« Réussir, ce n’est pas toujours ce qu’on croit.
Ce n’est pas devenir célèbre,
Ni riche ou encore puissant.
Réussir, c’est sortir de son lit le matin et être heureux de ce qu’on va faire durant la journée.
Si heureux qu’on a l’impression de s’envoler.
C’est travailler avec des gens qu’on aime.
Réussir, c’est être en contact avec le monde
et communiquer sa passion.
C’est se coucher le soir en se disant
qu’on a fait du mieux qu’on a pu.
Réussir, c’est connaître la joie,
la liberté, l’amitié et l’amour.
Je dirais que réussir, c’est AIMER… »
Romy Schneider
J’ai retrouvé dans un coin de mes notes cette citation que j’avais lue un jour sur un réseau social. Quête d’une vie, chimère, ou juste une question existentielle parmi d’autres…
Réussir, ou ne pas réussir, est-ce la question ?
En tous cas, c’est un terme qui revient souvent dans les interviews de célébrités et dans de nombreux ouvrages pour personnes ambitieuses : « Les clés de la réussite », « Comment réussir sa vie », …
Mais au fait, c’est quoi réussir ?
Que ce soit en tant que femme ou en tant que mère, dans ma carrière ou dans ma vie privée, qu’est-ce que ça veut dire ?
Et pourquoi cette notion vient me déranger comme ça ? Pourquoi je me sens mal à l’aise devant le succès des autres ? Réussir : qu’est-ce que ça veut dire pour moi, pour ma vie ?
J’aime m’inspirer de ceux qui sont allés loin dans la réalisation de leurs rêves, des leaders qui ont un impact dans leur génération, de ceux qui ont des choses à dire… et qui le disent. Même si ma démarche est de m’inspirer de parcours qui font écho à mes aspirations, je me suis souvent sentie nulle en regardant d’autres aller tellement plus loin que ce que je ne m’en sens capable. Parce que oui, je suis tombée dans le piège de la comparaison un million de fois — comme quoi, il ne suffit pas toujours de connaître le danger pour l’éviter…
Et toi, chère Fabuleuse, tu connais ce glissement aussi inconfortable qu’irrésistible vers ces gluantes pensées du genre « je n’y arriverai pas », « je ne suis pas à la hauteur », « ça a l’air facile pour elle, mais ça ne l’est pas pour moi et ça ne le sera jamais », etc. ?
En passant, je dédicace cet article aux fabricants de mouchoirs en papier sans qui je n’aurais pas survécu, c’est sûr.
Selon le Larousse, réussir c’est « avoir un résultat heureux, obtenir un succès, réaliser ses ambitions ». Quand je lis cette définition, il me semble flagrant que…
… la réussite est quelque chose de fondamentalement subjectif.
Mais alors pourquoi, dans ce domaine, ai-je la fâcheuse tendance à me focaliser sur le succès des autres pour fixer le curseur du mien ?
Je sais que ça a un chouïa à voir avec la confiance que j’ai en moi, en mes talents, en mon identité propre. Alors j’y travaille !
Et plus je m’accepte comme je suis, plus je peux me sentir libre et à l’aise avec mon propre succès.
Ça paraît simple, dit comme ça, mais je t’assure que j’ai sué pour me l’appliquer à moi-même… Mon succès ne sera pas celui de la voisine, et encore moins celui d’une célébrité. Et je m’en fiche. C’est ça, je m’en fiche — et c’est une des choses que je préfère à la quarantaine : m’en ficher. J’ai souri quand j’ai lu le mail d’une fabuleuse maman qui répondait ainsi à la question posée dans un mail du matin tout début janvier :
« Si je devais choisir un mot pour colorer mon année 2022, ce serait quoi ? M’en foutre. »
Et oui, c’est un objectif en soi, et pas des moindres !
Comme l’a écrit Sarah Bennett, co-auteur de F*ck l’estime de soi, manuel de survie quand on ne se sent pas à la hauteur, « nos défauts réels ou imaginaires ne nous empoisonnent pas autant que nos attentes, rendues déraisonnables par une société qui se rêve anesthésiée de toute douleur ou désagrément ».
Si je reformule un peu, ça peut donner ceci : le problème n’est pas qui je suis, mes qualités ou mes défauts, mais les objectifs disproportionnés que je me fixe quand je regarde trop les autres, et surtout ceux qu’on voit en haut de l’affiche. J’ai donc besoin de me regarder à nouveau dans le miroir et de me demander quels sont mes besoins, mes rêves, mes envies, fondamentalement et honnêtement.
Parce que ma réussite sera celle qui me fera me sentir bien, en phase avec moi-même.
Et ce, quel que soit mon but dans la vie — m’occuper à temps plein de mes enfants, faire le tour du monde en famille, organiser la fête des voisins tous les ans, apprendre à faire une mousse au chocolat digne de ce nom, devenir cheffe d’entreprise, élever des poules, créer une ONG, finir le maximum de journées sans hurler…
Nous savons bien que, dans la société en général,
les termes “réussite” et “foyer” sont rarement associés.
Et pourquoi ne le seraient-ils pas ? Toi-même tu sais, à l’intérieur de toi, tu les célèbres ces victoires, comme celle de ton petit bout qui fait ses premiers pas, ou celle que tu as remportée le jour où tout le monde dans cette maison a enfin compris qu’il fallait enlever ses chaussures dégueu à l’entrée ! Quelle satisfaction tu as pu ressentir dans ces moments-là ! Tu n’as jamais eu envie de sauter de joie en plein parc alors que ton mini-toi descendait tout seul le toboggan ? Ou de tirer un feu d’artifice quand ton ado mettait ses chaussettes sales dans le panier à linge sans que tu le lui demandes ?
Cette satisfaction que tu ressens en voyant ton enfant faire quelque chose que tu lui as appris, ou agir avec des valeurs que tu lui as transmises, tu peux appeler cela du succès ! Même si, dans la même journée, il a fallu ramasser les grains de riz un par un après qu’ils aient été répandus sur le tapis du salon pour une raison obscure, ou que la porte de certaines chambres ait claqué un peu trop fort à ton goût. Tu as obtenu « un résultat heureux, obtenu un succès, réalisé tes ambitions » (cf. définition du Larousse). Savoure cela en tant que tel !
Au-delà de ton foyer, la réussite peut aussi se trouver dans des choses qui ne sont pas socialement reconnues.
Et alors ? Là encore, si tu ressens de la satisfaction, si tu as atteint un objectif que tu t’étais fixé, célèbre ta victoire ! Place ton curseur là où bon te semble. Que tu veuilles traverser la rue ou gravir l’Everest, prépare le drapeau que tu planteras fièrement à destination !
Comme disait Romy, réussir c’est aimer.
Imagine toutes les opportunités qui se présentent à toi chaque jour en tant que maman ! Tu réussis quelque chose de grand et d’important à chaque fois que tu te regardes dans le miroir et que tu souris à ton reflet, à chaque fois que tu te pardonnes de ne pas avoir été la mère parfaite, à chaque fois que tu ris à la blague Carambar de ton enfant.
Tu réussis quand tu te couches le soir en te disant que tu as fait de ton mieux, que c’était avec amour et que c’est ça qui a fait une différence.
Je te laisse avec une autre citation, de Mère Teresa cette fois :
« Nous ne pouvons pas tous accomplir de grandes choses. Mais nous pouvons faire des petites choses avec un grand amour. »
* M.Bennett, S. Bennett, F*ck l’estime de soi, éd. Thierry Souccar, 2016