Mon astuce pour ne plus passer à côté de ma vie - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Mon astuce pour ne plus passer à côté de ma vie

femme qui tient un sablier dans sa main
Marie Lucas Leborgne 25 juin 2023
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La vie, comme le temps, file entre nos doigts, bien souvent sans que nous ayons le temps de l’apprécier.

Être mère faisait partie de ma définition d’une vie réussie, mais je passe pourtant le plus clair de mon temps à attendre que le temps passe, parce que plus tard, ça ira mieux. Et un jour, on se retourne sur sa vie, et on se rend compte qu’on a oublié de la vivre vraiment. Mais comment faire ? N’est-ce pas la structure même du temps qui fait que le présent est presque insaisissable, et qu’au moment où j’essaye d’en profiter, il n’existe plus, puisqu’il est passé ? 

Tout ce que je vis est transformé en passé.

C’est le paradoxe du temps dont parle le philosophe saint Augustin, dans son livre des Confessions : « il y a deux temps, le passé et l’avenir ; mais que sont-ils, puisque le passé n’est déjà plus, et que l’avenir n’est point encore ? Quant au présent, s’il était toujours présent, s’il n’allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l’éternité ». Le passé n’est plus, le futur n’est pas encore, et le présent est à chaque instant englouti dans le passé. Le constat est légèrement déprimant.

En gros, je passe ma vie à organiser mes vacances ou à trier mes photos de celles d’avant…

mais ai-je vraiment vécu mes vacances ? Comment vivre le présent, s’il est en permanence passéifié, transformé en quelque chose qui n’est déjà plus ? Si seulement je pouvais arrêter le temps, pour profiter du présent, ou si j’avais au moins un sablier à retourner le temps ! Vous vous rappelez de cet instrument génial utilisé par Hermione Granger au tome III de la saga d’Harry Potter ? Il suffit de glisser la chaîne du sablier autour de son cou, de retourner le sablier, et hop ! On retourne dans le passé. Ah ! Ce serait génial. Je pourrais revivre à volonté les choses passées (plaisantes, si possible), en laissant aux oubliettes les moments les moins fun de ma vie. Je pourrais ainsi sélectionner les meilleurs moments de mon week-end, et le revivre tranquillou en sirotant ma bière tisane du soir. 

Scoop : nous avons tous un « Sablier à retourner le temps » en nous.

Pourtant, nous oublions la plupart du temps de l’utiliser. Une majorité d’entre nous ne sait même pas qu’elle l’a en sa possession. Nous avons en nous la capacité, au moment où nous le désirons, de revivre tout ce que nous avons déjà vécu. Autrement dit, nous pouvons sortir le passé du passé et le rendre présent. Je parle de… notre mémoire, bien entendu ! La mémoire est cette faculté incroyable qui me permet de me replonger dans le passé. Mais pas comme des photos ou comme un film, qui ne me montre que des choses qui ne sont plus. Non, la mémoire c’est bien mieux que cela. Ce n’est pas le passé, c’est la faculté de rendre présent ce qui est passé.

Eh oui ! La belle Elsa, alias la Reine des Neiges, se fourre le doigt dans l’œil, quand elle chante à pleins poumons que « le passé est passé ! ». Car nous sommes des êtres doués de mémoire, et si nous l’utilisons, alors… le passé est présent ! 

La mémoire est en effet l’écrin dans lequel le passé est conservé en nous.

Ce n’est pas juste un disque dur interne, comme la mémoire de mon ordi, qui stocke des données. Il suffit que je me tourne vers elle, que je me plonge dans un souvenir pour le revivre. Se souvenir activement, au fond, c’est faire l’expérience de la « gratitude attitude » dont parle souvent notre chère Hélène Bonhomme. La gratitude, c’est la capacité que j’ai de me plonger dans ma mémoire pour y saisir tout ce qui peut être source de réjouissance.

Ré-jouissance, au sens étymologique, c’est jouir une nouvelle fois.

Lorsque je fais l’effort de me souvenir de quelque chose, dit encore le philosophe Augustin, « j’entre dans les domaines, dans les vastes palais de ma mémoire », où sont enfermés les trésors de tout ce que j’ai vécu. En me souvenant, je peux à nouveau sentir le parfum des roses de la dernière fête des Mères, ou l’odeur de nourrisson de ma petite fille, qui est celle de mon propre lait, et qui me fait chavirer le cœur. Je peux à nouveau voir le sourire espiègle de mon fils, ou percevoir sa tendresse. Tout ce qui est passé n’est pas passé, à condition de se souvenir de manière proactive. La mémoire est un palais magique : plus je m’y rends pour en contempler les trésors, plus le palais s’agrandit et plus les trésors s’amassent facilement. 

Être capable de se souvenir pour arracher ce qui a été du passé, pour le rendre présent, cela suppose de l’entraînement.

Les souvenirs ne sont d’abord que des impressions fugaces. Il faut prendre le temps de s’arrêter sur un souvenir, de s’en remémorer les détails, les odeurs, les sons. Plus je fais l’expérience de revivre un souvenir en me penchant sur la mémoire, plus ces souvenirs deviennent vifs et m’habitent durablement. Plus je me rends dans mes souvenirs, plus ils sont arrachés au passé pour être présents. La mémoire, c’est comme un musée. Plus on le fréquente, plus on le dépoussière, plus on y organise des expos temporaires, plus le musée est attractif. De même, c’est en me penchant sur le passé conservé en moi qu’il garde quelque chose de neuf, qui au présent me ré-jouit. 

Les bénéfices de faire revivre ainsi nos souvenirs sont triples : 

1. Plus je me souviens, plus le passé est présent, moins j’oublie

2. Plus je me souviens, plus je me ré-jouis, et je revis à volonté toutes les petites joies de ma vie. Cela me permet de prendre conscience de ce que ma vie a déjà de beau. Le bonheur est ainsi à portée de main, puisqu’il suffit que je me rende dans mon palais intérieur pour goûter à nouveau à ces moments incroyables.

3. Et plus je me souviens, moins je passe à côté de ma vie : je collectionne chaque élément présent comme un trésor que je place en évidence dans le « palais de ma mémoire ». En me rendant souvent dans mes souvenirs, ajoute Augustin, « je me rencontre moi-même ».

Et toi, chère Fabuleuse, prends-tu le temps d’utiliser ton propre « sablier à retourner le temps »,

ce fabuleux pouvoir magique qui te permet de te ré-jouir, et de ne plus laisser filer ta vie sans avoir pris le temps d’en goûter les joies ? Te rends-tu souvent dans le « palais de la mémoire », pour y contempler les trésors amassés ? Te souvenir de manière proactive, c’est te donner la chance de cueillir sur le bord de la route toutes les joies de l’existence, autant de fois que tu le veux. Si cela t’aide, tu peux écrire chaque jour les ré-jouissances que tu trouves dans ton palais intérieur ! Progressivement, tu verras qu’il s’agrandit pour devenir une immense cathédrale solide, qui tient bon, même quand les temps sont plus durs.



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Cet article a été écrit par :
Marie Lucas Leborgne

Professeure agrégée de philosophie et mère de trois enfants, elle vit actuellement à Compiègne. Mère et prof à temps plein, quand il lui reste du temps libre elle continue ses recherches sur le corps féminin en philosophie. Et à ses heures perdues, elle écrit de la fiction jeune adulte. 

Elle a à coeur de porter sur les questions chères aux Fabuleuses un regard philosophique et concret, inspiré de ses lectures et de ses propres questionnements.

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