Ma vie de couple est tout sauf un long fleuve tranquille. Pour essayer de la décrire, j’aime particulièrement cette image évoquée par une de mes proches lorsque j’évoquais avec elle un énième drame conjugal (entendez conversation musclée avec option portes qui claquent) : celle du papier de soie et du papier de verre.
Dans certains couples, c’est papier de soie contre papier de soie. Pour d’autres, papier de verre contre papier de soie. Chez nous, c’est le combo gagnant : papier de verre contre papier de verre.
Papier de soie contre papier de soie, ça donne un couple généralement composé de deux personnalités plutôt “coulantes”, calmes et qui n’aiment pas le conflit. Les deux papiers de soie glissent l’un contre l’autre dans un mouvement doux et non abrasif.
Papier de soie contre papier de verre, ça donne un couple généralement composé d’une personnalité telle que décrite juste au-dessus, et d’une autre un peu plus “abrasive”, un peu moins “douce” et tranquille.
Chez nous, c’est donc papier de verre contre papier de verre : bref, quand ça clashe, ça râpe et ça décape. Chacun a tendance à camper sur ses positions, à ne rien lâcher…et ça fait pas mal de dégâts. Ou plutôt : ça a fait pas mal de dégâts.
Pendant longtemps — plusieurs années — les discussions musclées entre mon Fabuleux et moi se terminaient souvent de la même façon : visage fermé et silence pour lui, larmes et plaintes pour moi, quand ça n’allait pas carrément jusqu’à la nuit blanche. Le pire, je crois, fut cette soirée de prise de tête qui s’est terminée en queue de poisson : mon Fabuleux a fini par s’endormir — car les disputes n’ont pas le pouvoir de troubler son sommeil — et moi par sangloter sous la couette en espérant que mes longs soupirs et mes gémissements le réveilleraient.
Échec. Au réveil, cette phrase a achevé de me plonger dans le désarroi le plus total : “T’as bien dormi ?”
Mais ça, c’était avant.
Chère Fabuleuse, je ne vais pas te dire que je ne fais plus aucune ’insomnie à cause d’une conversation musclée, que les portes ne claquent jamais plus dans mon foyer, que le jour ne se couche plus jamais sur un désaccord non résolu. Je te rappelle que chez nous, c’est papier de verre contre papier de verre 🙂
Ce qui a changé, c’est que nous sommes désormais plus conscients du fait que certains sujets seront TOUJOURS explosifs, et que nous ne perdons plus d’énergie à vouloir à tout prix les résoudre.
Pourquoi ?
Parce que nous avons découvert une façon différente de dialoguer, qui n’implique plus d’avoir raison, de gagner à tout prix, mais juste de prendre conscience de ses sentiments et de ceux de l’autre.
Comment ça se passe ? Quand une situation explosive se présente, quand la pression commence à monter, j’essaie de faire preuve de curiosité et d’identifier ce qui se passe en moi.
Exemple : je rentre du boulot un peu tard, et je découvre un Fabuleux et deux enfants en pleine bataille de chatouilles…mais ni baignés, ni en pyjama, et le dîner n’est pas prêt.
- Réponse A : je reproche directement à mon Fabuleux de ne pas avoir fait grand chose. “Je rentre, les enfants sont encore habillés et le dîner n’est pas prêt. Mais à quoi tu penses ?”
- Réponse B : je prends sur moi, je me focalise sur le fait que mes hommes passent un bon moment et je me mets aux fourneaux ; tant pis, le bain, ça sera pour demain.
- Réponse C : un mix des deux. Je ne nie pas les sentiments négatifs qui m’habitent et je formule les choses ainsi : “Allez, assez joué : allez vous mettre en pyjama. Chéri, je prépare le dîner ou tu t’en es chargé ?”
La réponse C me semble la plus réaliste pour moi — je suis un papier de verre, ne l’oublions pas ^^ — mais aussi pour nous : je n’ai pas à faire à sa place.
Avec cette réponse C, il y a l’après-match : une fois les enfants couchés, je peux formuler à mon mari :
“Je me suis sentie frustrée en rentrant car j’ai eu l’impression qu’il restait encore beaucoup de choses à faire. Je sais que les enfants se sont bien amusés avec toi, mais j’ai eu l’impression de devoir endosser le rôle de la mère pénible et au service des autres : celle qui dit aux enfants de se mettre en pyjama et qui file en cuisine à peine rentrée.”
