25 semaines,
on me le répète et je comprends, je comprends qu’il est trop tôt, que ce n’est pas le moment. Le temps m’échappe et tous les calculs s’enchainent dans ma tête. Comment te retenir ? Comment t’empêcher de venir ? Mon corps ne m’appartient plus.
J’ai le sentiment de l’avoir perdu, perdu entre tes mains. J’ai peur, peur de t’avoir fait du mal, de ne pas avoir su t’aimer, mais surtout peur que tu m’échappes.
À la lueur de cette chambre, je comprends qu’il y aura un avant et un après cette nuit. Tous ces projets, toutes ces choses imaginées, ce temps passé à te parler, te sentir bouger sous mes doigts : tout cela ne sera plus vrai ou du moins pas comme je le voulais.
Les jours s’enchainent dans l’incertitude, le besoin de pleurer et crier dans mon cœur combien je ne peux rien, combien je suis faible et combien j’ai besoin que tu me viennes en aide.
J’avais entendu dire que la maternité implique cette notion de sacrifice et aujourd’hui, je le vis. Oui, je te sacrifie mon temps et mon corps, ce même corps que j’ai tant contrôlé jusqu’ici.
Mais, pour autant, suis-je déjà maman ?
Ta maman ?
Toutes ces heures allongées me rappellent à quel point je t’aime et tout ce que je suis prête à vivre pour toi et surtout : RENONCER.
Mais au fond n’est-ce pas ça, l’amour ? Savoir renoncer à « moi » pour « toi » ?
Je sais que, dans quelques temps, tout cela sera oublié. Le jour où je t’aurai, serrée contre moi, alors toutes ces heures me paraitront si courtes et si vite envolées.
Je crois – non, au fond de moi, je sais – que la peur de te perdre ce jour-là m’a fait pleinement entrer dans ce qu’on appelle la maternité. Oui, car désormais, les nuits ne seront plus aussi paisibles qu’elles l’étaient, les journées et les années seront empreintes d’une inquiétude souvent irraisonnée.
Mais malgré tout c’est le cœur en paix que j’entre dans cette nouvelle saison de ma vie.
J’ai lâché prise, c’est décidé, je fais ma part et le reste ne m’appartient plus.
Cet article nous a été envoyé par une fabuleuse maman : Mélanie Reydel