« C’est drôle avec ce coronavirus, nous sommes confrontés à ce que nous fuyons toute l’année : se retrouver à la maison avec nos enfants ! », plaisante mon mari. C’est vrai, il y a de quoi de rire…si nous n’avions pas tous une petite boule secrète de peur au fond du ventre. Plus que jamais, tout le sens de notre démarche – celle des Fabuleuses au Foyer – prend ici sens.
Peut-être pouvons-nous même nous targuer d’avoir su anticiper la tendance. Le grand retour au foyer, c’est aussi concevoir et créer celui-ci comme source de joie, de solidarité et de créativité…en dépit de toutes ses contraintes, ses corvées, nos mauvaises humeurs, mari qui boude et autres enfants qui hurlent (parce que c’est ça aussi, le foyer !).
Pourquoi nous ne sommes pas en guerre
Oui, il est vrai que le virus rode, que tout notre personnel soignant mène un combat formidable quotidien et que chaque malade est engagé pour retrouver sa santé.
Mais l’idée de guerre insinue un ennemi, ce qui est utile pour faire front commun mais pas forcément pour comprendre la période que nous vivons. C’est une autre manière d’envisager le vivant qui nous est demandée.
Un texte de Sophie Mainguy, médecin urgentiste, circule actuellement sur le net et il l’explique très bien :
« Il n’y a pas besoin d’une idée systématique de lutte pour être performant. L’ambition ferme d’un service à la vie suffit. Il n’y a pas d’ennemi. Il y a un autre organisme vivant en plein flux migratoire et nous devons nous arrêter afin que nos courants respectifs ne s’entrechoquent pas trop. Nous sommes au passage piéton et le feu est rouge pour nous.(…)
Notre corps et notre immunité aiment la vérité et la PAIX. Nous ne sommes pas en guerre et nous n’avons pas à l’être pour être efficaces. Nous ne sommes pas mobilisés par les armes mais par l’Intelligence du vivant qui nous contraint à la pause. Exceptionnellement nous sommes obligés de nous pousser de côté, de laisser la place. Ce n’est pas une guerre, c’est une éducation, celle de l’humilité, de l’interrelation et de la solidarité. »
Pourquoi nous ne sommes pas en prison
De la même façon, il n’y a pas de loup dans nos bergeries. Il ne s’agit pas de se retrancher dans nos maisons, de se regarder en chiens de faïence et déjà d’anticiper (craindre ?) les agacements mutuels. Certains se plaisent à évoquer la hausse des divorces en Chine après la quarantaine. D’autres n’en peuvent déjà plus de jouer aux institutrices. D’autres encore se gaussent du télétravail :
« Facile pour ceux qui n’ont pas d’enfants ! »
Car vous en connaissez beaucoup d’enfants-plantes qui restent sages comme des images pendant que vous travaillez tranquillement ? (Pour ma part, je suis en train de faire un puzzle licorne et princesse tout en écrivant cet article…- et encore, j’ai de la chance, c’est une activité calme !)
Pour autant, nous ne sommes pas punis, ne l’oublions pas ! Nous avons perdu notre liberté physique, nos vies d’avant mais, d’une part, c’est provisoire. D’autre part, cela nous confronte à qui nous sommes vraiment, à nos engagements. Que nous ayons choisi la solitude ou la vie de famille. Ce qui nous est demandé, c’est de l’assumer pleinement et d’embrasser la vie que nous nous sommes choisie ou construite envers et contre tout. Oui, c’est parfois difficile. Le courage est justement dans cette traversée.
Et par respect pour les soignants, effectuons cette traversée avec courage et engagement.
Autour de moi, les cellules familiales se métamorphosent et révèlent une autre vérité, plus enfouie peut-être. Des familles décomposées se recomposent le temps du confinement, le partage des tâches se fait plus équitablement dans la maison, la charge mentale se décharge. Grande nouvelle !
Vous n’êtes plus la seule à être fabuleuse !
À chacune (et à chacun) de redéfinir son rôle, de trouver une meilleure place et de révéler la fabulosité qui est en elle (et en lui !). Rappelons-nous les mots de Sophie Mainguy : ce n’est pas une prison, « c’est une éducation, celle de l’humilité, de l’interrelation et de la solidarité ».