Mes doudous de maman - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Mes doudous de maman

Cécile Guittier 17 février 2025
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Je rangeais le panier à jouets du salon quand je suis retombée dessus. Tout émue, je tiens entre mes mains cette brosse à poils soyeux qui a effleuré la tête de mes bébés. Elle a atterri ici, au milieu des poupons à l’odeur vanillée et des petits vêtements tricotés par Grand-mère. Elle ne brosse rien du tout, coiffe à peine trois cheveux et pourtant, contre tout entendement, je l’adore. 

Il me suffit de caresser les poils de la brosse pour retrouver la tendresse infinie avec laquelle j’ai coiffé mes garçons,

pour me souvenir du regard émerveillé d’amour que j’ai posé sur leurs visages parfaits, pour sentir à nouveau le parfum animal de leur crâne fragile. 

Dans le contact avec les cheveux fins de mes enfants tout juste sortis de mon ventre s’est opérée une magie, un enchantement toujours présent dans le bois de cette brosse. Comme si le coup de foudre s’était cristallisé dans les nervures du bois clair, comme si les poils de chèvre gardaient en mémoire le torrent d’amour déversé à l’instant de la rencontre avec mes enfants.

Je repense alors aux autres objets de ma vie de maman. Mon regard se pose sur la petite lampe de chevet.

Je l’ai reçue en cadeau pour mes vingt ans, mais c’est à mes trente-trois ans qu’elle a vraiment gagné ses lettres de noblesse.

Il s’agit d’une élégante lampe en fer forgé munie d’un abat-jour en toile écrue qui a couvé de sa lumière tamisée les nuits à allaiter, soigner, cajoler mes petits, guetter leur bonne respiration. 

Elle éclairait juste ce qu’il faut :

pas assez pour m’empêcher de me rendormir après un énième réveil nocturne, mais suffisamment pour retrouver mon tube de lanoline ou pour changer une couche. 

Elle pourrait témoigner des heures tendres à cajoler mes nourrissons et de l’épuisement béat d’une jeune maman débordant d’hormones.

Elle a vu mon corps changer, se charger de vie et de lait.

C’est dans sa lumière chaude et diffuse que mes bébés ont trouvé mon sein.

Désormais elle décore mon salon et je l’allume tous les soirs dans un sourire de connivence, comme si j’avais rendez-vous avec une vieille copine qui me connaîtrait mieux que quiconque. 

Un dernier objet me vient en tête.

La petite couverture en laine grise, tricotée avec amour par ma mère, doublée de jersey avec autant d’amour par ma belle-mère. Nous la nommons « couverture des grands-mères » en hommage attendri à ces deux femmes qui ont uni leur élan créatif pour cajoler à distance leur petit-enfant. C’est une couverture d’une beauté irrationnelle : douce, parfaitement exécutée, mais rapidement beaucoup trop petite. Pourtant, je ne pourrai jamais me résoudre à m’en défaire. Mes bébés se sont lovés dans ce concentré de tendresse dès leur premier jour. La laine duveteuse a caressé leur peau encore diaphane. 

Cet enveloppement magique de protection grand-maternelle fut tricoté une maille à l’endroit pour l’amour, une maille à l’envers pour le bonheur,

formule répétée 12 000 fois par les doigts enchantés de ma mère ; puis cousue à petits points de tendresse infinie par la main attentive de ma belle-mère. À elle seule, cette couverture constitue une ode à l’amour, un hymne à la joie de la rencontre avec un être unique, une symphonie de mots tendres chantés à l’unisson par les aïeules, comme autant de notes de bénédiction pour l’enfant nouveau-né.

Je pourrais citer les pyjamas de naissance, la boîte à musique dont je me surprends à fredonner la mélodie lancinante quand je cuisine. Je pourrais te parler, chère Fabuleuse, de ce lange aux couleurs passées par les innombrables lessives, ou de ce biberon de verre à col étroit, modèle old school, avec des petites vaches et des poussins. Je n’arrive pas à m’en séparer : ce sont ces vaches et ces poussins sur lesquels mes enfants ont posé le regard pendant de longues minutes, en tétant goulûment leur lait !

L’amour d’un enfant relève du sacré,

de l’indicible, du transcendant. Mes enfants grandissent, et je ressens beaucoup de gratitude envers ces objets qui matérialisent pour toujours en mon cœur ces heures aussi précieuses qu’ordinaires, ces instants enchanteurs qui bâtissent une enfance remplie d’amour.

Il y a les objets qu’on garde pour nos enfants plus tard,

comme les vêtements de naissance, les bavoirs joliment brodés, ou la première paire de chaussons en laine. Mais je garderai pour moi la lampe, la brosse, et le biberon ! 

Et toi, chère Fabuleuse, quels sont les objets qui font vibrer ton cœur de maman ?



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Cet article a été écrit par :
Cécile Guittier

Maman de deux garçonnets et ancienne villageoise, Cécile chemine jour après jour vers une expérience de la parentalité plus apaisée et épanouissante. Agrégée d'anglais reconvertie en coach en prise de parole en public, elle accompagne les femmes à prendre confiance dans leur anglais oral pour faire rayonner leur parole et booster leur carrière.  

Parce que le partage et la transmission font partie de son ADN, elle écrit avec joie des textes pour les Fabuleuses qui lui ont changé la vie ! www.lesgrandeslignes.fr

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