Memento mori - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Memento mori

memento mori
Hélène Bonhomme 27 septembre 2025
Partager
l'article sur


La règle de saint Benoît conseillait d’« avoir chaque jour la mort devant les yeux ». Certains moines médiévaux gardaient même un crâne posé dans leur cellule, non pas pour se complaire dans la tristesse, mais pour se rappeler la vérité essentielle :

Memento mori — souviens-toi que tu vas mourir.

Oui, c’est un peu glauque pour attaquer le week-end. Pourtant, il n’y a rien de plus vivifiant que de se souvenir que notre vie a une fin. Memento mori n’est pas une menace, mais un appel à la vie ! Quand je sais que mes jours sont comptés — que ma mort viendra dans trente ans ou peut-être dans trente minutes — alors je prends conscience de la valeur infinie de mon aujourd’hui.

Cette pensée n’est pas un fardeau, elle est une invitation :

celle de vivre pleinement, de ne pas remettre à demain la gratitude, la tendresse ou la joie.

Dallas Willard écrivait que la mort ne fait que sceller la trajectoire que nous avons choisie de notre vivant. C’est une phrase qui m’habite, parce qu’elle me rappelle que personne ne devient soudain, à 80 ans, une personne douce, joyeuse et reconnaissante. Pas plus qu’on ne devient subitement amer, manipulateur ou empoisonné pour son entourage.

Toi et moi, nous sommes déjà en train de devenir cette femme de 80 ans, à travers nos pensées, nos paroles, nos habitudes quotidiennes.

Memento mori : souviens-toi que chaque décision d’aujourd’hui détermine qui tu deviens.

C. S. Lewis le dit avec des mots encore plus tranchants : « Nous devenons soit des horreurs immortelles, soit des splendeurs éternelles. » Et cette perspective me fait réfléchir : chaque réaction de colère ou de patience, chaque mot qui encourage ou qui blesse, chaque habitude qui nourrit mon cœur ou l’assèche… tout cela, petit à petit, sculpte la personne que je suis en train de devenir.

Je l’ai vu de mes propres yeux.

Ma grand-mère, orpheline de père à 8 ans et de mère à 12 ans, veuve à 47 ans, marquée par la pauvreté, la persécution nazie et le cancer, aurait pu devenir une femme aigrie, recluse dans la plainte. Mais elle a choisi une autre vie. À 87 ans, elle est l’une des personnes les plus joyeuses et reconnaissantes de mon entourage.

Elle qui aurait eu mille raisons de se renfermer, elle a choisi la gratitude et la joie, encore et encore. Elle me rappelle qu’on ne contrôle pas tout ce qui nous arrive, mais que nous gardons toujours une part de liberté dans la manière dont nous répondons.

Memento mori : la vie est courte, mais nous restons libres de la façon dont nous allons la traverser.

Alors laisse-moi te poser une question un peu inconfortable : qu’aimerais-tu qu’on dise de toi le jour de tes funérailles ?

L’écrivain David Brooks distingue les « vertus du CV » et les « vertus de l’éloge funèbre ».

  • Les premières concernent nos compétences et nos réussites visibles : diplômes, carrière, talents.
  • Les secondes parlent de ce qui restera dans la mémoire des autres quand nous ne serons plus là : notre bonté, notre honnêteté, notre fidélité, notre générosité.

Brooks observe que, bien que nous sachions toutes que les vertus de l’éloge funèbre sont plus précieuses, nous consacrons une grande part de notre énergie à développer celles du CV.

Et pourtant, le jour de nos funérailles, il sera bien clair que ce n’est pas notre carrière qui nous définit, mais la qualité de nos relations, la trace laissée dans le cœur de nos proches, la paix ou l’amertume que nous aurons semée autour de nous.

Alors aujourd’hui, sans rien bouleverser d’extraordinaire, nous pouvons cultiver les vertus qui demeurent. Avec un sourire, un merci, un mot de pardon, une poignée de main, un acte de courage.

Ces petites choses, accumulées jour après jour, façonnent déjà la femme de 80 ans que tu deviendras, et elles tissent la mémoire que les autres garderont de toi.

Memento mori. Souviens-toi que ta vie est courte, et c’est justement pour cela qu’elle est précieuse.

Tu n’as pas besoin d’un crâne sur ta table de nuit. Mais peut-être d’un petit rappel, sur la porte du frigo ou le miroir de la salle de bains : « Souviens-toi que tu es en train de devenir quelqu’un. »



Partager
l'article sur


LA NEWSLETTER DES FABULEUSES
Rejoins une communauté
de Fabuleuses mamans
Les aléas de ta vie de maman te font parfois oublier la Fabuleuse qui est en toi ? Comme 150 000 mamans, reçois chaque matin ton remontant spécial maman qui te fera rire, pleurer et réfléchir. La petite attention quotidienne idéale pour prendre soin de toi, et te souvenir à quel point tu es Fabuleuse. Alors rejoins-vite notre communauté de mamans qui ont décidé de prendre soin de leur santé émotionnelle, on n’attend plus que toi ! En plus, c’est entièrement gratuit !


Cet article a été écrit par :
Hélène Bonhomme

Fondatrice du site Fabuleuses au foyer, maman de 4 enfants dont des jumeaux, Hélène Bonhomme multiplie les initiatives dédiées au bien-être des mamans : deux livres, deux spectacles, quatre formations, la communauté du Village, une chronique sur LePoint.fr et un mail qui chaque matin, encourage plusieurs dizaines de milliers de femmes. Diplômée de philosophie, elle est mariée à David et vit à Bordeaux.

> Plus d'articles du même auteur
Les articles
similaires
Conception et réalisation : Progressif Media