Oui, que peut-on bien souhaiter pour 2021 ? J’avoue que depuis le début du mois, je suis un peu gênée. Car le ballet des traditionnels “Bonne année, bonne santé” est ouvert. On reçoit un mail ? “Bonne année”. On entre dans un magasin ? “Bonne année”. On décroche son téléphone ? “Bonne année”. Et sur les réseaux sociaux, pareil. Sauf que là, c’est la course à celui qui trouvera le post le mieux tourné, la story la plus inspirante. Bref, la phrase choc qui tordrait définitivement le cou à une année 2020 inscrite dans les annales comme annus horribillis.
Je me sens cernée.
Cernée par une injonction de formuler des vœux. Et même si dans la plupart des cas c’est juste une formule de politesse, je ne peux m’empêcher de ressentir une gêne. Ou plutôt, une inadaptation.
Honnêtement, je ne sais pas bien quoi souhaiter aux gens que je croise, dans la vraie vie ou virtuellement. Aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais aimé ce mois de janvier au cours duquel on doit présenter ses vœux à chacun. Est-ce lié à mon éducation, à ma personnalité qui a tendance à fuir les mondanités, les usages de politesse, pour se concentrer sur la relation vraie ?
Le mois de janvier n’a jamais été mon favori, voeux ou pas voeux.
Après un mois de décembre tourné vers la lumière de Noël et ses préparatifs, tout entier marqué par la joie, les odeurs de cannelle et l’odeur du vin chaud — mes racines alsaciennes ne sont pas près de s’évanouir —, janvier m’est toujours apparu comme terne, froid et largement trop éloigné du redoux printanier. Bref, un mois plutôt déprimant. Un mois marqué par les bonnes résolutions, aussi, un exercice que j’ai toujours eu en horreur, comme ma chère Rebecca Dernelle-Fischer : tout comme elle, je n’en prends pas.
Oui, mais bon, je ne suis pas tellement plus avancée. Que peut-on bien souhaiter, en ce début d’année 2021, après une année 2020 qui nous a tous éprouvés ?
Moi qui n’ai jamais raffolé du réveillon de fin d’année — d’ailleurs, il m’est bien souvent arrivé de passer cette soirée avec un bon bouquin sous la couette histoire d’oublier la date — que puis-je bien formuler comme voeu à ceux que je rencontre ?
- La santé ? Certains d’entre eux sortent à peine d’un Covid carabiné quand d’autres viennent de perdre un proche. Et ce seront peut-être eux les prochains à choper ce satané virus.
- La réussite ? Certains d’entre eux se battent tous les jours pour tenter de maintenir leur entreprise à flot après une année noire et celle qui commence ne laisse pas augurer d’une sortie de crise, à court ou moyen terme.
- La sérénité ? Certains d’entre eux paient les pots cassés d’une année confinée, marquée par la solitude, le repli sur soi ; d’autres se trouvent en pleine crise relationnelle — qu’elle soit conjugale ou familiale — d’autres encore sont carrément ressortis brisés intérieurement de ces confinements successifs.
Alors, non, vraiment, présenter mes bons vœux pour 2021, je n’en suis pas capable. Je n’ai pas les bons mots à disposition.
Mais comme j’ai profité de la période des fêtes pour finir la série The Crown, j’ai en ce moment une petite tendance élizabéthaine. Si l’année 2020 est qualifiée partout d’annus horribillis, quand la reine Elizabeth II utilise cette expression pour la première fois — en 1992 —, elle lance plus un appel à l’optimisme qu’une alerte. Le 24 novembre de cette année “terrible”, son discours témoigne d’une incroyable capacité de résilience et à aucun moment on ne sent de désespoir dans les formules qu’elle emploie. Lorsqu’elle prononce son discours, quatre jours après que le château de Windsor ait été touché par un terrible incendie, c’est avec la conviction que les jours meilleurs reviendront.
Alors je vais simplement laisser ce mois de janvier s’écouler tranquillement en distribuant des “Bonne année” de convenance en croisant mon facteur, lancer un sourire sincère à travers mon masque et puis surtout vivre un jour à la fois, avec un cœur ouvert aux autres et à leur situation, à l’humour, à la beauté qui est déjà là, ici et maintenant.
J’essaie, en ce début d’année, de garder une posture élizabéthaine de résilience en ayant la ferme conviction que le meilleur reste à venir. Alors parce que c’est toi, chère Fabuleuse, voilà ce que je te souhaite quand même pour 2021 :
- Des cafés en terrasse
- Des restos en amoureux
- Des soirées au théâtre en famille
- Des embrassades avec ta grand-mère
- Des après-midi au spa entre copines
- Des émerveillements à l’opéra
- Des fous rires au cinéma
- Des visites au musée
- Des week-end au camping
- Des apéros en grand comité
- …
Et toi, chère Fabuleuse…
Si tu commençais 2021 en prenant une pause et en rechargeant tes batteries ?