La réponse C implique de communiquer au niveau des sentiments. Celle qui implique de se demander : “Qu’est-ce que j’ai ressenti ?” Et de demander à l’autre : “Et toi, qu’as-tu ressenti ?”
La réponse C implique aussi de connaître suffisamment de vocabulaire émotionnel pour être pratiquée. “Je suis en colère”, devient :
- Je suis furieux/se
- Je suis en rogne
- Je suis écoeuré/e
- Je suis contrarié/e
Ce vocabulaire émotionnel permet une gradation, une progressivité, il rend un échange possible. Il est aussi particulièrement utile pour toutes ces fois où la seule option retenue est la une : quand je lâche que franchement, c’est abusé de n’avoir pas préparé le dîner ni mis les enfants en pyjama.
Cet outil du vocabulaire émotionnel permet de revenir, une fois la tempête passée — et les enfants couchés — sur la situation avec des mots plus ouverts rendant le dialogue possible :
“Écoute, quand je rentre du boulot et que je vois les enfants encore habillés et le dîner pas prêt, je me sens vraiment contrariée. J’ai le sentiment que les enfants se sont certes bien amusés mais que rien n’avance quand je ne suis pas là et que du coup j’ai le mauvais rôle. Est-ce que tu comprends ce que je veux dire ?”
Alors, ça n’est pas magique, mais c’est notre truc à nous, celui qui rend les choses un peu plus fluides et un peu moins explosives — en gros, un peu plus papier de soie et un peu moins papier de verre.
Et en général, on s’en sort grâce à pas mal d’ironie, d’humour et d’autodérision, parce que l’humour, c’est aussi notre “truc” à nous. C’est d’ailleurs ce qui nous permet de sortir assez facilement d’une discussion qui se situe dans le domaine des problèmes permanents. Tu sais, ces conflits qui reviennent assez souvent et que l’on tente par tous les moyens de résoudre ? Chez nous, c’est — entre autres ! — la question de la propreté de la maison et la gestion de l’agenda familial.
Ces problèmes sont ceux qui reviennent sans cesse sur le tapis, quoique l’on y fasse. Ces problèmes, le chercheur américain John Gottman les appelle les conflits insolubles. Après plus de 40 années de recherche sur les relations amoureuses entre hommes et femmes, les études qu’il a menées ont révélé que 69% des conflits sont insolubles dans un couple.
Selon Gottman, professeur de psychologie à l’université de Seattle, ce chiffre n’empêche pas les couples de vivre heureux. Alors, comment font-ils ? Ils apprennent tout simplement à vivre avec et à l’aborder dans la bonne humeur. Gottman, qui a créé un laboratoire afin de mener une recherche approfondie sur les mécanismes du mariage et du divorce, dit :
« Il n’est pas obligatoire de résoudre les conflits conjugaux les plus importants pour vivre heureux en ménage. Le principe essentiel est de toujours mettre de la bonne volonté lorsque vous gérez vos problèmes de couple. Parfois cela résoudra votre problème, parfois pas. Mais parce que vous avez pris le temps d’en parler et que votre amour l’un pour l’autre est toujours présent, alors votre couple évitera d’être submergé par des sentiments négatifs.
Les couples émotionnellement intelligents savent intuitivement que les divergences font inévitablement partie de la relation, tout comme les problèmes de santé physique apparaissent lorsqu’on vieillit.
On ne peut pas lutter contre cela, mais on peut utiliser des stratégies et des habitudes qui permettent de vivre avec. »
Notre stratégie, notre truc à nous, c’est la réponse C : communiquer le plus possible au niveau des sentiments et ajouter un bonne dose d’humour et d’autodérision.
Tu aimerais trouver ton truc à toi, votre truc à vous, qui vous permettrait, toi et ton Fabuleux, d’éviter les portes qui claquent et les nuits blanches ?
Chère Fabuleuse, mon petit doigt me dit que le module du Village consacré au couple est fait pour toi ! Il y est question de mieux communiquer pour mieux aimer et construire une relation plus sereine, grâce à des outils tout simples et faciles à ancrer dans ton quotidien tel qu’il est aujourd’hui, et non pas tel que tu le rêves.
Grâce à ce module du Village, tu t’offres l’occasion de construire la vie de couple à laquelle tu aspires : une vie de couple plus riche parce que plus respectueuse des fonctionnements et des sentiments de chacun.