Dernièrement, mes grandes filles ont découvert la série Friends et aiment en regarder un épisode le soir avant le dîner. Parfois, je regarde avec elles, ou bien en passant je ris et je me souviens que moi aussi je regardais les aventures de ce groupe d’amis en trouvant Chandler trop chou, que Ross et Rachel devraient finir ensemble et que Phoebe était vraiment fêlée.
Et puis un soir, alors que je brossais les longs cheveux d’Emma tout en regardant la télé d’un œil, une scène m’a littéralement scotchée.
Au point que des semaines après, j’ai établi que cette scène se trouve à la saison 3, épisode 6, très précisément à la fin de la seizième minute. Monica, désespérée de ne pas avoir de petit ami, se demande si elle est si insupportable que ça. Et c’est alors que Chandler s’approche d’elle et lui explique : « Non t’as pas de copain parce que… Je sais pas pourquoi t’as pas de copain! ». Après un petit échange, il lui dit : « Viens-là », la serre dans ses bras et lui murmure :
« Tu es quelqu’un que j’adore »
Dans la traduction allemande, il lui dit même :
« Tu es une de mes personnes préférées »
J’ai longtemps repensé à cette scène.
C’est toute la tendresse de cet ami qui me bouleversait (oui, évidemment, je sais bien que ce sont des acteurs, que ce n’est pas la vraie vie… mais quand même !). J’ai pensé à beaucoup de mes amies, aux Fabuleuses aussi, à tant d’adultes qui se languissent d’avoir quelqu’un qui les serre dans leur bras et leur murmure :
« Viens-là, je te connais bien, je connais tes hauts et tes bas, mais tu es quand même une de mes personnes préférées sur cette terre ».
Quelqu’un qui dans nos moments de doutes, dans ces moments où l’on chipote avec nos blessures intérieures dans notre coin, quand on ne s’aime pas, quand on ne supporte plus notre situation, ces moments où l’on voudrait fuir, où l’on se reproche tout et rien… quelqu’un pour nous attraper, nous serrer tout contre son cœur, nous rappeler qu’on est unique, qu’on est aimée, qu’on a pas besoin de tout gérer, de tout réussir pour que quelqu’un nous dise :
« Tu es une de mes personnes préférées sur cette terre ».
Alors, j’ai envie d’écrire cet article pour les Fabuleux, pour les fabuleux conjoints, partenaires, amis… j’ai envie de leur dire : « Prends-la dans tes bras, dis-lui qu’elle est importante à tes yeux, que tu l’apprécies telle qu’elle est ».
- Prends-la dans tes bras et laisse-lui prendre un peu plus de couverture, dépose les armes, arrête d’argumenter, de comparer, de soupirer après le passé.
- Prends-la dans tes bras, même si parfois tu paniques d’y sentir sa faiblesse, même si tu as peur de ne pas avoir réponse à tous ses problèmes, même si les mots te manquent, même si ton estomac se noue.
- Prends-la dans tes bras, rappelle-toi qu’elle aussi, parfois, elle fait la forte mais qu’elle ne sait pas trop bien comment elle peut s’aimer, avec ses bugs, ses blocages, ses colères et ses ratés.
- Prends-la dans tes bras pour lui murmurer que tu penses toujours qu’elle est « une de tes personnes préférées ».
« Oui, mais non, me diras-tu, elle a changé, je suis tombé amoureux d’une autre femme à l’époque. Elle était légère, pleine d’humour, intéressée, elle s’occupait de moi, elle riait, elle sortait, elle avait de l’énergie, elle était comme le printemps…. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir la version « fanée », elle est fatiguée, aigrie, elle tourne et retourne dans sa tête l’argument de la charge mentale, elle me fait passer pour celui qui ne fait rien, elle ne me voit pas, elle me rappelle constamment ce qui ne va pas chez nous, elle argumente sans cesse ce qui va mieux ailleurs. »
- Prends-la quand même dans tes bras, rejoins-la dans votre présent commun.
- Prends-la dans tes bras, serre-la fort tout contre toi, sors un parapluie pour vous protéger de la pluie, des intempéries qu’ont amenées les événements de la vie.
Oui, elle a changé, oui tu as changé…
Elle est fatiguée, physiquement et nerveusement, elle trébuche sur ses attentes à elle, elle s’emmêle les pieds dans le piège de « chez les autres c’est mieux », elle a mis des lunettes grises parfois et elle ne respire plus que par soupir.
Alors prends-la dans tes bras, fais un pas en avant.
Oublie un peu le printemps, embrasse l’automne qui fait tempête autour de vous.
Les saisons changent.
Apprends à aimer cette femme que tu découvres face à la réalité de la vie de famille. Cherche, scrute, bats-toi pour l’aimer là, comme elle est, cheveux ébouriffés, cernes en prime, kilos attrapés à la naissance, hormones en puissance…
Prends-la dans tes bras, ta guerrière fatiguée, laisse-la sentir un instant que tu la connais maintenant autrement mais que tu l’aimes autant, que tu l’aimes encore et qu’elle reste une de tes personnes préférées.
« Par le câlin, on exprime son amour, son affection, sa tendresse. La sollicitude que l’on a pour l’autre, son estime, voire son admiration. Le message est sécurisant : on apaise, on dit à son partenaire que l’on est là, qu’il n’est pas seul ».
Céline Rivière dans La câlino-thérapie, une prescription pour le bonheur, page 55
Prends-la dans tes bras, et rappelle-toi que dans un couple, on ne joue ni au Stratégo ni aux échecs : tu ne gagneras rien à mettre la reine « échec et mat ».
Dans une famille, la pensée individualiste tue à petit feu le lien qui unit. Au fond, on est plutôt dans un jeu de collaboration démodé, acheté sur ebay et dont on a perdu le mode d’emploi. Un truc du style « on gagne tous ensemble ou on perd tous ensemble ».
Alors, prends-la dans tes bras, s’il te plaît, souvent, essaie, approche, même si elle te pousse en mode « petit animal blessé, apeuré, qui préfère sécher ses larmes en secret ».
Prends-la dans tes bras et rappelle-lui que tu préfères gagner avec elle que gagner seul. Prends-la dans tes bras et montre-lui que tu es là, écoute son soupir, ne le prends pas personnellement, ne dis rien pour solutionner les problèmes… et puis, quand tu auras compris le fardeau qu’elle porte sur ses épaules, partage-le avec elle. Tu ne dois pas le porter, mais vous pouvez porter à deux le quotidien de votre famille.
« Meurtri, le cœur risque d’avoir perdu ses repères, et dans sa fermeture, il ne reconnaît plus ce qui peut le sauver, lui redonner souffle et confiance. (…) nous craignons de recevoir ‘je me protège, on m’a fait trop de mal’. (…) Les barricades érigées sont fortes et puissantes. Elles coupent du monde, isolent.(…) Un câlin doit venir du cœur et véhiculer de l’amour. Il s’agit d’un échange : il faut être en mesure de le donner comme de le recevoir. »
Céline Rivière dans La câlino-thérapie, une prescription pour le bonheur, page 67-69.
Et à toi, chère Fabuleuse,
je souhaite d’avoir le courage de te laisser prendre dans les bras, de laisser les mots passer tous les barrages pour aller se loger dans ton cœur. Et je souhaite que ces mots, ces câlins grandissent et irradient dans ton quotidien :
« Je suis la personne préférée de quelqu’un, je suis aimée, je ne suis ni invisible, ni toute-puissante, ni de la merde, ni perdue, ni catastrophique, ni rejetée : je suis Fabuleuse ! ».