, comme moi, sujette chaque année au SPV = syndrome pré-vacances ?
Alors que tu as organisé tes vacances depuis six mois et que tu ne devrais être que joie en pensant que tu vas retrouver la plage ou la montagne dans moins de dodos que tu n’as de doigts, tout à coup, chaque journée te semble plus difficile à surmonter. Et ton niveau de stress monte en flèche ! Alors que juin et sa liste interminable de fêtes, galas et kermesses, appartient enfin au passé, ta tête déborde encore plus de to-do lists !
Avant d’aller te prélasser au soleil, tu veux :
– Boucler tous tes dossiers au travail, pour ne pas les emmener dans ta tête et risquer qu’ils viennent prendre place sur ta serviette au moment où tu piques du nez (profitant du fait que ton Fabuleux est allé emmener les enfants acheter une glace).
– Démanteler entièrement ta montagne de linge, alors que les pulls d’hiver en forment toujours la base…
– Organiser une excursion shopping le samedi après-midi au début des soldes alors que tu es agoraphobe, pour que chaque enfant ait des tongs, un t-shirt anti-UV et un maillot de bain à sa taille, ainsi que des brassards, en sachant bien, comme chaque année, que tu ne parviendras jamais à les rapporter non crevés à la fin des vacances !
– Organiser une séance d’essayage pour toi ! Sortir toutes ces jolies robes qui attendent les vacances depuis aussi longtemps que toi et vérifier que vous êtes toujours raccord. En ranger certaines soigneusement, en espérant pouvoir enfin retrouver, l’an prochain, ta taille d’avant bébé (qui est maintenant scolarisé) ! En remiser d’autres avec la certitude que la mode est un éternel recommencement…
– Résoudre le paradoxe de ne rien oublier ET de fermer la valise.
– Régler en temps et en heure le solde de chaque location de l’été (logement, vélo, excursions qui nécessitent une réservation) avant qu’il ne te reste que tes arrhes pour pleurer.
– Pouvoir nourrir les enfants jusqu’au jour « J », ET débarrasser ton frigo de toute denrée périssable.
– Trier, ranger et nettoyer ta maison comme elle ne l’a pas été de l’année, parce que ce serait si agréable en rentrant.
– Aller chez le coiffeur et l’esthéticienne pour te sentir à la hauteur de tous ces corps qui te font rêver sur les réseaux depuis des semaines.
– Te mettre au sport intensif pour ces quelques jours qu’il te reste, car tu n’as pas besoin de cette bouée pour nager !
– Éventuellement, finir ton bouquin en cours pour en emmener un autre avec toi.
– Continuer à gérer tous les imprévus qui ne prennent pas de vacances… Au choix, ta voiture qui se met en grève, ton installation électrique qui fait des étincelles au moindre coup de vent alors qu’on t’avait jusqu’à présent assuré que les fils dénudés qui passent au-dessus de ta haie étaient « normaux » (c’est une histoire vraie !).
Tu peux continuer la liste avec ce qui te correspond…
Le SPV n’est pas une maladie contagieuse, tu peux très bien en être atteinte sans que tes proches soient touchés. Cependant, s’agissant d’une pathologie saisonnière, il est fort possible que tu ne sois pas la seule à en souffrir, sous ton toit ou au travail… D’où l’ambiance orageuse, malgré le grand soleil !
Le SPV s’exprime la plupart du temps sous forme de poussée, atteignant son pic la veille ou le jour de ton départ en vacances. Il est souvent d’autant plus virulent que les vacances sont longues et les précédentes, loin. Dans le SPV, comme pour une envie pressante de faire pipi, plus l’objectif se rapproche, plus tu patientes depuis longtemps, et plus tu vas avoir du mal à garder ton calme. Alors que tu sais bien qu’il est tellement plus efficace d’avoir confiance en toi (ou en ton périnée) et de respirer calmement, tu vas avoir le réflexe inverse et t’agiter dans tous les sens pour tenter de cocher ta to-do list interminable dont certains items ont été définis en janvier.
Alors, c’est grave docteur ?
On peut répertorier plusieurs traitements pour contrer les effets du SPV :
– Arrêter de prendre des vacances : solution radicale qui risque d’entraîner des effets bien plus néfastes… Je ne te fais pas un dessin.
– Te cacher dans ton cafoutche*, sous ton lit ou simplement sous ta couette jusqu’à l’heure du départ… La méthode est risquée : tu risques de passer des vacances à ruminer sur l’oubli de ton carnet bien-aimé, de cette jupe qui te va si bien quand tu as la peau bronzée, de tes baskets alors que tu as prévu une bonne marche. Tu risques aussi de passer des heures à chercher des tongs moches et horriblement chères que ton enfant ne remettra jamais, de te réveiller en pleine nuit pour te souvenir que ton message d’absence n’a pas été programmé. Cette technique est malheureusement vouée à l’échec, car on finira par te retrouver : dès que l’heure du repas va approcher, tes enfants vont te chercher tels des chiens de chasse et te débusquer !
– Identifier que c’est tous les ans la même chose et DÉCULPABILISER : tu n’es pas la seule, on est au moins deux.
– Respirer et te rappeler que tout va bien se passer, à partir du moment où tu te souviens que tout va imparfaitement bien se passer !
– Réfléchir à ton intention pour cet été : que veux-tu vivre ? Que seraient des vacances réussies pour toi ? Fixe-toi de petits objectifs atteignables et qui t’apporteront à coup sûr de bons souvenirs, comme de petits bonbons à déballer à la rentrée : faire un détour seule par la plage ou dans la colline en allant chercher le pain aux aurores, savourer un cornet chez ce succulent glacier, faire le plein d’odeurs et de couleurs dans les halles du marché, alors que la pluie bat son plein au dehors, ramasser des coquillages ou attraper des crabes avec tes enfants, lire une heure pendant la sieste des petits, visiter, même au pas de course, ce musée dont on t’a parlé.
– Te souvenir que tu mérites ces vacances, que tu aies rempli ou non tous tes objectifs et même, que ce sont ces vacances qui te donneront l’énergie de les boucler à ton retour !
– Souffler. Tu as encore un peu de temps avant le SPR (Syndrome Pré Rentrée) !
* Ce mot du registre familier désigne, pour les Marseillais et les Provençaux : un placard, un débarras, un réduit, un cagibi ou une pièce en désordre.
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Emilie-Anne.