Regret maternel : est-il éternel ? - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Regret maternel : est-il éternel ?

Irène Dautrey 19 mars 2025
Partager
l'article sur


J’ai écouté il y a peu un podcast intitulé « Mal de mères », dans lequel deux femmes témoignaient de leur regret d’être maman. 

Ce sujet me renvoie à ma propre expérience de la maternité, que je n’ai pas vécue comme une évidence, du moins pendant une période qui fut pour moi un véritable « tunnel », quand j’ai « cumulé » en l’espace de quelques années trois enfants de moins de quatre ans, puis quatre de moins de six ans. 

Je l’ai ressenti, ce regret maternel.

Jamais jusqu’à l’exprimer clairement ni à l’assumer pleinement, puisque je me devais d’être « une bonne mère » comme les autres, heureuse et comblée. Après tout, comment peut-on à la fois mettre au monde quatre enfants si rapprochés, tout en regrettant de les avoir eus ? Contradiction absolue

Il serait long d’évoquer tout ce qui peut provoquer le regret maternel :

difficultés relationnelles avec sa propre mère, dépression post-partum, solitude, perfectionnisme… mais ce qui m’a semblé le plus universel en étudiant le sujet est le sentiment exprimé par les mères d’avoir perdu leur liberté.

Je l’ai expérimenté, ce sentiment de ne plus respirer, de me faire « vampiriser » par ces quatre têtes blondes, de ne plus exister, de ne plus savoir qui j’étais, de ne plus avoir de temps, de plaisirs, de désirs, de me fondre, de disparaître. Et je dois aux outils des Fabuleuses d’avoir tenu dans la tempête.

Comme j’en témoignais dans mon précédent texte sur le post-partum, il m’a fallu attendre que ma dernière fille atteigne l’âge canonique de trois ans pour commencer à sortir la tête de l’eau et profiter à nouveau de mes enfants. Néanmoins je ne suis pas de ces mères (mais existent-elles vraiment ?) pour lesquelles être avec ses enfants ne comporte « que du bonheur ».

Il me faut de l’air, de l’espace.

Cependant, je constate que la situation s’est améliorée et que cela tient à un fait très simple : mes enfants grandissent. 

Il y a quelques années, quand ils étaient tous en bas âge, tout mon espace mental était grignoté par l’hydre à trois têtes de l’organisation, de l’anticipation et de la logistique (et du temps qui file trop vite : ça fait donc une hydre à quatre têtes, un vrai monstre).

Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ?

Ma sagesse, mon expérience ? Que nenni. Ce qui a changé, c’est l’âge de mes enfants. Eh oui, ils ont grandi, ces chers petits anges. Et si les problématiques concernant leur éducation ne vont pas toujours en se simplifiant, je constate que ma propre autonomie s’élargit à mesure que la leur se développe. Je pourrais faire une longue liste des petites et grandes libertés que j’ai gagnées au fil du temps : refaire du sport, sortir le soir sans avoir à chercher une baby-sitter, partir en voyage scolaire avec mes élèves.

Je deviens plus indépendante, je m’autorise à les laisser en autonomie. Et je revis.

Par ailleurs, je peux maintenant avoir avec eux de grandes conversations, des fous rires fabuleux, des centres d’intérêts communs ; et cela correspond infiniment mieux à ma personnalité, moi qui n’ai jamais été une grande fana des bébés et des tout-petits, avec lesquels je m’ennuie vite.

Je peux donc affirmer aujourd’hui que si ce sentiment de regret maternel m’a habitée pendant un temps,

il ne définit pas mon expérience de la maternité. 

Chère Fabuleuse, qu’on se le dise : si tes enfants sont en bas âge, tu vis la période la plus intense de ta maternité, la plus prenante, la plus étouffante parfois. Tu te sens peut-être noyée, tu as perdu le plaisir d’être avec tes enfants. Tu regrettes parfois d’avoir perdu ta liberté, ton indépendance. Tu ne comprends pas pourquoi la maternité ne se résume pas, chez toi, à du bonheur pur. 

Je n’ai qu’un mot à te dire : patience.

Ces années difficiles vont passer. Un jour tu te rendras compte que tu respires de nouveau, que tu as sorti la tête de l’eau. 

Même si le temps qui passe n’est pas miraculeux, il te permettra à toi aussi de grandir, en même temps que tes enfants. 

Et de te retrouver.



Partager
l'article sur




Cet article a été écrit par :
Irène Dautrey

Mariée depuis 2013, je suis maman de trois garçons et d'une fille nés
entre 2014 et 2020. J’ai suivi avec passion un parcours littéraire et suis professeur d’histoire. Ayant commencé ma vie de maman à 21 ans, je me suis très tôt intéressée à la question du féminin et de la maternité, ce qui me conduit  à écouter et conseiller de nombreuses amies qui deviennent mamans à leur tour.

> Plus d'articles du même auteur
Les articles
similaires
La santé mentale, c’est prêter attention
Dans ma maison, il y a des objets qui aboient.  Sur la table de la cuisine, des Lucky-Luke, des tournevis,[...]
Coucher les enfants ou prendre l’apéro
Connais-tu le fameux supplice des fêtes de fin d’année ? Coucher un enfant récalcitrant pendant que tout le monde prend l’apéro[...]
Conception et réalisation : Progressif Media